La Speaker distribue des rappels à l’ordre à gauche aussi bien qu’à droite
Navin Ramgoolam (PNQ) : « Nous avons commencé à contrôler l’inflation et à stabiliser la roupie »
Le Premier ministre et Leader of the House, Navin Ramgoolam, a annoncé officiellement que son homologue indien, Narendra Modi, sera le Chief Guest des fêtes nationales du 12 mars prochain. Dans un Statement à l’Assemblée nationale, il affirme que cette prochaine visite officielle est une attestation de la solidité des relations entre Maurice et l’Inde. Effectivement, en raison de son agenda chargé, le Premier ministre indien arrivera à Maurice le 11 mars pour repartir en fin de journée du 12 mars.
De ce fait, le programme de la State Visit de Narendra Modi comprendra le banquet d’État dans la soirée du 11 mars alors que les célébrations officielles du 12 Mars se dérouleront à la mi-journée au Champ-de-Mars.
D’autre part, la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, a tenu à mettre les points sur les i en vue de garantir le Decorum de la Chambre. Ainsi, le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, s’est rétracté par rapport à la remarque lancée lors de la précédente séance à l’encontre du leader de l’opposition, Joe Lesjongard: « Al pandi twa ».
De son côté, Joe Lesjongard a été recadré pour ses remarques contre des parlementaires de Rodrigues, notamment les deux Best Losers, à l’effet qu’ils auraient dû siéger dans les rangs de l’opposition. S’appuyant sur les dispositions de la loi, régissant la nomination des Best Losers, Shirin Aumeeruddy-Cziffra maintient que « there is nothing to sit in the opposition or not. Ils sont libres de siéger où ils veulent. »
De son côté, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui répondait à une PNQ du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, soutient qu’après trois mois au pouvoir, le gouvernement a déjà commencé à contrôler l’inflation et assurer la stabilité de la roupie. Il a accusé l’ancien gouvernement d’avoir alimenté l’excès de liquidités en imprimant un montant estimé à Rs 160 milliards en vue de réduire le déficit budgétaire et pour financer la Mauritius Investment Corporation Limited. Ainsi, avec des mesures entérinées par la Banque de Maurice, le gouvernement a pu corriger le dysfonctionnement monétaire créé par la politique adoptée précédemment et axée sur la consommation.
Joe Lesjongard s’est intéressé sur les retombées de la hausse du taux d’intérêt directeur, de 4% à 4,5% par année, décidée par le Monetary Policy Committee (MPC). Le Premier ministre a d’abord souligné que le nouveau gouvernement a restauré l’indépendance de la Banque de Maurice. Il ajoute que le MPC a déjà évalué l’impact de sa décision sur les différents secteurs et a choisi d’agir dans le meilleur intérêt de l’économie.
« Ce gouvernement prend cet engagement très sérieusement et nous croyons en l’indépendance de la Banque Centrale, car c’est pour le bien de l’économie et de la société en général. » Ce qui, selon lui, n’était pas pratiqué sous l’ancien gouvernement en ce qu’il s’agit des décisions prises au cours des dix dernières années. « L’indépendance de la Banque Centrale est fondamentale dans l’économie pour combattre l’inflation et promouvoir les conditions d’un développement économique stable et sur le long terme », s’appesantit le Premier ministre.
Navin Ramgoolam dénonce que sous l’ancien gouvernement, les décisions prises par le MPC étaient politisées, avec des directives venant de l’extérieur de la Banque de Maurice. Il a cité en exemple le fait qu’en septembre 2024, le MPC avait été convoqué d’urgence en l’espace d’une heure et demie suivant une décision politique.
Les experts en modélisation et en prévision avaient proposé une augmentation du taux d’intérêt directeur prenant en compte que le différentiel entre le dollar américain et l’euro, d’une part, et la roupie d’autre part, était élevé. Il indique que le modèle de prévision macroéconomique a été développé avec le soutien du FMI. « Si ce conseil avait été suivi, nous aurions évité les ajustements qui doivent maintenant être implémentés, car cela aurait contribué à réduire le différentiel entre le taux d’intérêt appliqué pour la roupie et le taux d’intérêt en vigueur sur le dollar et sur l’euro. Le MPC avait décidé d’ignorer ce que les experts avaient proposé en réduisant le taux directeur à 4% », trouve-t-il.
Le Premier ministre a aussi commenté l’impression de billets de banque pour financer le déficit budgétaire, avec un montant de Rs 160 milliards injecté dans l’économie, entre autres, pour financer la MIC. « Cela a créé un excès massif de liquidités monétaires, ce qui a contribué à la hausse de l’inflation que le pays a vécue et à une dépréciation significative de l’argent. » L’excès de liquidités était ainsi estimé à Rs 90 milliards en août 2023, selon lui. Le taux d’inflation devait atteindre une pointe de 11,3% en février 2023, tandis que la dépréciation de l’argent titillait un sommet de 46% contre le dollar entre fin décembre 2014 et novembre 2024. Il a aussi mentionné que le déficit commercial de Rs 163 milliards, représentait 25,4% du PIB en 2023 et Rs 182 milliards, 26,1% en 2024.
Navin Ramgoolam soutient que, tenant compte des problèmes économiques causés par l’excès de liquidités, il était essentiel d’assurer que ces différentiels négatifs soient ajustés durablement. Il a alors profité pour affirmer que « le nouveau gouvernement a agi rapidement pour corriger des défauts observés dans le marché de change ». Il a énuméré les mesures prises par la Banque de Maurice qui ont été annoncées en décembre dernier, permettant « d’éliminer les dysfonctionnements monétaires et de stabiliser la roupie avant la dernière réunion du MPC, qui prend ses décisions à la lumière des développements dans le domaine macroéconomique et les marchés financiers, et après avoir balancé les risques de l’inflation et de la croissance. »
Le Premier ministre confirme que les implications de la hausse du taux d’intérêt directeur sur le système financier, les ménages et les entreprises ont été considérées et discutées par le MPC avant de décider de la hausse du taux d’intérêt directeur le 4 février dernier. « À la lumière des délibérations du MPC, je suis convaincu qu’il a bien évalué les risques liés à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt, ce qui a décidé à l’unanimité », dit-il.
Navin Ramgoolam dira qu’entre le 3 janvier et le 15 novembre 2024, la roupie a connu une dépréciation de 6,8% contre le dollar américain, de 3,2% contre l’euro et de 7,3% contre la livre. Toutefois, entre le 18 novembre et ce 21 février, la roupie s’est appréciée de 0,6% contre le dollar US, de 1,3% face à l’euro et de 0,9% contre la livre. Enfin, depuis le début de l’année, la roupie s’est appréciée de 2,8% face au dollar, de 0,6% face à l’euro et de 0,9 % face à la livre.
L’inflation est passée de 3,4% en novembre 2024 à 1,9% en janvier. « Nous avons pris l’engagement de tout faire pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs en contrôlant d’abord l’inflation et en stabilisant la roupie. Après trois mois, nous commençons à voir les premiers résultats », dit-il.
Lesjongard : Le Premier ministre déclare qu’en ce qui concerne les ménages, il n’y aura pas d’impact. Or, nous savons tous qu’à la fin de ce mois, le remboursement de ceux qui ont des prêts-logement sera plus élevé. De plus, nous savons aussi que les banques commerciales font beaucoup de profits. Sera-t-il possible pour le gouvernement d’intervenir et de considérer la possibilité de négocier avec l’association des banquiers de Maurice pour maintenir l’intérêt sur les logements sans changement, au moins pour cette année, avec l’objectif d’assurer un financement sans délai et, en même temps, de protéger la viabilité de la population ?
Ramgoolam : Comme je l’ai dit, et le leader de l’opposition a peut-être oublié cela, mais ils ont des experts qui regardent toutes les conséquences, mais qui doivent aussi regarder l’intérêt public et l’intérêt du pays et de l’économie. Il faut s’assurer que l’inflation baisse, que la dépréciation s’arrête. J’ai dit aussi que, concernant le secteur du logement, il n’y aura pas d’effets négatifs. Je devrais ajouter, au vu de la position du leader de l’opposition, qu’il semble oublier qu’à un moment, on a augmenté l’intérêt, pas une fois, mais à deux ou trois reprises. Bien sûr, tous ceux qui ont un logement doivent payer plus si l’intérêt augmente. We can’t have the cake and eat it.
JL : Une famille qui a un logement de Rs 5 millions, et qu’elle a à payer pendant 20 ans, aura à payer à la fin de ce mois une augmentation de Rs 1 427 sur ses prêts logement. Vous comprendrez que cela représente une somme importante. C’est pourquoi j’ai posé cette question…
À l’interpellation supplémentaire de savoir si le gouvernement ne peut accorder une subvention de l’ordre de Rs 500 pour alléger le poids de la hausse du taux d’intérêt, le Premier ministre a expliqué qu’il refuse de créer une illusion monétaire, laquelle pourrait avoir des conséquences sur l’inflation et créer d’autres problèmes. « Nous devons mettre en ordre l’économie. Et dans le long terme, tout le monde en bénéficiera », maintient-il. Le gouvernement a payé le 14e mois à plus de 90% des travailleurs. « C’était une décision difficile parce qu’il n’y avait pas d’argent. »
Le leader de l’opposition a ensuite fait mention de pays ayant baissé leur taux d’intérêt directeur. Ce à quoi le Premier ministre a rétorqué qu’on ne peut faire de comparaison. « Ici, nous avons un gouvernement qui a détruit l’état de l’économie. Nous devons le gérer. Nous devons tous le gérer. C’est ce que je veux dire. »
À d’autres questions du leader de l’opposition, Navin Ramgoolam dira : « Vous ne réalisez pas ce que le gouvernement précédent a fait à l’économie. Nous devons prendre des actions correctives. Nous ne pouvons pas dire que nous ferons ce que nous avons fait auparavant. Nous devons agir de manière responsable. Nous ne pouvons pas agir comme le gouvernement précédent ! » Finalement, Joe Lesjongard soulignera que des mesures doivent être prises en faveur des PME. Pour sa part, le Premier ministre a néanmoins répondu que « beaucoup a été fait pour les PME. »