« La NTLA leur avait donné la chance de rectifier le tir, mais les choses ont empiré », disent les riverains
On ne compte plus le nombre de fois où l’on s’est penché sur le sentiment de révolte qui anime les habitants du village de Saint-Hubert face à l’irrégularité criante des autobus des lignes Saint-Hubert /Curepipe (Route 87) et Saint-Hubert /Mahébourg (Route 11). On prend les mêmes et on recommence : ces propriétaires de bus individuels qui continuent à jouer aux abonnés absents, en dépit des remontrances de la National Land Transport Authority (NLTA) qui leur avait donné la chance de rectifier le tir en 2023. Les files d’attente interminables aux arrêts d’autobus, aux heures de pointe, témoignent du marasme qui prévaut. Le conseiller Nitin Jeeha remue ciel et terre depuis plus de quatre ans, mais rien n’y fait.
Situés sur la route de Riche-en-Eau en direction du Val, Saint-Hilaire et Saint-Hubert sont deux villages voisins qui se retrouvent isolés, victimes de leur éloignement des grands villages. Si les transports publics connectent Mahébourg et Curepipe à ces localités, la régularité fait trop souvent défaut. Les retards en série et les modifications d’horaires ont empiré, malgré les actions menées sur le terrain par les habitants et le conseiller Nitin Jeeha depuis 2021 qui se sont traduits par des manifestations et des grèves de la faim. Rien n’y fait. ll ne se passe pas un jour sans que les voyageurs ne se plaignent de ce problème qui est illustré par les longues files d’attente dès 7h
Entre bus unique, manque de places, horaires à la limite des heures scolaires et temps de voyage, le trajet risque, encore une fois, cette année, de constituer un parcours du combattant pour de nombreux élèves qui habitent dans ces quartiers, en proie au manque latent d’autobus. La tension est montée d’un cran, jeudi. Piqués au vif par le retard de l’autobus devant transporter leurs enfants à Mahebourg, des parents ont dit leurs quatre vérités au receveur. Nitin Jeeha confie que « non seulement les autobus desservent le village avec parcimonie, le matin, mais les choses virent au cauchemar dans l’après-midi. Zenfan fini klass 14h30 me se ver 17h30 ou 18h zot rant lakaz parfwa. C’est inacceptable ! »
Ces retards en série ont également un impact sur la mobilité des personnes âgées qui se voient contraintes, avec la perte d’autonomie, de se reclure chez elles ou de débourser des montants conséquents pour se rendre à l’hôpital. Ils sont nombreux à décrier la surcharge et la promiscuité à bord des autobus. « Quand le bus arrive enfin, on est obligés de s’agglutiner. C’est du n’importe quoi ! Mo patron pa konn tou sa la li », nous confie un employé d’une usine à Curepipe, après avoir tiré une longue bouffée sur sa cigarette. Pire, on a assisté à une scène où des passagers qui avaient attendu pendant 45 minutes sous un abri de fortune ont vu passer un autobus qui ne s’est pas arrêté au motif qu’il était plein à craquer. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase…
« Zot ena problem moter ? Pena kas pou roulé ou… »
Là où le bât blesse est que certains bus individuels devant desservir cette route ont de nouveau disparu des radars depuis un an, quand bien même une occasion en or leur avait été donnée pour rectifier le tir. « Les quatre autobus de la CNT qui desservaient la ligne Saint-Hubert /Curepipe ont été supplantés par les propriétaires de transports individuels. C’est une catastrophe ! Même constat pour la ligne Saint-Hubert /Mahébourg. Des six bus enregistrés, seuls trois sont opérationnels. Ce n’est pas faute d’avoir exigé de la NLTA qu’elle rappelle à l’ordre les propriétaires ou qu’elle leur retire leur patente », soutient Nitin Jeeha.
« Zot ena problem moter ? Zot pena kas pou roul bis-la ou zot pe fer enn lot travay ? Enn zafer sinp pou kone sa, me NLTA, mo krwar, pa gagn nou traka. Nous réclamons des mesures fermes. C’est-à-dire que lesdits autobus individuels soient remplacés par ceux de la CNT », ajoute Nitin Jeeha, qui lance un ultimatum à la NLTA : « J’ai envoyé des courriers électroniques à cette instance à maintes reprises. Une demande restée lettre morte. Si pena repons, nou pou organiz bann manifestasion dan tou bann vilaz. »