Enquête judiciaire sur le meurtre de Jacquelin Juliette : Le DPP réclame l’exhumation du corps à des fins de contre-autopsie

D’autres développements majeurs ont eu lieu dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la mort troublante de Jacquelin Juliette aux mains des éléments de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU). En effet, le représentant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP)  a formulé une motion en Cour pour l’exhumation du corps de Jacquelin Juliette  à des fins de contre-autopsie. Par ailleurs, le PC Horeesoran a passé plusieurs mauvais moments à la barre des témoins. Le représentant du DPP a mis en lumière une série de contradictions dans les dépositions consignées par lui, et a demandé à pas moins de trois reprises à la Presiding Magistrate d’administrer un avertissement au témoin contre tout parjure.

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Une nouvelle séance de l’enquête judiciaire sur la mort suspecte de Jacquelin Juliette s’est déroulée ce mardi en Cour de district de Pamplemousses, séance présidée par la magistrate Ramdewor-Naugah.

Cet homme de 36 ans, habitant Cité Ste-Claire, Goodlands, était mort dans les circonstances troublantes le 5 janvier 2023, après avoir été sauvagement tabassé par des éléments de l’ADSU chez lui, y compris dans ses parties intimes. Quelques heures plus tard, Jacquelin Juliette avait rendu l’âme.

Les révélations de Missier Moustass en 2024 avaient relancé cette affaire, dont une conversation téléphonique entre l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip et le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, conversation où le CP Dip semblait donner des directives pour que l’autopsie révèle que Jacquelin Juliette était décédé de causes naturelles.

Hizer, la sœur de Jacquelin Juliette, Sweta Juliette, a été rappelée à la barre par Me Nataraj Muneesamy, représentant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). Cette habitante de Cité Ste-Claire a dévoilé en Cour un T-Shirt de couleur jaune que portait Jacquelin Juliette lorsqu’il avait été tabassé par les limiers de l’ADSU, et qu’elle avait conservé.

De grosses traces brunâtres sont visibles à l’avant et à l’arrière du vêtement, que Sweta Juliette a affirmé qu’il s’agissait du sang de son frère. Elle a aussi révélé que ce T-Shirt n’avait fait l’objet d’aucun lavage depuis le jour fatidique. Ni l’IPCC ni la police ne lui avaient demandé ce T-shirt. Le vêtement a ensuite été mis sous scellé par un officier de la Cour.

Le PC Horeesoran a ensuite été appelé à la barre. Ce témoin avait rédigé un Statement où Sweta Juliette lui aurait affirmé qu’elle n’avait trouvé aucune trace de blessure sur le corps de son frère. Or, Sweta Juliette avait maintenu lors de la dernière séance qu’elle n’avait jamais rencontré le PC Horeesoran ce jour-là, et qu’elle n’avait jamais apposé sa signature au bas de cette déposition.

Suite aux questions de Me Muneesamy, le PC Horeesoran a expliqué qu’au moment du décès de Steve Juliette, il était affecté au poste de police de Goodlands et qu’il compte une vingtaine d’années d’expérience au sein de la force policière.

Le 5 janvier 2023, il avait été informé par ses supérieurs qu’il y avait un corps à la morgue de l’hôpital Dr. Jeetoo. Il avait ensuite convoyé l’ASP Nuckcheddy et le chef-inspecteur Foeud à cette morgue. L’ASP Nuckcheddy lui avait expliqué en cours de route que la famille voulait une contre-autopsie.

Les trois policiers étaient arrivés à la morgue de l’hôpital Jeetoo vers 12 h 30, selon le PC Horeesoran les proches du défunt étaient déjà sur place. Il avait lui-même attendu dans le parking tandis que les hauts gradés et les proches s’étaient dirigés vers les services du médecin légiste.

Plus tard, les proches et les hauts gradés sont revenus. L’ASP Nuckcheddy lui a alors donné des instructions pour consigner une déposition des membres de la famille de Juliette. C’est l’un des cousins de Steeve Juliette, Christopher Pierre Louis, qui avait accepté de consigner une déposition. Le PC Horeesoran avait consigné en fait deux dépositions de ce témoin sur une table de jardin qui se trouvait dans le parking, sur son Statement Pad.

Le premier Statement de Christopher Pierre Louis a alors été montré au policier.

Me Muneesamy (NM) : Avez-vous écrit qu’il y avait d’autres membres de la famille présents ?

PC Horeesoran (H) : Les autres membres de la famille étaient aux alentours du parking.

NM : Où avez-vous mentionné dans votre Statement que d’autres membres de la famille étaient présents ?

H : Non, je n’ai pas mentionné cela dans le Statement.

NM : Vous avez mentionné dans la dernière ligne du Statement que Sweta Juliette était présente. Vous avez fait une erreur dans le Statement ?

H : I am confused.

NM : Nous avons des contradictions dans le Statement. S’adressant à la magistrate : Votre Honneur, il faudrait adresser un avertissement au témoin pour parjure.

La magistrate Ramdewor-Naugah a alors indiqué au policier qu’il témoignait sous serment, et que tout manquement à la vérité pourrait avoir de graves conséquences.

NM : Êtes-vous familier avec le Police Instructions Manual ?

H : Not that much…

NM : Savez-vous que selon ce manuel, toute personne qui consigne ce type de Statement doit apposer ses initiales après le dernier mot et qu’une ligne oblique doit être tracée pour empêcher quiconque d’ajouter quelque chose ?

H : Je n’étais pas au courant.

NM : En 20 ans de carrière, vous ne saviez pas que ce règlement existe ? Dans ce premier Statement de Christopher Pierre Louis, il n’y a pas d’initiales, et pas de ligne oblique. Vous êtes d’accord que c’est une erreur ?

H : Oui.

Le deuxième Statement de Christopher Pierre Louis a alors été montré au policier.

NM : Encore une fois, il n’y a pas d’initiales après le dernier mot ? Pas de ligne oblique ? D’autres erreurs ont été faites dans ce Statement ?

H : Oui.

NM : Vous avez pris ce deuxième Statement avec le même rythme et sous les mêmes conditions que le premier ?

H : Oui.

NM : Il y a 18 lignes dans ce Statement. Cela vous a pris 5 minutes. Or, dans le premier Statement, il y avait 16 lignes, et cela vous a pris 10 minutes. Comment expliquez-vous cela ?

H : En ce qui concerne ce deuxième Statement, ASP Nuckcheddy avait déjà briefed Christopher Pierre Louis que j’allais prendre une autre déclaration.

NM : Comment cela a-t-il accéléré le Recording de ce Statement ? L’ASP Nuckcheddy a-t-il dicté à Christopher Pierre Louis quoi dire dans le Statement ? Vous a-t-il expliqué quoi écrire dans ceSstatement ?

Devant les hésitations du témoin, Me Muneesamy a demandé à la magistrate de donner un autre avertissement pour parjure au témoin.

H : Le temps pris pour consigner un Statement dépend du témoin, et comment il donne le Statement.

NM : Des blancs ont été laissés dans le document. Étrange, non ?

H :

NM : Dans ce Statement de Christopher Pierre Louis, la cause du décès est inscrite comme une acute pulmonary oedema ?

H : C’est le Dr Gungadin et l’ASP Nuckcheddy qui m’ont dit que la cause de décès est une acute pulmonary oedema.

NM : Donc, ce n’est pas Christopher Pierre Louis qui vous a mentionné cela ? S’adressant à la magistrate : Je pense qu’un autre avertissement pour parjure est nécessaire.

Magistrate : Vous avez dit que c’est le Dr Gungadin et l’ASP Nuckcheddy qui vous ont dit que la cause du décès est une acute pulmonary oedema ?

H : Oui.

Le représentant du DPP a alors préféré mettre fin à son interrogatoire. Il compte toutefois rappeler le PC Horeesoran à la barre des témoins. Il a alors présenté une motion à la magistrate sous la section 60 du District and Intermediate Courts Act afin que le corps de Jacquelin Juliette, actuellement enterré au cimetière de Poudre d’Or, soit exhumé et soumis à une contre-autopsie, qui sera pratiquée par un médecin-légiste choisi par le bureau du DPP.

Me Rama Valayden, qui assure un Watching Brief pour la famille Juliette, a indiqué à la Cour que la famille n’avait aucune objection quant à cette démarche.

La magistrate a renvoyé cette affaire au jeudi 27 mars.

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