Dépenses de Rs 39 959, + 12,9% par rapport à 2017
Un ménage sur deux en état d’endettement avec des remboursements mensuels de Rs 11 118 contre Rs 8 289 en 2017
Le téléphone cellulaire, un équipement incontournable dans toutes les familles, 98,2%
Le dernier Analytical Report de Statistics Mauritius, soit le Household Budget Survey 2023, rendu public, hier après-midi, dresse un tableau quasi complet de la situation des ménages à Maurice. Ainsi, les salaires moyens se montaient à Rs 55 578 par mois alors que les dépenses encourues étaient de l’ordre de Rs 39 959, après ajustements, par ménage, soit en hausse de 12,9% comparativement à 2017. Un autre élément, qui émerge des 83 pages de ce document, concerne le niveau d’endettement des ménages avec 48%, soit littéralement un sur deux endetté, et des remboursements mensuels de Rs 11 118, représentant une hausse de presque Rs 3 000 par rapport à 2017.
Avec le récent ajustement à la hausse du Key Repo Rate à la suite de la première réunion du Monetary Policy Committee sous le Stewardship du nouveau gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, un complément devra être ajouté à cet item à la fin de chaque mois. C’est ce qui découle d’un premier survol sommaire de ces données statistiques officielles.
D’entrée de jeu, le Household Budget Survey jette les bases de la cellule familiale, soit 3,2 membres en 2023 contre 3,4% en 2017, dû aux effets de la dénatalité, une présence féminine plus marquée à la tête des familles, 24,8%, presque une sur quatre, contre 22% en 2017 ou encore un Mauricien sur deux, âgé de plus de 16 ans économiquement actif, avec trois sur quatre employés dans le secteur tertiaire, soit les services.
Le tableau des revenus en 2023 se décline comme suit :
moyenne de Disposable Income de Rs 55 578 par mois, en progression de 22,3% comparativement à 2017
20% des ménages, soit un sur cinq, se partageant 43,4% des revenus alors que ceux au bas de l’échelle, soit toujours les 20%, se contentant de seulement de 6,2% des revenus, avec pour conclusion que « income inequality is highest among households in the fifth income quintile, with a Gini coefficient of 0.203 ».
Les sources des revenus des ménages comprennent 75% sous forme de salaires alors que les transferts sociaux sont à hauteur de 25%. La famille mauricienne est de loin de nature rentière vu que les revenus à l’item des Property Income ne représentent que 1% des revenus en moyenne.
Le rapport du Household Budget Survey tire la sonnette d’alarme sur le fait que durant les six dernières années, les transferts sociaux en faveur des ménages ont progressé de 94,7%, avec pour conséquence que le poids de l’Employment Income est tombé à 61,5% en 2023 contre 67,7% en 2017.
Un autre phénomène notable demeure le « shift of households towards higher income groups. » Ainsi, la proportion de ménages avec des revenus de moins de Rs 10 000 par mois est négligeable, passant de 8,3% en 2017 à 0,7% en 2023. Au cours de la même période, la part des ménages avec des revenus dans la fourchette de Rs 20 000 à Rs 70 000 a progressé de 57,9% à 61,8% alors que le pourcentage de ceux avec plus de Rs 70 000 par mois étant plus accentué, littéralement le double pour se situer à 24,9% en 2023.
Les données du dernier Household Budget indiquent que l’écart des revenus entre ménages urbains et ruraux s’est resserré même si dans les villes, la moyenne des Disposable Income était de Rs 57923, soit 7% de plus que ceux des régions rurales. « The decrease in the income gap between urban and rural households is explained by the higher increase in income among rural households, 57% against 46% for urban households », avance le rapport.
Du côté des dépenses, la hausse dans le budget des ménages en raison des prix et de l’inflation a été de l’ordre de 39,4%, soit Rs 39 959 par mois contre Rs 28 677 en 2017 après des ajustements. « After adjusting for price increases and decrease in household size between 2017 and 2023, the real increase in household expenditure works out to 12.9% », indique le Household Budget Survey.
D’autre part, un quart du budget des ménages est consacré à l’item des Food & Non-Alcoholic Beverages, soit exactement 26,2%, avec le transport représentant des dépenses de 14,4%, les boissons alcoolisées et les cigarettes : 11,1%, les factures des services (eau et électricité, gaz, etc .) : 10% ; la communication et l’information : 7% et loisirs et détente : 1,6%. Force est de constater que les ménages au bas de l’échelle dépensent jusqu’à 40% de leurs budgets respectifs à l’item alimentaire contre 23% pour ceux à l’autre bout du spectrum socio-économique.
L’on notera que durant la période de 2017 à 2023, les prix ont augmenté de 78% à l’item de la santé, de 55% pour les Personal Care, Social Protection and Miscellaneous Goods and Services (55%), de 48% pour les notes de restaurants et d’hôtels et de 47% pour la nourriture et les boissons non-alcoolisées.
Un ménage sur deux (48%) est endetté, soit quatre points de plus qu’en 2017. La grosse majorité de ces emprunts, soit 62% des ménages, a été contractée pour se procurer des articles électroménagers, dont dans le circuit para-bancaire (Leasings), 38% sous forme de prêts-logements et 15% pour l’achat de voitures. Ainsi, le budget mensuel pour le Servicing de cette dette est de l’ordre de Rs 11 118 en 2023 contre Rs 8 289 en 2017.
Le remboursement du prêt-logement est le plus élevé avec une moyenne de Rs 11 794 par mois. Puis suivent dans l’ordre le Leasing de la voiture : Rs 9 167, les autres items : Rs 7 410, les prêts pour les études : Rs 6 867. Les autres remboursements se présentent comme suit : achat de meubles : Rs 3 556, équipements audiovisuels : Rs 2 339 et les équipements ménagers : Rs 2 859.
« Debt repayment as a percentage of disposable income stood at 16.7% among households in the lowest quintile, slightly lower than 17.5% in 2017. Similarly, for the highest quintile, the proportion of disposable income devoted to debt repayment was 17.3% in 2023 compared to 18.8% in 2017 », souligne le rapport de Statistics Mauritius.
Le Household Budget Survey fait également état d’un rehaussement du niveau du confort dans les ménages avec la présence dans les foyers d’équipements, dont des réfrigérateurs, des machines à laver, des fours à micro-ondes, des plaques à gaz, du téléphone cellulaire, de chauffe-eau solaire ou encore de climatiseurs au cours de la période de 2017 à 2023.
Dans la quasi-totalité des ménages, soit 98,2% le téléphone cellulaire est présent, les lignes de téléphone fixe sont dans 68,8%, soit plus de deux familles sur trois, la climatisation dans une maison sur trois contre un sur cinq en 2017.
« More households are equipped with a solar water heater, 36.9% in 2023 against 31.9% in 2017. The same trend has been observed for gas shower with a share of 43.6% in 2017 to 51.9% in 2023. On the other hand, the share of households with electric shower declined from 11.0% to 8.4% during the same period. »
Au chapitre des activités économiques, une majorité de la population active, en l’occurrence trois sur quatre (75,2%), est engagée dans le secteur tertiaire alors que le secteur agricole n’est qu’à 4,3%. La participation féminine est aussi élevée, soit 86,8% contre 67,6% pour les hommes.
Par ailleurs, la répartition des heures de travail par semaine donne 43,5 heures pour les services administratifs, 42,8 heures dans les Accommodation and Food Service Activities et également le transport, le commerce en gros et au détail : 42,4 heures et le secteur de l’éducation formelle : 30,1 heures par semaine tout en excluant les leçons particulières privées.