Diverses initiatives ont été prises récemment par les autorités en vue de la protection de l’environnement, à l’instar de la décision de destruction de structures illicites à l’Île-aux-Bénitiers. Comment inscrire en priorité la préservation de l’environnement dans chaque développement touristique et économique ?
S’agissant de l’Île-aux-Bénitiers, le Chief Executive Officer d’Eco-Sud, Sébastien Sauvage, dit attendre un plan d’aménagement qui respecte l’écosystème fragile de l’îlot tout en garantissant aux citoyens la possibilité de continuer à gagner leur vie de manière responsable. Quant aux terres en bord de mer appropriées par des étrangers, il martèle que « la protection de l’accès aux terres et aux littoraux doit être une priorité afin d’éviter que les Mauriciens ne deviennent de simples locataires dans leur propre pays ».
Il s’interroge en outre sur le rôle de l’Economic Development Board dans la facilitation de projets de développement ; lesquels suscitent, dit-il, « de sérieuses préoccupations en matière d’impact environnemental et de gouvernance ». Il ajoute que « trop souvent, l’EDB a raisonné comme un Environment Destruction Board, sacrifiant des écosystèmes fragiles sur l’autel du profit à court terme. Cette dérive doit cesser.»
Sunil Dowarkasing accueille favorablement les diverses initiatives prises par les autorités en vue de la protection de l’environnement. Il n’est pas insensible au regard des terrains vendus massivement aux étrangers : « cette question soulève des préoccupations légitimes, notamment en ce qui concerne la préservation des droits fonciers des Mauriciens. Il est primordial de veiller que les terres côtières, essentielles à la qualité de vie des Mauriciens, ne soient pas accaparées par des intérêts étrangers au détriment de la population. »
En l’absence de réglementation adéquate, souligne-t-il, cela peut entraîner une urbanisation excessive et non durable de nos zones sensibles. Il juge impératif de concilier les objectifs économiques à la nécessité de préserver notre environnement.
Carina Gounden, du mouvement Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL), revient sur une règlementation du tourisme qui doit être mise en place « en impliquant les opérateurs locaux. Il ne s’agit pas de les opposer, mais de les considérer comme alliés dans la préservation ». Elle constate que les plages « qui devraient être des lieux de détente et de communion avec la nature, sont aujourd’hui confrontées à une pression croissante : pollution sonore, insalubrité, surfréquentation et multiplication d’activités inappropriées. Nos plages ne doivent pas devenir des centres commerciaux à ciel ouvert, mais rester des espaces accessibles à tous, tout en respectant leur vocation environnementale et sociale ». Quant à l’invasion des étrangers, elle trouve « inconcevable de continuer à céder nos terres à des fins exclusivement privées.»
SEBASTIEN SAUVAGE (Eco-Sud) :
« Le rôle de l’EDB dans l’attribution
des terres suscite des préoccupations »
Le gouvernement semble prendre le taureau par les cornes en vue de la protection de l’environnement. Face à la prolifération de constructions illégales sur l’Île-aux-Bénitiers, un délai de sept jours a été accordé pour éliminer171 structures illicites. L’activité touristique y sera bientôt réglementée pour la protection du paysage naturel de l’îlot. Approuvez-vous cette démarche ?
L’Île-aux-Bénitiers est le seul espace avec une plage de sable sur la côte Ouest entre Petite-Rivière-Noire et Le-Morne où les Mauriciens peuvent apprécier un espace naturel encore public. Il est primordial de préserver ce bien commun et d’empêcher toute tentative de privatisation, comme la société civile l’a déjà vu en 2002, 2008 et plus récemment en 2018, face aux projets de développement exclusif mentionnés dans le plan stratégique 2018-2021 sous le terme de hide away resort.
Le démantèlement de 171 structures illégales représente aujourd’hui un drame humain. Il impacte directement les personnes qui, au fil des années, ont développé une économie informelle liée au tourisme sur l’îlot et qui se retrouvent du jour au lendemain sans alternative viable.
Nous attendons un plan d’aménagement qui respecte l’écosystème fragile de l’Île-aux-Bénitiers tout en garantissant aux citoyens la possibilité de continuer à gagner leur vie de manière responsable. La transition vers un modèle durable doit inclure les acteurs locaux, afin d’assurer une gestion équitable et harmonieuse de cet espace naturel unique.
Le ministre de l’Environnement a par ailleurs sollicité l’aide des États-Unis en matière de gestion des risques de catastrophe ; de déversement d’hydrocarbures mais aussi concernant le recyclage et la gestion des déchets solides. Il a demandé une formation pour la Beach Authority en matière de gestion des plages publiques. Vous validez ?
S’appuyer sur des expertises et bénéficier de formations pour renforcer nos capacités en matière de réflexion stratégique et de gestion est généralement une bonne idée. Cependant, il est tout aussi important de valoriser les connaissances locales de nos chercheurs et scientifiques, ainsi que d’impliquer la société civile dans ces enjeux. Nous validons cette démarche dans une approche inclusive et collaborative.
S’agissant des plages, lors des débats sur la Presidential Address, le ministre des Terres, Shakeel Mohamed, a tiré la sonnette d’alarme sur la vente massive de terrains aux étrangers. 6 405 baux ont été octroyés pour des terrains en bord de mer. Le ministre s’est engagé à protéger l’accès des terres pour empêcher que les Mauriciens ne deviennent « locataires dans leur propre pays ». Qu’en pensez-vous ?
Cela va dans la même lignée que l’intervention de Kugan Parapen au Parlement. Il y mettait en lumière les dangers de la gentrification en soulignant les effets néfastes des processus qui l’alimentent comme la hausse généralisée du coût de la vie, l’exclusion de la majorité des Mauriciens de l’accès à la propriété en raison d’un marché immobilier spéculatif, l’exode massif de la population locale et l’accaparement des biens communs.
La protection de l’accès aux terres et aux littoraux doit être une priorité afin d’éviter que les Mauriciens ne deviennent de simples locataires dans leur propre pays. La déclaration du ministre des Terres, Shakeel Mohamed, s’inscrit dans cette logique, et nous accueillons avec espoir son engagement à défendre les droits des citoyens. Pour beaucoup, l’appel de Kugan Parapen – « Let Mauritians own Mauritius again! » – résonne comme une urgence à laquelle il est impératif de répondre.
Entre 2017 et janvier 2025, l’Economic Development Board (EDB) a validé plus de 1 200 demandes pour des terrains et des appartements entre autres par des étrangers. Récemment, le ministre des Terres est monté au créneau face aux arriérés de loyers des terrains appartenant à l’État dont bon nombre se situent sur les terrains pieds dans l’eau. Les loyers impayés s’élèvent à près de Rs 1,8 milliard. Le ministre a affiché sa détermination à recouvrer ces sommes et si besoin est de résilier les baux et saisir les biens en question. Comment ce type d’accès aux étrangers peut être source d’atteinte à notre environnement et comment trouver un juste milieu entre investissement des étrangers et protection de l’environnement ?
Le rôle de l’Economic Development Board dans l’attribution des terres aux étrangers et dans la facilitation des projets de développement suscite de sérieuses préoccupations, notamment en matière d’impact environnemental et de gouvernance. Il est important de rappeler que l’EDB est avant tout un organe exécutif des décisions gouvernementales et que, ces dix dernières années, la priorité du gouvernement précédent a été un développement immobilier à grande échelle, souvent au détriment des considérations écologiques, sociales et du bien commun.
Nous ne pouvons pas non plus oublier que, lors du budget 2019-2020, l’EDB s’est positionné pour affaiblir les contestations des Environmental Impact Assessment (EIA) en cherchant à s’attribuer des pouvoirs exagérés. Il avait notamment proposé d’être l’unique instance à délivrer les permis EIA et Land Conversion Permits pour les projets qu’il décrétait comme étant des State Significant Development, et cela dans un délai de 56 jours seulement. Il avait également proposé que les décisions d’appel devant le Tribunal d’Appel de l’Environnement soient rendues sous six mois, ignorant la complexité des procédures et les délais réels liés aux ressources disponibles.
Face à cette logique de Business Facilitation tous azimuts, il est légitime de se demander si l’EDB ne cherche pas à se substituer au gouvernement et aux ministères compétents, s’arrogeant des pouvoirs qui devraient relever d’une approche démocratique et participative.
Trop souvent, l’EDB a raisonné comme un Environment Destruction Board, sacrifiant des écosystèmes fragiles sur l’autel du profit à court terme. Cette dérive doit cesser !
Il est impératif de reprendre le contrôle sur notre territoire et nos ressources, en plaçant la protection de l’environnement et l’intérêt collectif au cœur des décisions politiques.
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SUNIL DOWARKASING:
« Primordial que les terres côtières ne
soient pas accaparées par des étrangers »
Le gouvernement semble prendre le taureau par les cornes en vue de la protection de l’environnement. Face à la prolifération de constructions illégales sur l’Île-aux-Bénitiers, un délai de sept jours a été accordé pour éliminer 171 structures illicites. L’activité touristique y sera bientôt réglementée pour la protection du paysage naturel de l’îlot. Approuvez-vous cette démarche ?
Je soutiens pleinement et sans réserve cette démarche de protéger nos îlots, un patrimoine naturel exceptionnel menacé par un tourisme informel et incontrôlé. Il est crucial de préserver leur beauté, leur biodiversité et l’équilibre écologique en réglementant le tourisme.
Le délai de 7 jours pour éliminer 171 structures illégales montre une volonté de réagir fermement contre les violations des règles d’urbanisme. Toutefois, la régulation de l’activité touristique doit également trouver un équilibre entre protection environnementale et développement économique.
Avant toute action, il est essentiel de réaliser un état des lieux pour assurer une gestion durable des ressources et mettre en place une stratégie claire pour encourager un tourisme durable qui soutient à la fois la préservation de l’îlot et l’économie locale.
Le ministre de l’Environnement a par ailleurs sollicité l’aide des États-Unis en matière de gestion des risques de catastrophe ; de déversement d’hydrocarbures mais aussi concernant le recyclage et la gestion des déchets solides. Il a demandé une formation pour la Beach Authority en matière de gestion des plages publiques. Vous validez ?
Cette initiative est une démarche proactive et pertinente face aux enjeux liés à la gestion des risques de catastrophe et des déchets. Les États-Unis, avec leur expertise, peuvent offrir des solutions techniques et innovantes nécessaires pour anticiper et gérer efficacement ces crises.
La demande de formation pour la Beach Authority sur la gestion des plages publiques est également une excellente idée. Les plages, à la fois trésors naturels et éléments cruciaux pour le tourisme, sont vulnérables aux effets du changement climatique et aux pressions humaines. Il est essentiel de renforcer les compétences locales pour garantir une gestion durable de ces espaces.
Cependant, il est important de veiller que cette collaboration avec les États-Unis ne se limite pas à un acte symbolique. L’efficacité des formations dépendra de leur mise en œuvre concrète et de l’adaptation des solutions aux réalités locales. Il est aussi nécessaire de garantir la pérennité de ces actions, pour que les structures locales puissent en bénéficier sur le long terme.
Bien que cette démarche semble prometteuse, il conviendra de suivre de près son évolution et son application afin d’évaluer son véritable impact sur l’environnement et les communautés locales.
S’agissant de nos plages, lors des débats sur la Presidential Address, le ministre des Terres, Shakeel Mohamed, a tiré la sonnette d’alarme sur la vente massive de terrains aux étrangers. 6 405 baux ont été octroyés pour des terrains en bord de mer. Le ministre s’est engagé à protéger l’accès des terres pour empêcher que les Mauriciens ne deviennent « locataires dans leur propre pays ». Qu’en pensez-vous ?
Le ministre des Terres aborde un enjeu essentiel concernant la vente massive de terrains en bord de mer à des étrangers. Cette question soulève effectivement des préoccupations légitimes, notamment en ce qui concerne la préservation des droits fonciers des Mauriciens et l’accès aux terres, qui font partie intégrante de notre patrimoine naturel et culturel. Les plages et les terrains côtiers sont non seulement des ressources stratégiques pour l’environnement, mais aussi des atouts majeurs pour l’économie.
L’alerte lancée par le ministre sur cette vente de terres, ainsi que son engagement, est une démarche cruciale pour maintenir un équilibre entre le développement économique et la préservation des droits de la population locale. Il est primordial de veiller à ce que les terres côtières, essentielles à la qualité de vie des Mauriciens, ne soient pas accaparées par des intérêts étrangers au détriment de la population.
Une réglementation claire et efficace est donc indispensable pour protéger les droits fonciers des Mauriciens tout en permettant un investissement responsable et bénéfique pour le pays et un développement économique durable.
L’engagement du ministre à protéger l’accès à ces terres est pertinent et nécessaire. Toutefois, il devra être accompagné de mesures concrètes visant à préserver les espaces littoraux.
Entre 2017 et janvier 2025, l’Economic Development Board a validé plus de 1 200 demandes pour des terrains et des appartements entre autres par des étrangers. Récemment, le ministre des Terres est monté au créneau face aux arriérés de loyers des terrains appartenant à l’État dont bon nombre se situent sur les terrains pieds dans l’eau. Les loyers impayés s’élèvent à près de Rs 1, 8 milliard. Le ministre a affiché sa détermination à recouvrer ces sommes et si besoin est de résilier les baux et saisir les biens en question. Comment ce type d’accès aux étrangers peut être source d’atteinte à notre environnement ?
L’EDB a souvent agi en contradiction avec les principes environnementaux, notamment en demandant l’exemption des EIA à un moment donné. L’EDB a contribué à la surenchère des prix des terrains, notamment sur le littoral. Bien qu’agissant dans le cadre de la législation locale, il est devenu urgent de réévaluer cette approche afin de mieux protéger nos ressources naturelles.
La vente de terrains en bord de mer à des investisseurs étrangers, particulièrement en l’absence de réglementation adéquate, peut entraîner une urbanisation excessive et non durable de nos zones sensibles. Ces zones côtières sont des écosystèmes essentiels à la biodiversité, la régulation climatique et la protection contre l’érosion. Une exploitation commerciale incontrôlée pourrait entraîner des problèmes tels que la pollution, la destruction des récifs coralliens et la dégradation de la qualité de l’eau.
Les arriérés de loyers atteignant Rs 1,8 milliard mettent en lumière un défaut de gestion des terres de l’État, révélant un manque de contrôle ou de suivi dans l’application des réglementations.
Il est impératif de concilier les objectifs économiques liés à l’investissement étranger avec la nécessité de préserver notre environnement. Cela passe par une gestion rigoureuse des terrains, l’application stricte des normes environnementales et le soutien à un modèle de développement durable.
CARINA GOUNDEN (AKNL) :
« Les plages doivent rester des espaces accessibles à tous »
Le gouvernement semble prendre le taureau par les cornes en vue de la protection de l’environnement. Face à la prolifération de constructions illégales sur l’Île-aux-Bénitiers, un délai de 7 jours a été accordé pour éliminer 171 structures illicites. L’activité touristique y sera bientôt réglementée pour la protection du paysage naturel de l’îlot. Approuvez-vous cette démarche ?
L’Île-aux-Bénitiers est un lieu de loisirs très prisé par les Mauriciens et les touristes, mais aussi un véritable poumon économique pour la région. De nombreuses familles et petites entreprises en dépendent. Une gestion organisée est nécessaire.
Depuis des années, des propositions existent pour une exploitation plus durable : gestion des déchets, renaturation de certaines zones, régulation des flux de visiteurs… Espérons que des décisions concrètes soient enfin mises en œuvre.
Une réglementation du tourisme est essentielle. Elle doit être mise en place de manière participative, en impliquant toutes les parties prenantes, notamment les opérateurs locaux. Il ne s’agit pas de les opposer, mais de les associer à la démarche, en les considérant comme alliés dans la préservation de l’îlot. Cette transition vers un tourisme durable ne doit laisser personne de côté.
L’enjeu est de trouver un équilibre entre les ambitions de chacun, de garantir une gestion durable et de faire en sorte que les acteurs deviennent les gardiens du patrimoine naturel. Le modèle d’un tourisme où « tout est permis » n’est plus viable, ni écologiquement ni économiquement.
L’Île-aux-Bénitiers suscite une véritable passion chez ceux qui en vivent. Il ne faut pas généraliser en affirmant que les acteurs du secteur refusent tout changement. Comme d’autres îlots autour de Maurice, l’Île-aux-Bénitiers est un espace fragile qui ne peut supporter une occupation anarchique et une exploitation touristique incontrôlée.
La régularisation des activités est indispensable pour éviter la surfréquentation et garantir que les retombées économiques ne se fassent pas au détriment du patrimoine naturel. Une île saturée de visiteurs, avec des infrastructures mal gérées, perd en attractivité et dégrade l’expérience des visiteurs.
Ce tournant doit être vu comme une opportunité de bâtir une gestion durable et équitable de l’Îlot. Il s’agit de co-construire une vision partagée.
Le ministre de l’Environnement a par ailleurs sollicité l’aide des États-Unis en matière de gestion des risques de catastrophe ; de déversement d’hydrocarbures mais aussi concernant le recyclage et la gestion des déchets solides. Il a demandé une formation pour la Beach Authority en matière de gestion des plages publiques. Vous validez ?
Le ministre a sollicité de l’aide pour des problématiques pour lesquelles nous avons pris du retard et dans lesquelles des progrès s’imposent. Il est certain que si nous pouvons bénéficier de leur expertise et de technologies adaptées à notre contexte ce serait bénéfique.
La Beach Authority a clairement du pain sur la planche. Les plages, qui devraient être des lieux de détente et de communion avec la nature, sont aujourd’hui confrontées à une pression croissante : pollution sonore, insalubrité, surfréquentation et multiplication d’activités inappropriées.
Nous devons repenser l’aménagement de ces espaces publics et, si nécessaire, désaménager certaines zones pour préserver leur caractère naturel et leur équilibre écologique. Il ne s’agit pas de simple « embellissement », souvent un terme mal interprété, mais bien de renaturation. Nos plages ne doivent pas devenir des centres commerciaux à ciel ouvert, mais rester des espaces accessibles à tous, tout en respectant leur vocation environnementale et sociale.
La gestion des plages ne doit pas se limiter à un simple entretien. Elle doit s’inscrire dans une approche globale et cohérente qui prenne en compte l’interdépendance des écosystèmes côtiers et marins. Une plage en bonne santé est le fruit d’une barrière de corail préservée, de mangroves en équilibre et d’une gestion responsable des rivières qui s’y déversent.
S’agissant de nos plages, lors des débats sur la Presidential Address, le ministre des Terres, Shakeel Mohamed, a tiré la sonnette d’alarme sur la vente massive de terrains aux étrangers. Qu’en pensez-vous ?
Nous devons partir du principe que ces terres appartiennent à tous : ce sont des biens communs, et nous avons le devoir collectif de les préserver. Pendant trop longtemps, ces espaces ont été distribués sans vision d’ensemble, et des projets destructeurs ont vu le jour.
Le ministre a raison de pointer du doigt la vente massive de biens sur notre littoral à des étrangers. Des biens rendus accessibles par le système de copropriété notamment. Mais il faut aller bien plus loin maintenant. Il ne s’agit pas de reprendre des baux sur pas géométriques non bâtis pour les redonner à d’autres. Il est impératif d’adopter au contraire des mesures urgentes et concrètes pour stopper l’hémorragie et préserver ce patrimoine unique. Cela devrait inclure, en priorité un moratoire sur de toutes nouvelles bétonisations des terres de l’État en bord de mer. Ce serait un signal fort, marquant une véritable rupture avec les erreurs du passé.
Le recul progressif des terres littorales de l’État est une menace à long terme. Ces espaces sont des actifs précieux, non seulement pour notre identité et notre culture, mais aussi pour notre résilience face aux changements climatiques. Si nous n’agissons pas immédiatement pour stopper l’extension du béton, ces terres continueront de se dégrader rapidement, accélérant l’érosion côtière et aggravant les impacts des catastrophes naturelles.
Entre 2017 et janvier 2025, l’Economic Development Board a validé plus de 1 200 demandes pour des terrains et des appartements entre autres par des étrangers. Comment ce type d’accès aux étrangers peut être source d’atteinte à notre environnement ?
L’EDB et sa politique Ease of Doing Business ont permis une urbanisation massive des zones côtières, souvent sans tenir compte des impacts environnementaux et sociaux. Ces développements ont transformé des espaces naturels en biens immobiliers.
Parallèlement, cette logique a alimenté un processus de gentrification, où les habitants de ces zones sont progressivement exclus de leur propre environnement.
Les pratiques actuelles de spéculation immobilière, notamment aussi les transferts de baux, doivent être strictement régulées. Il est inconcevable de continuer à céder nos terres à des fins exclusivement privées, d’autant plus dans un contexte où la pression sur notre littoral est déjà énorme.