100 premiers jours : sur le bon pied

Il faudrait être vraiment pointilleux et exigeant pour ne pas voir les changements intervenus durant les trois premiers mois du nouveau gouvernement au pouvoir. En fait, dès son arrivée au pouvoir, fin novembre, l’ensemble du gouvernement s’est mis à la tâche pour s’attaquer aux mesures prioritaires annoncées dans le programme électoral de l’Alliance du Changement.
C’est ainsi que lors d’une des premières réunions du Cabinet, une première série de mesures avait été annoncée. Elle comprenait entre autres le paiement d’un bonus de 14e mois aux employés des secteurs public et privé percevant un salaire de base mensuel allant jusqu’à Rs 50 000. Ce qui représente quelque 90% de la main-d’œuvre active du pays. Le paiement d’une compensation salariale mensuelle de 3,7% du salaire minimum national, soit Rs 610, a aussi été annoncé pour les employés percevant un salaire de base mensuel ne dépassant pas Rs 50 000 à partir de janvier de cette année.
Un soutien est par ailleurs accordé aux PME éprouvant des difficultés pour payer le 14e mois. Par la suite, les prix de l’essence et du diesel ont accusé une baisse, même symbolique. Au niveau du ministère de l’Environnement, tout a été mis en œuvre pour maîtriser l’incendie qui faisait rage au centre d’enfouissement de Mare-Chicose.
La rentrée parlementaire, dès le mois de décembre, a été un événement majeur pour la nouvelle majorité. Elle a été le symbole visible du changement annoncé par rapport à l’ancienne Assemblée législative. Avec l’arrivée de la nouvelle présidente, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, pour diriger les débats, on a été tous témoins du retour de la démocratie parlementaire et de la sérénité, non seulement dans l’hémicycle, mais aussi chez tous ceux qui ont pris l’habitude de suivre les débats à la télévision. Aujourd’hui, l’opposition a la possibilité de s’exprimer librement et même le Premier ministre adjoint a été rappelé à l’ordre pour des propos tenus dans la fougue des débats. Il s’est rétracté avec élégance. Les backbenchers ne se sont pas fait prier pour interpeller les ministres et participent activement aux débats.
La présentation de l’État de l’économie par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a été un eye-opener pour beaucoup. Le pays a vu la situation économique dans tous ses états. Il a mis fin à l’illusion monétaire dans lequel le pays était baigné pour voir la réalité économique en face. Ce document est actuellement utilisé comme référence, non seulement à Maurice, mais également par les institutions et les médias à l’international.
Le discours-programme présenté par le président Dharam Gokool a marqué un tournant. Il a été dans l’ensemble bien accueilli. Dans une interview qu’elle nous a accordée, Laura Jaymangal parle de programme ambitieux avec la consolidation de la démocratie et la gouvernance. L’annonce de la réforme électorale, dont le financement des partis politiques, et la présentation de la Freedom of Information représentent pour beaucoup un signe d’espoir. Il s’agira probablement d’y ajouter la protection des lanceurs d’alertes
Il a eu beaucoup d’autres mesures qui marquent un changement dans la vie de tout un chacun. A commencer par l’abolition des écoutes téléphoniques. Mais aussi l’enregistrement des cartes SIM qui ne sera pas obligatoire, les courses hippiques qui seront organisées normalement bientôt, ou encore les artistes pouvant organiser leurs concerts librement. Sans compter que le pèlerinage vers le Ganga Talao à l’occasion du Maha Shivaratree, promis de se dérouler avec sérénité et dans les règles. Les élections municipales qui auront lieu en mai, la restauration des pouvoirs du DPP, etc.
Sur le plan diplomatique, le gouvernement trace graduellement sa route. L’annonce de la visite de Narendra Modi pour la fête de l’indépendance et celle d’Emmanuel Macron fin avril sont autant de bons signes. A cela s’ajoute la participation du Premier ministre au sommet de l’Union africaine le week-end dernier.
Les regards sont maintenant tournés vers le président des Etats-Unis, qui doit se prononcer sur l’accord qui a été conclu entre Maurice et la Grande-Bretagne sur les Chagos. Les déclarations répétées de l’ambassadeur Henry V. Jardine concernant l’excellence des relations entre Maurice et les Etats-Unis est un signe d’espoir. Nous savons que le mur à franchir est celui de la perception créée par la droite britannique, soutenue par la presse de droite.
Alors que l’attention en cette fin de semaine continue à été retenue par les arrestations de plusieurs personnes, dont l’ancien Premier ministre, pour blanchiment d’argent allégué, on ne peut que souhaiter que la justice suive son cours.

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