Campagne dans les écoles et collèges : Les jeunes sensibilisés à l’usage sécurisé du numérique

Hausse de 60% des délits liés à la cybercriminalité de 2020 à 2024
Des adolescents de 13 à 16 ans ont plus de 3 000 Friends sur Facebook

- Publicité -

Dans le cadre du Safer Internet Day, observé le 11 février, une campagne de sensibilisation a été organisée dans les écoles et collèges. L’initiative revient aux ministères de la Technologie informatique et de l’Éducation. Le but est d’apprendre aux jeunes les bonnes pratiques liées à l’internet et d’attirer leur attention sur les dangers. Le coup d’envoi de la campagne a été donné hier et elle s’échelonnera sur une année.
Le Safer Internet Day est un rendez-vous annuel dans le monde, où la communauté éducative se penche sur l’utilisation du numérique et ses risques potentiels. Il s’agit d’une initiative faisant partie du projet Safe Borders de l’Union européenne, dont la première édition remonte à 2004. À Maurice, les ministères de la Technologie informatique et de l’Éducation ont voulu marquer l’événement de manière forte, cette année, avec une campagne de sensibilisation.
Le lancement officiel s’est déroulé lundi matin, à Ébène, suivi d’une intervention du ministre Avinash Ramtohul à l’école Sir Pierre-Dalais, de Trou-d’Eau-Douce. S’exprimant au sujet de cette démarche, il a déclaré que le monde numérique évolue rapidement et qu’il était important de faire preuve de vigilance. Les différentes générations – X, Y, Z et Alpha – utilisent l’internet de manières différentes. C’est la responsabilité des anciennes générations de préparer un monde numérique sécurisé, pour les nouvelles générations, trouve-t-il.
Les différents types de dangers vont des Scams au Phishing, en passant par le Cyberbullying et la Sextorsion, entre autres. D’où la nécessité de sensibiliser les jeunes et les aider à identifier les dangers. Le ministre Ramtohul a fait ressortir que la plateforme MAUCORS a été mise en place afin de permettre aux victimes de rapporter les délits. De 2021 à 2025, une hausse « alarmante » de 60% a ainsi été répertoriée. Il a ajouté : « chaque jour, il y a au moins huit plaintes qui sont enregistrées. Sans compter qu’il y a beaucoup de victimes qui ne rapportent pas les cas. »
Faisant référence à l’affaire Telegram, il a indiqué que toutes les données mises en ligne peuvent être facilement exploitées par des personnes mal intentionnées. D’après le Global Child Online Safety Index, 45% d’enfants sont victimes de Cyberbullying dans les pays où des études ont été menées. Parmi, 39% le subissent à répétition, tandis que 29% ont été exposés à des contenus violents et sexuels.
À Maurice, des relevés ont démontré que des adolescents de 13 à 16 ans ont plus de 3 000 amis sur Facebook. Dans certains cas, cela va même jusqu’à 5 000. « Ces 3 000 à 5 000 amis peuvent être d’une diversité de profils et donc avec différentes intentions. Si ces intentions deviennent des actions, l’enfant peut être à risque. C’est pour cela qu’il nous faut être très prudent », prévient le ministre.
Avinash Ramtohul a également attiré l’attention sur les risques liés aux plateformes très populaires comme TikTok ou Instagram. « Les jeunes y partagent beaucoup d’informations. Avant de prendre un repas, ils partagent la photo. Cela donne beaucoup d’informations, notamment sur l’endroit où ils sont, qui sont les autres personnes autour de la table, le repas peut aussi donner une indication sur le lifestyle, ainsi que le pouvoir d’achat. Plus une personne reçoit des appréciations, plus elle sera en haut de la liste du prédateur. Donc, de simples informations peuvent avoir des implications très sérieuses », fait-il ressortir.
Rien que pour 2024, 5 221 cas ont été recensés. Malheureusement, il n’y a pas données statistiques spécifiques concernant les enfants. Ce qui sera rectifié avec la révision de MAUCORS en MAUCORS Plus. L’apport de l’intelligence artificielle est utilisé afin de permettre de mieux répondre aux besoins.
Dans le cadre de la campagne, un vidéo-clip alertant les enfants sur les dangers du numérique a été réalisé. Pour mener à bien cette sensibilisation dans les écoles et collèges, les enseignants d’ICT ont été formés.
Le Dr Usmani Kaleem, Officer-in-Charge de CERT-MU, a indiqué qu’il y a un grand nombre de jeunes connectés aux réseaux sociaux. Sur le plan mondial, on compte 109,4 millions de jeunes âgés de 13 ans à 17 ans sur Facebook, parmi les 3 milliards d’abonnés. En 2024, sur les 1,04 milliard utilisateurs de Tik Tok, les 13-17 ans étaient les plus actifs. Sur les 2 milliards d’abonnés d’Instagram, 160 millions ont entre 13 ans et 17 ans. Concernant WhatsApp, 19% des 3 milliards d’utilisateurs ont de 15 à 25 ans. À Maurice, 821 000 personnes sont abonnées aux réseaux sociaux. Le plus populaire étant Facebook, dont 58% des usagers sont des hommes de 14 ans à 24 ans.
Plusieurs délits impliquant les jeunes ont été recensés. Rien que pour les deux premiers mois de 2025, il y a eu 198 cas de harcèlement en ligne, 67 cas de contenus inappropriés, 14 cas de Sextorsions, 84 cas de Cyberbullying et 111 cas de Scams, recensés sur MAUCORS.

—————————

Sef Defans, un assistant virtuel communiquant en Kreol Morisien

La plateforme de MAUCORS est dorénavant dotée d’un ChatBot permettant aux usagers de poser des questions liées à la cybercriminalité. À titre d’exemple, si une personne écrit qu’elle est victime de cyberharcèlement et demande conseil, l’assistant virtuel, baptisé Sef Defans, lui indique quelle est la marche à suivre.
Le plus intéressant est que l’assistant virtuel communique également en kreol morisien. Pour l’heure, c’est l’orthographe standard qui est reconnue. Cependant, fait-on ressortir, si d’autres graphies sont utilisées, l’intelligence artificielle finira par les reconnaître avec le temps.

—————————

Délits en hausse

De 2018 à ce jour, MAUCORS a enregistré 19 188 plaintes. Rien que pour l’année 2024, le nombre de cas s’élevait à 5 221. Ce qui représente une hausse de 60% comparé à 2020, où le nombre était de 1890.
Le cyberharcèlement représente le plus grand nombre de cas, soit 4 293 de 2020 à 2024. Pour la même période, 2 066 délits étaient liés aux contenus inappropriés ; 3480 cas de Hacking ; 1 222 cas de Cyberbullying ; 2 837 cas de Scam et de fraudes ; et 578 cas de Sextorsions.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -