La semaine écoulée a, sans aucun doute, été une des plus riches et intenses qu’on ait connue ces derniers temps. Elle a en effet été marquée par une série d’activités sur lesquelles il faudrait revenir dans les prochains jours. Nous avons ainsi eu droit à un séminaire sur la Route des esclaves à l’Université de Maurice, à une conférence importante organisée conjointement par l’AFD, Business Mauritius et l’Union européenne, consacrée à la finance durable, durant laquelle les 15 ans du SUNREF ont été célébrés. Cette réunion à laquelle avaient participé la Banque de Maurice et les représentants des banques a été l’occasion pour la directrice de l’AFD, Laetitia Habchi, d’attirer l’attention sur le contexte mondial incertain, marqué par le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris, et par des tensions économiques et géopolitiques croissantes.
Elle a aussi constaté que la priorité pour de nombreux États et acteurs économiques est de sécuriser leurs approvisionnements énergétiques, souvent au détriment des ambitions climatiques. Elle estime que l’AFD et l’Union européenne ont un rôle clé à jouer en démontrant que la transition écologique est non seulement nécessaire, mais est le seul modèle viable et bancable à long terme. À ce titre, la directrice de l’AFD se dit convaincue que la place financière mauricienne a un rôle fondamental à jouer pour assurer cette transition et atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030.
Sur le plan économique et financier, le Comité de politique monétaire a annoncé mardi une hausse des taux d’intérêt de 4 à 4,50%, une mauvaise nouvelle pour tous, car ils sont nombreux ceux à avoir obtenu des crédits bancaires, mais qui a été bien accueillie par les opérateurs économiques dans la mesure où cette décision s’attaque à l’inflation et aux pressions sur le taux de change. « Il faut contenir l’excès de liquidités dans le système et inverser le différentiel négatif des taux d’intérêt avec les principales devises étrangères, tout en s’attaquant aux pressions sur le taux de change », souligne le gouverneur de la BoM, Rama Sithanen.
Dans un contexte plus global, il attire l’attention sur les conséquences de la guerre commerciale provoquée par différentes mesures annoncées par la nouvelle administration américaine et souligne qu’elle pourra impacter sur le taux de change national, alimentant l’inflation par le biais des produits importés. Comme quoi, les consommateurs mauriciens ne sont pas sortis de l’auberge. Car il n’y a pas que la sécheresse persistante qui nous menace, mais aussi l’espoir de voir baisser les prix des commodités courantes, qui s’amenuise.
Un autre sujet qui a transcendé la semaine aura été le dossier Chagos. Le Premier ministre a terminé sa réponse à la PNQ du leader de l’opposition par un signe optimiste concernant la position américaine concernant l’accord conclu entre Maurice et la Grande-Bretagne. On a apprécié la position du gouvernement britannique face à ses détracteurs à la Chambre des Communes cette semaine. Après tout, Maurice est, jusqu’à preuve du contraire, un allié des Etats-Unis. Sinon l’administration américaine n’aurait pas investi Rs 14 milliards dans la construction d’une chancellerie moderne pour desservir Maurice et les pays de la région pour les décennies à venir. Les journalistes ont eu l’occasion d’apprécier les structures en construction cette semaine. Et comme l’a si bien dit le Premier ministre, Navin Ramgoolam, le président Trump n’est pas un loup.
La semaine s’est terminée sur une note positive avec l’adoption par le Parlement d’un amendement pour rendre au DPP les pouvoirs retirés par l’ancien gouvernement. Il est intéressant de noter que contrairement aux pratiques de l’ancien régime, un représentant de l’opposition, en l’occurrence Adrien Duval, a eu l’occasion d’intervenir avec le Premier ministre adjoint. Cela s’inscrit dans le cadre de la création de la démocratie exemplaire évoquée par Paul Bérenger et Navin Ramgoolam.
Ces derniers ont annoncé que l’amendement n’est qu’un premier pas dans la direction de la consolidation de la démocratie, qui passe par la garantie constitutionnelle que les élections régionales seront organisées et la réforme électorale, entre autres. Le changement est en bonne voie.
Jean Marc Poché