La région Nord la plus touchée, avec interdiction d’irrigation pour les planteurs
Que 4 à 5 heures de distribution d’eau dans certaines autres régions avec la phase II activée dès ce samedi
La situation dans les réservoirs devient de plus en plus critique. Les derniers relevés de la Water Resources Unit (CWA) indiquent que le taux global de remplissage se situe à 38,1%. Le réservoir le plus affecté est La-Ferme, avec un niveau, représentant 26,3%. Mare-aux-Vacoas se situe à 41,4%. Des coupures drastiques ont déjà été appliquées et certaines régions se retrouvent avec quatre à cinq heures de distribution seulement. Quatre villages ont également été dotés de mini-réservoirs, tandis que les planteurs craignent la catastrophe (voir texte en page 10)
Le Water Crisis Committee, présidé par le ministre de tutelle Patrick Assirvaden, se réunit chaque jour, pour passer en revue la situation et prendre les mesures qui s’imposent. Déjà la phase 2 du plan de gestion de l’eau a été activée et des mesures drastiques ont été adoptées. À partir de samedi prochain, il ne sera donc plus possible d’utiliser l’eau potable pour laver les voitures. Les professionnels de ce secteur se retrouvent ainsi devant un dilemme. Tous n’ayant pas les options nécessaires pour le lavage à sec, qui nécessite un investissement supplémentaire.
Il ne sera pas possible non plus de remplir les piscines, tandis que les autorités ont pris le contrôle des nappes phréatiques privées, dont ceux sur les terrains de Medine et ENL. D’autres mesures seront annoncées au fur et à mesure que la situation évolue. Le passage en phase 3 n’est pas à écarter non plus.
À ce jour, le taux de remplissage déjà descendu sous la barre des 50% et pour répondre à l’urgence de la situation, l’eau de Midlands Dam, généralement utilisée pour l’irrigation, a été redirigée vers le réseau de la CWA. Dans la foulée, l’irrigation est interdite dans le Nord, région la plus touchée par la sécheresse.
Pour mieux gérer les ressources, la CWA a mis en place un nouveau calendrier pour la distribution d’eau dans les différentes régions de l’île. La fourniture oscille ainsi en moyenne entre 4 et 12 heures par jour. Des quartiers, s’ils se trouvent dans des zones de stress, se retrouvent avec un régime drastique. C’est notamment le cas Morcellement-Mauripark, à New Grove, avec trois heures de distribution par jour, Bambous-Virieux (4h), Union Park (4h), Vallée-des-Prêtres (4h) et Chemin-Grenier (6h), entre autres.
Afin de mieux répondre aux besoins en eau dans les régions affectées, la CWA a également centralisé la gestion des camions-citernes. Une trentaine de camions-citernes sont actuellement en opération, dont quatre à cinq, du privé. Comme annoncé par le ministre Assirvaden, des mini-réservoirs de 9 000 litres ont été installés dans certains endroits. À ce jour, quatre localités, dont Ti-Rodrigues, NHDC de Calebasses, Résidence-Briquetterie et Lallmatie, en ont été dotées.
Ces réservoirs font office de dépannage, dans l’attente des camions-citernes. Une surveillance est appliquée afin d’éviter tout abus. C’est pour cette raison que les mini-réservoirs ont été installés dans des lieux publics, comme la cour des centres communautaires. Les forces vives et les élus de ces localités apportent aussi leurs contributions à la bonne gestion des ressources. Une dizaine d’autres endroits de la région Nord auront aussi des mini-réservoirs.
Du côté des planteurs, la situation est très critique. Kreepalloo Sunghoon de la Small Planters’ Association, avance que les planteurs craignent la catastrophe : « Déjà, pour la canne, il y a un retard de trois mois de pousse. Généralement, les pluies de novembre et décembre permettent la croissance des boutures. Mais il n’y a pas eu de pluies et la croissance est déjà en retard. La récolte sera forcément affectée cette année. Nous sommes dans le pétrin. »
Pour ce qui est des légumes, beaucoup de planteurs n’ont pas pris de risques, ajoute Kreepalloo Sunghoon. « La CWA avait déjà donné une indication qu’il allait y avoir un problème au niveau de la fourniture d’eau. Donc, beaucoup ont préféré ne pas planter car ils allaient tout perdre. La chaleur favorise également les maladies. Ceux qui ont pris les risques sont ceux dont les plantations se trouvent près des cours d’eau ou sur les hauteurs, où il fait moins chaud », fait-il ressortir.
Dans certains cas, les planteurs ont fait appel à des camions-citernes. Ce qui ajoute à leurs coûts de production et impactera les prix. « Si la situation ne s’améliore pas, dans peu de temps, il y aura une pénurie pour certains légumes. Sans compter que nous sommes également en période cyclonique. À mon avis, le gouvernement devrait commencer à faire un audit des légumes disponibles sur le marché et prévoir pour l’importation à un prix contrôlé », fait ressortir Kreepalloo Sunghoon.
Le porte-parole de la Small Planters’ Association regrette que les autorités n’aient pas appris les leçons du passé. « Année après année, nous nous retrouvons avec la même problématique. Il est temps de régler le problème à la source. » Il ajoute qu’il ne reste plus qu’à prier, pour que les pluies arrivent enfin et que nous puissions sortir de cette situation.