Les travaux de l’enquête judiciaire sur la mort de Jacquelin Juliette se sont poursuivis ce mardi 4 février devant la Cour de Pamplemousses. Aujourd’hui, c’est le Constable de police Horeesoran qui a été entendu tout comme Sweta Juliette, la sœur de Jacquelin. Le représentant du Directeur des Poursuites Publiques a présenté une motion ce mardi. Me Nataraj Muneesamy a demandé que le corps de Jacquelin Juliette soit exhumé à des fins d’autopsie. Cet exercice permettra d’établir et de vérifier la cause de la mort de Jacquelin Juliette, a expliqué Me Muneesamy. Suivant cette motion, Rama Valayden, représentant de la famille Juliette n’a présenté aucune objection. Ainsi, la magistrate Neelah Ramdewar-Naugah fera connaître sa décision lors de la prochaine séance, fixée au 27 mars.
Par ailleurs, le policier Horeesoran(PH), comptant plus de 20 ans au sein de la force policière a été appelé à la barre des témoins. Il était celui qui avait enregistré les déclarations de Christopher Pierre-Louis (proche de la famille Juliette) et de Sweta Juliette le jour où l’autopsie avait été effectuée, soit le 5 janvier 2023. Ce jour-là, le policier dit s’être rendu à la morgue, en compagnie de ses supérieurs, l’ASP Nuckcheddy et le CI Foued.
Me Muneesamy (NM) s’est attardé sur la déclaration enregistrée auprès de Christopher Pierre-Louis.
NM : Chaque déclaration que vous enregistrez doit être volontaire, n’est-ce pas ?
PH : Oui
NM : Et vous devez écrire tout ce qui a été dit ?
PH : Oui
NM : Vous étiez pressée ce jour-là ?
PH : J’avais eu une journée éprouvante
NM : Pourquoi ?
PH : J’avais des problèmes personnels et j’étais un peu fatigué
NM : (Faisant référence à une déposition) C’était le 6 janvier 2023 à 12:50 ?
PH : Oui
NM : Vous reconnaissez votre écriture ?
PH : Oui
NM : Tout ce que vous avez écrit, c’est M. Christopher Pierre-Louis qui vous l’a dit ?
PH : Oui
NM : Et ensuite ? Vous lui avez tout lu après ?
PH : Oui
NM : Et enfin ? Que vous a-t-il dit ?
PH : Rien
NM : (étonné) Rien ? Il n’a pas approuvé ce que vous avez écrit ?
PH : Il l’a lu et il m’a dit que c’était OK
NM : Il l’a signé ?
PH : Oui
NM : Vous le confirmez sous serment ?
PH : Oui
NM : Vous avez dit un peu plus tôt que seulement M. Christopher Pierre-Louis qui vous avez accompagné au parking pour la déclaration
PH : Oui
NM : Il n’y avait personne d’autre ?
PH : Les membres de sa famille aussi sont arrivés pendant que je consignais la déclaration
NM : Vous avez fait mention de cela dans votre déclaration ?
PH : Non (Puis il rectifie tout de suite). Oui ! J’ai mentionné que c’était en présence de ses proches
NM : Donc, où dans la déclaration, faites-vous mention que les membres de la famille Juliette étaient également présents ?
PH : Non
NM : Non quoi ?
PH : Non, je ne l’ai pas mentionné
NM : Vous ne l’avez pas mentionné ? Mais pourquoi ?
PH : J’étais confus. (Il poursuit) J’ai mentionné que sa soeur Sweta et Caroline étaient présents
NM : Où ?
PH : La dernière ligne. Mais je n’ai pas parlé de Caroline
NM : Vous acceptez que vous avez commis une erreur ?
PH : Non
NM : Pourquoi ?
PH : En consignant la déclaration, Caroline errait dans le parking.
NM : Elle marchait dans le parking ?
PH : Oui
Le représentant du DPP se tourne alors vers la magistrate Neelah Ramdewar-Naugah en affirmant que les réponses du témoin sont contradictoires. Elle demande au policier : « Êtes-vous au courant que vous êtes sous serment ? »
Il répond alors par l’affirmative.
Elle reprend : « Vous savez à quel point ce cas est sérieux ? »
La magistrate lui donne alors un avertissement pour parjure.
Le policier a également avoué qu’il n’est pas familier avec les règlements des instructions de la police. Il a expliqué qu’il ignorait qu’il fallait poser les initiales de la personne concernée sur une déposition et tirer un trait, afin que la déposition ne puisse être modifiée par la suite.
Par ailleurs, Sweta Juliette a remis le t-shirt que portait son frère au moment des faits, soit lorsqu’il avait subi des coups de la part des policiers à Cité St Claire en janvier 2023. Le T-shirt en question portait des traces de couleur rouge. Questionnée par Me Muneesamy, elle devait affirmer qu’il s’agissait « des traces de sang » de son frère. « Les enquêteurs de l’Independent Police Complaints Commission n’ont pas demandé d’examiner ce vêtement pendant leur enquête », a encore fait comprendre Sweta Juliettte.
Dans une déclaration à la presse ce mardi, Me Rama Valayden, a fait ressortir que la famille Juliette ne compte nullement objecter à la demande d’exhumation du corps de la victime.
À savoir que le nom de l’ex-Commissaire de Police avait été ajouté à la liste des témoins.