Thierry Merven (Group Chief Executive Officer) : « L’avenir du groupe Beau Vallon repose sur une vision évolutive et responsable »

Le groupe Beau Vallon constitue l’un des principaux acteurs économiques du sud-est de l’île, et ce, à travers une philosophie du développement qui allie croissance économique et préservation du patrimoine historique, naturel et culturel, en intégrant leurs activités dans une dynamique durable et inclusive.

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Thierry Merven, Group Chief Executive Officer, trouve qu’un développement harmonieux dans la région du sud-est ne peut avoir lieu qu’en préservant cet équilibre et en intégrant pleinement les communautés locales à travers leurs activités. Le groupe Beau Vallon a su évoluer au cours des 15 dernières années, passant d’une compagnie avec une quasi-monoactivité (sucre-cannes) à un groupe diversifié. Cette diversification lui a permis de compenser le déclin de l’activité sucrière, de donner un nouveau souffle au groupe et d’être présent dans plusieurs segments de l’économie.

Thierry Merven, parlez-nous de la mission du groupe Beau Vallon de dynamiser l’économie locale tout en valorisant les ressources, qu’elles soient humaines, naturelles ou culturelles pour faire du sud-est une région unique…

Depuis deux siècles, le groupe Beau Vallon constitue l’un des principaux acteurs économiques du sud-est de l’île, et ce à travers une philosophie du développement qui se distingue de la croissance à tout prix. En effet, notre engagement repose sur une approche qui allie croissance économique et préservation du patrimoine historique, naturel et culturel, en intégrant nos activités – agriculture, immobilier, hôtellerie et loisirs – dans une dynamique durable et inclusive. Créer de la valeur au plus près du terrain est notre priorité.

Avec plus de 75 % de nos employés issus de la région, nous favorisons l’emploi local et investissons dans la montée en compétences pour accompagner leur évolution professionnelle ainsi que la croissance du groupe. Chaque projet que nous portons est pensé pour s’inscrire dans la réalité de la région, en répondant aux besoins actuels tout en préservant son identité. Nous avons la conviction qu’un développement harmonieux ne peut se construire qu’en préservant cet équilibre et en intégrant pleinement les communautés locales à travers nos activités.

Connecter un passé de 200 ans et le relier à la modernité de 2025… Quels sont les atouts phares du groupe Beau Vallon pour permettre un développement tous azimuts ?

Dans le monde où nous vivons, préserver c’est innover. L’histoire du groupe est celle d’un territoire et d’un savoir-faire transmis sur plusieurs générations. Nous avons appris, au fil du temps, à évoluer sans renier nos racines, donc pas de développement tous azimuts, mais un développement pensé et équilibré. Ce processus ne s’est pas fait sans défis, mais il nous a permis de bâtir un équilibre entre héritage et modernité.

Aujourd’hui, nous nous adaptons aux réalités économiques avec pragmatisme, en ayant évolué au cours des 15 dernières années, d’une compagnie de quasi-monoactivité (sucre-cannes) à un groupe diversifié. Cette diversification de nos activités nous a permis de compenser le déclin de l’activité sucrière, de donner un nouveau souffle au groupe et d’être présents dans plusieurs segments de l’économie.

Le groupe s’est diversifié en quatre pôles d’activité. Quel a été le principal défi de cette transformation et comment l’avez-vous surmonté ?

La transition d’un modèle centré sur la culture sucrière vers un acteur multisectoriel a nécessité un remaniement important de notre organisation. Au-delà de l’évolution de nos activités, le véritable défi a été humain et stratégique : accompagner nos équipes dans ce changement, intégrer de nouvelles compétences, apprendre aux équipes à travailler ensemble et encourager une culture d’entreprise transversale.

Cette mutation a également exigé un travail sur la montée en compétences de nos employés, le renforcement de nos fonctions support (comptabilité, finances, ressources humaines), ainsi qu’une adaptation de nos modes de gestion pour favoriser la complémentarité entre nos pôles d’activité. La diversification a aussi nécessité une remise en cause de notre modèle économique pour mieux affronter l’avenir. Aujourd’hui, cette transition nous permet d’être plus résilients face aux défis économiques et de poursuivre notre croissance dans la région.

Dans la philosophie stratégique de diversification, on dit toujours qu’il faut se réinventer pour avoir sa place sur le marché. Comment le groupe Beau Vallon a su, dans le “rebranding” de sa marque, intégrer des secteurs variés pour répondre aux exigences d’une économie dite circulaire ?

Le Rebranding du groupe Beau Vallon a été une étape clé pour affirmer notre identité et renforcer les liens entre nos nouveaux secteurs activité. Il va bien au-delà d’un changement d’image : il nous a permis d’élaborer un modèle de développement plus intégré et de nous projeter dans l’avenir, en mettant en avant la complémentarité entre nos quatre secteurs d’activités.

Nos pôles de croissance ont ainsi été repositionnés dans une logique de synergie entre les activités et d’optimisation des ressources. Par exemple, l’agriculture alimente nos hôtels et ces derniers constituent un réservoir de clientèle pour nos activités de loisirs. Cette approche s’accompagne d’un engagement accru envers la préservation et la valorisation de notre région par le biais d’actions concrètes, ce qui nous permet de garantir par ailleurs une cohérence entre notre vision et notre développement.

Qu’en est-il de Pointe-d’Esny Le Village et des hôtels Preskil Island Resort, Astroea Beach et Solana Beach dans votre engagement pour la qualité et l’authenticité ?

Pointe-d’Esny Le Village reflète notre volonté de proposer des espaces de vie contemporains tout en respectant le caractère de la région. Ce projet immobilier s’appuie sur une approche mêlant préservation et réhabilitation des zones humides associées à la création d’un village intégré. Nous avons veillé à concevoir un projet à taille humaine qui s’intègre dans le paysage et le tissu économique de la région. Les espaces verts, les corridors écologiques et les plans d’eau sont autant d’éléments pensés pour mettre en valeur la richesse de cette zone, mais aussi pour offrir aux futurs acquéreurs un environnement attractif et préservé.

Dans l’hôtellerie, nous nous efforçons de proposer une expérience fidèle à l’art de vivre mauricien. Nos hôtels ne sont pas de simples lieux d’hébergement, mais des espaces où les visiteurs ont l’opportunité de découvrir la culture locale. De la cuisine préparée avec des produits locaux pour la plupart issus de la région, à l’organisation d’activités permettant de découvrir le patrimoine naturel, historique et culturel de la région, nous cherchons à offrir une expérience authentique, loin des standards hôteliers impersonnels.

À ce titre, un point essentiel de notre engagement concerne la préservation du lagon qui borde en partie la propriété. Nous avons mis en place plusieurs initiatives pour protéger les coraux et sensibiliser nos équipes et les clients de nos hôtels à l’importance de cet écosystème fragile. Grâce à des partenariats avec des ONG spécialisées dans la protection du milieu marin, en particulier REEF, nous participons activement à des projets de régénération des coraux et de surveillance de l’état de santé de la biodiversité marine dans le lagon de Blue-Bay, Pointe-d’Esny, Mahébourg. L’objectif est clair : assurer la protection des richesses naturelles qui font la beauté de notre littoral tout en offrant un cadre exceptionnel à nos clients.

Garder l’authenticité du groupe Beau Vallon est un point fort auquel vous tenez. Quel sera le mode d’opération du groupe en termes d’orientations stratégiques sur le long terme ?

Garder l’équilibre sera avant tout de développer nos activités dans le respect du caractère authentique et préservé de la région. L’avenir du groupe repose sur une vision évolutive et responsable. Plutôt que de simplement suivre les tendances du marché, nous nous efforçons de travailler différemment et de concevoir nos projets en intégrant un certain nombre de paramètres de durabilité que nous maîtrisons afin de continuer à offrir un cadre de vie attractif entre mer et montagne, espaces agricoles, naturels et urbains, avec une montée en puissance des équipements et infrastructures indispensables à la vie moderne.

Avec le climat qui change, l’environnement incertain qui peut aussi jouer sur le domaine de l’agriculture, comment le groupe Beau Vallon compte-t-il intégrer les enjeux actuels comme l’autosuffisance alimentaire et l’agriculture durable ?

Beau Vallon Agri-business, notre pôle agricole, adopte une approche axée sur l’agriculture raisonnée, la diversification des cultures et l’optimisation des ressources pour renforcer la résilience face aux défis climatiques et économiques. La gestion durable des sols, la production de compost, l’intégration d’engrais organiques et une utilisation plus efficace de l’eau alliée à une réduction maîtrisée des intrants permettent d’assurer une production plus stable et de meilleure qualité. Nous sommes à ce titre un gros producteur de pommes de terre et d’oignons qui constituent des éléments essentiels du régime alimentaire des Mauriciens. Nous développons actuellement de nouveaux vergers afin d’améliorer l’offre fruitière sur le marché.

Le volet loisir à travers des expériences uniques fait partie du programme proposé par le groupe Beau Vallon. Quelle est votre vision pour le développement de l’écotourisme et des loisirs sportifs dans le sud-est ?

Le pôle loisirs du groupe se développe avec la volonté de révéler les trésors cachés du sud-est, tout en respectant leur caractère unique. Depuis plusieurs années, le Beau Vallon MTB Challenge et le Trail du Chemin Français permettent déjà d’explorer ces paysages préservés à travers des parcours qui mettent en avant la diversité des terrains et des paysages. Nous souhaitons, progressivement, favoriser un accès plus large à certains sites emblématiques, tels que le château de Riche-en-Eau et son jardin exceptionnel. Les cascades et rivières nichées dans le périmètre de la propriété offrent également une opportunité d’immersion dans une nature intacte, que nous souhaitons faire découvrir à un plus grand nombre, dans un cadre maîtrisé bien évidemment. Le but est également d’encourager l’activité physique bénéfique à notre santé, le tourisme vert et sportif et d’offrir une alternative aux loisirs urbains et aux shopping malls, etc.

Un des projets du groupe en cours concerne Les Berges de Beau Vallon avec son développement immobilier et son impact local. Pouvez-vous garantir un équilibre entre croissance économique et respect de l’environnement ?

Les Berges de Beau Vallon représentent une opportunité unique de réhabiliter un site chargé d’histoire – la première usine sucrière de Beau Vallon – et d’en faire un lieu de vie dynamique et original à l’entrée de Mahébourg, en tirant parti de la présence de la rivière La Chaux en bordure du projet. Conçu comme un écoquartier, ce projet associe logements, commerces, restauration et espaces culturels, permettant ainsi un équilibre entre développement économique, inclusion sociale et préservation du patrimoine. L’architecture et l’aménagement paysager ont été pensés pour intégrer des matériaux durables et mettre en valeur les bâtiments historiques présents sur place, ainsi que les berges de la rivière, afin de créer un cadre de vie unique dans l’île, non pas au bord de la mer, mais au bord de la rivière. Les Berges de Beau Vallon accueilleront également un espace de rencontre et de créativité où les artistes locaux pourront s’exprimer à travers des expositions, des ateliers ou encore des événements ouverts à la communauté.

En quoi les projets immobiliers du groupe Beau Vallon répondent-ils aux besoins de la population locale et au développement régional ?

Les projets immobiliers conçus et développés par Beau Vallon Property visent à répondre avant tout aux demandes en croissance de biens résidentiels, commerciaux et de bureaux recensés dans la région. Nous proposons des espaces de vie contemporains et intégrés dans le tissu local et l’environnement de la région. En répondant aux attentes des résidents en matière de logement, d’accessibilité et de services, nous créons un environnement propice au développement d’une communauté dynamique et heureuse de vivre sur place.

Ces initiatives jouent un rôle clé dans la création d’emplois, aussi bien pendant les phases de construction que sur le long terme, en stimulant l’activité locale et en renforçant l’attractivité de la région. Elles permettent également d’apporter de nouveaux services et commerces, réduisant ainsi la nécessité pour les résidents de se déplacer vers d’autres régions et de limiter par conséquent l’impact de la circulation routière.

Votre pôle hôtellerie met en avant une expérience authentique et raffinée. Comment parvenez-vous à vous démarquer dans un secteur aussi concurrentiel ?

Dans un marché où les standards internationaux tendent à uniformiser l’offre hôtelière, notre singularité repose sur une approche qui privilégie l’authenticité au bling-bling. Nos hôtels ne sont pas seulement des lieux de séjour, mais des espaces de vie reflétant autant que possible l’âme mauricienne. L’architecture s’inspire du patrimoine local en intégrant notamment de nombreux matériaux locaux ; la gastronomie met en avant les produits du terroir, et l’accueil est conçu pour offrir une expérience sincère et chaleureuse.

L’implantation stratégique du Preskil et d’Astroea Beach à proximité de l’aéroport nous permet également d’accueillir une clientèle en transit, en quête d’une parenthèse paisible entre deux avions. Nous avons adapté nos services pour répondre à ces attentes spécifiques, tout en garantissant une atmosphère propice à la détente et à la découverte. Loin des grands resorts standardisés, nous offrons une hospitalité sur mesure, où chaque client est accueilli comme un invité privilégié. L’expérience que nous proposons repose sur un équilibre subtil entre confort et simplicité.

Quelle sera la stratégie indiquée pour concilier tourisme haut de gamme et responsabilité environnementale ?

Développer l’hôtellerie tout en respectant les écosystèmes qui nous entourent (le lagon en particulier) fait partie de l’ADN du groupe. Nous aménageons nos établissements avec l’idée que l’élégance réside dans la simplicité, et que le luxe de nos établissements provient autant de leurs aménagements que des lieux exceptionnels où ils sont implantés, d’où le double intérêt de protéger et de valoriser ces lieux.

Notre engagement en faveur d’un tourisme plus responsable se traduit aussi par une gestion rigoureuse des ressources. Nous veillons à limiter notre consommation d’eau et d’énergie, tout en favorisant les circuits courts pour nos approvisionnements. Nos espaces extérieurs et jardins intègrent un grand nombre d’espèces endémiques et nous participons comme mentionné plus haut à la protection des milieux marins et terrestres qui nous entourent.

Quel rôle joue le groupe Beau Vallon dans le développement économique du sud-est de Maurice et comment envisagez-vous son évolution dans les prochaines décennies ?

Comme nous l’avons déjà mentionné, nous sommes un des principaux acteurs économiques du sud-est, mais estimons par ailleurs que notre contribution à son développement ne se mesure pas uniquement en chiffres ou en projets.

Dans les années à venir, nous souhaitons poursuivre cette dynamique en développant de nouvelles opportunités économiques et d’emploi qui répondent aux besoins croissants de la région. L’immobilier évoluera vers des projets toujours à taille humaine et attractifs, l’agriculture vers une plus grande diversification de ses produits, nos activités de loisirs continueront à valoriser le patrimoine de la région et l’hôtellerie intégrera encore plus fortement des pratiques durables, en phase avec les attentes des voyageurs d’aujourd’hui, et qui sait, peut-être de nouvelles activités… Nous avançons avec humilité et conviction, conscients que le succès d’un groupe repose aussi sur sa capacité à écouter, à s’adapter et à rester fidèle à ses valeurs.

Face aux défis économiques et climatiques, quelles initiatives prenez-vous pour assurer la pérennité du groupe et son impact positif sur Maurice ?

Assurer la pérennité du groupe, c’est avant tout adopter une approche responsable et pragmatique, où chaque décision est pensée sur le long terme. Nous avons mis en place depuis deux ans un département consacré au développement durable (sustainability), qui veille à l’évolution et à la cohérence de nos actions dans l’ensemble de nos pôles d’activité.

Nos actions et initiatives ne concernent pas seulement nos équipes en interne, mais également les forces vives et ONG du sud-est que nous accompagnons dans leurs projets, et qui sont des acteurs clés dans la mise en œuvre de projets sociaux et environnementaux dans la région. Que ce soit dans le domaine de l’éducation, de la gestion des déchets ou de la protection de la biodiversité, ces partenariats nous permettent d’agir de manière responsable et plus efficace. Ensemble, nous développons des initiatives qui ont un impact direct sur la région en soutenant l’éducation, l’insertion professionnelle, le développement de projets communautaires et la protection des espaces naturels et zones sensibles.

L’ensemble de ces actions et initiatives sont regroupées depuis peu sous la Beau Vallon Inclusive Foundation, fondation du groupe qui recueille les financements et coordonne les différentes actions de soutien, d’accompagnement et de protection menées par le Groupe Beau Vallon.

Propos recueillis par Corinne Maunick

ACCROCHES

« Le groupe Beau Vallon est un gros producteur de pommes de terre et d’oignons qui constituent des éléments essentiels du régime alimentaire des Mauriciens »

« Nous sommes un des principaux acteurs économiques du sud-est, mais estimons par ailleurs que notre contribution à son développement ne se mesure pas uniquement en chiffres ou en projets »

« Développer l’hôtellerie tout en respectant les écosystèmes qui nous entourent (le lagon en particulier) font partie de l’ADN du groupe »

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