La route, le Litmus Test du Changement

Pour pouvoir franchir avec éclat A Bridge to The Future, titre évocateur et teinté d’espoir du programme gouvernemental de l’Alliance du Changement, il faut à coup sûr prendre la route, surtout une jonchée de décisions courageuses, et bien des fois, peze nene bwar delwil. Choix inéluctable.

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Loin de là, la préoccupation du jour. Tout simplement pour s’attarder sur un état des lieux vécu au quotidien par tout un chacun. Que l’on soit enfant ou faisant partie du troisième âge, professionnel aguerri ou chômeur, homme aussi bien que femme, l’on doit se déplacer chaque jour. Et pour diverses raisons. Démarche inévitable.

Mais les seules occasions où la route s’installe au cœur des salons ou encore s’inscrit en filigrane dans l’angoisse nationale sont quand surviennent des accidents, avec des conséquences effroyables. Ainsi, ce ne fut nullement une surprise de voir deux ministres de la République, en l’occurrence ceux de l’Éducation et du Transport, Mahend Gungapersad et Osman Mahomed respectivement, monter au créneau en début de semaine dernière.

La raison : un autobus assurant le transport scolaire, bondé d’élèves, était impliqué dans un accident de la route. Face à cette insécurité routière, ils proposent un code de conduite pour les chauffeurs de bus. Est-ce la réponse attendue aux désordres sur la route ? Un chauffeur d’autobus, avec en moyenne la sécurité d’une soixantaine de personnes entre ses mains à chaque instant, n’est-il pas soumis à un régime plus strict pour l’obtention de son permis de conduire du côté de la Traffic Branch ? Et la National Land Transport Authority (NLTA), la vache à lait du transport routier, avec une panoplie de permis, n’a-t-elle pas son mot à dire en termes de code de conduite pour cette catégorie d’employés ? Dans la conjoncture, est-ce la priorité de deux membres du gouvernement de venir de l’avant, à grand renfort de tambours et trompettes, en Prime Time ?

Le State of the Economy s’appesantit sur le cancer de l’endettement public. Mais l’une des raisons derrière le poids de la dette par tête d’habitant réside dans des investissements massifs dans le réseau du métro desservant le corridor urbain entre Curepipe et Port-Louis, avec un ambitieux crochet jusqu’à Côte-d’Or, pour satisfaire un ego politique surdimensionné sous le précédent gouvernement.

Investissements initiaux de Rs 18,8 milliards sous une ligne de crédit de l’Inde, avec des contracteurs de la Grande Péninsule exécutant le contrat. Kas-la sort dan pos drwat, li rant dan pos gos. Ranboursma Loan-la, dans ce que nous appelions dans le temps rant dan pos kokin, sans aucune intention de verser dans le péjoratif.

À ces Rs 18,8 milliards de dettes viennent s’ajouter Rs 300 millions de pertes opérationnelles chaque année sur le réseau exploité. Teething problems, dira-t-on. Mais Metro Express Limited a-t-elle tenu ses promesses ? Son ex-CEO, qui a préféré abandonner le navire en plein naufrage financier, ne se targuait-il pas d’opérer un Game Changer à Maurice, avec l’ambition déclarée de mettre en place un alternative mode of transport et, surtout, d’encourager more citizens to make use of alternative, sustainable forms of transport ?

Et le métro avait été présenté sous cette enseigne de décongestion routière, soi-disant une incitation moindre à avoir recours au mode de transport privé. Néanmoins, en circulant aux heures de pointe sur les principales artères du pays, le conducteur d’un véhicule, voire le simple usager de la route, a-t-il l’impression que la circulation est plus fluide qu’avant les Rs 18,8 milliards investies dans Metro Express Ltd ?

En dépit du confort offert par le métro, le Mauricien préfère davantage le luxe de sa voiture personnelle. Est-il surprenant d’apprendre que pour les deux premiers mois de cette année, les plaques d’immatriculation neuves ont déjà franchi la barre des 3 000, soit en avance de deux mois sur la moyenne de ces dix dernières années ?

À coup sûr, la frénésie des voitures neuves, avec une croissance de l’ordre de 5% annuellement en moyenne pour rester sur le low side, est en route pour un nouveau record cette année. Rien à redire par rapport à ce signe d’avancement individuel avec, sans exagération, deux voitures au minimum par ménage.

Aux chiffres accablants susmentionnés, un autre indicateur tout aussi troublant doit être factored in sur les routes à Maurice : le coût caché, mais lourd au tableau socio-économique, de la congestion routière. Les prévisions indiquent que d’ici cinq ans, soit en 2030, le price tag des embouteillages se montera à Rs 10 milliards par an. À cette même période, Maurice sera en pleine période de servicing du Metro Express Loan contracté avec la Grande Péninsule et devra simultanément trouver des moyens financiers pour assurer le renouvellement des rolling stocks ou encore l’extension du réseau du métro pour tenter d’atteindre la rentabilité de cette tentative de modernisation du transport en commun.

Et cinq ans, c’est déjà un temps très court. Tiens, la fin du présent mandat de l’Alliance du Changement ne rôde-t-elle pas dans les parages avec le transport en commun comme Litmus Test du Changement ? Sans compter qu’il y a la qualité de service, qui ne fait que se dégrader à vue d’œil dans le transport par autobus.

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