Industrie locale : Les DOE génèrent plus de valeur ajoutée que les EOE

L’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) a commandité une étude sur la contribution de l’industrie domestique et son potentiel de développement. L’un des premiers constats est que l’industrie domestique (Domestic-Oriented Enterprises) génère davantage de valeur ajoutée que les entreprises exportatrices (Export-Oriented Enterprises). Lawrence Wong, président de l’AMM, a évoqué les conclusions de cette étude dans les grandes lignes lors du lancement officiel de la cuvée 2025 du programme En Route Vers le Made in Moris.

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Le secteur manufacturier emploie directement 90 000 personnes et, par ricochet, soutient entre 175 000 et 200 000 travailleurs, soit près de deux employés sur cinq dans le pays. Mais le potentiel de ce secteur est beaucoup plus vaste. Il y a 20 ans, il représentait un peu plus que 20% du PIB. « Cela signifie que si nous avions gardé notre contribution, notre apport au gâteau national aurait été de Rs 121 milliards. Faites le calcul : cela représente un manque à gagner de Rs 44 milliards annuellement ! » lance Lawrence Wong. « Cela aurait ainsi permis au pays d’avoir une croissance de plus de 6% ces dernières années. »

Face à ces chiffres, l’AMM estime urgent de revoir notre modèle économique, notre stratégie de croissance et notre dépendance au monde. D’où l’étude sur la contribution du secteur manufacturier et son potentiel, dont les conclusions devraient être partagées prochainement. Les premiers résultats montrent que « les Domestic-Oriented Enterprises génèrent plus de valeur ajoutée que les Export Oriented Entreprises. Cela donne à réfléchir… L’industrie mauricienne n’attire que 4% des investissements totaux du pays. Nous avons atteint Rs 7 milliards d’investissements en 2024, une hausse de 11,2% par rapport à 2023. Mais ce montant reste très modeste comparé aux Rs 171 milliards investis globalement dans l’économie mauricienne. Nous estimons qu’il est possible d’attirer entre Rs 20 et 30 milliards d’investissements chaque année dans ce secteur. »

Levier stratégique

Face à ces perspectives, l’AMM compte tout mettre en œuvre pour bien placer le secteur manufacturier et le Made in Moris au coeur de toutes les ambitions économiques et de toutes les stratégies de développement exprimées dans le discours programme du gouvernement de l’Alliance du Changement. « Nous partageons pleinement la vision du gouvernement pour une économie axée sur la productivité, l’innovation et la durabilité. Le secteur manufacturier se positionne comme un levier stratégique pour transformer Maurice en une Green and Blue Economy », dit le président de l’association.

Le ministre de l’Industrie, Aadil Ameer Meea, a déclaré que le label Made in Moris est devenu un symbole de fierté nationale, qui inspire confiance et symbolise « notre engagement à produire des biens qui répondent aux normes de qualité rigoureuses », tout en respectant un cahier de charge qui n’est pas nuisible à l’environnement.

Il a expliqué qu’en adhérant à ce label, les entreprises « ouvrent la voie à un secteur innovant, résilient et compétitif à l’échelle mondiale ». Le ministre soutient que le secteur manufacturier est un moteur du développement économique, avec une production de bien estimée à Rs 176 milliards en 2023.

Aadil Ameer Meea a mus l’accent sur l’engagement indéfectible du gouvernement à soutenir les entrepreneurs, avant d’affirmer que la clé de notre réussite réside dans la création d’une nouvelle culture entrepreneuriale, adaptée aux réalités d’un ordre économique mondial en constante mutation. « C’est pourquoi le gouvernement introduira un nouveau cadre légal et un ensemble d’incitations innovantes pour renforcer la compétitivité de nos PME », fait-il comprendre. Il a aussi évoqué la tenue des Assises de l’Industrie le 13 février , visant à développer une vision commune pour l’avenir des entreprises locales.

Dhaneshwar Damry, ministre délégué aux Finances, a, lui, souligné que les contraintes économiques du pays « nous obligent à être différents et ambitieux », tout en développant une proposition commerciale unique. Il a plaidé pour l’exportation et l’internationalisation de nos compétences en production et en marketing.

Il a aussi déploré que le pays importe du poisson. « Comment en sommes-nous arrivés là ? Je laisse les professionnels du secteur répondre à cette question. » Pour lui, ce constat appelle à une remise en cause. « Dans un monde où la production se relocalise, nous n’avons pas encore su sortir de nos habitudes. Surtout pour un produit alimentaire qui aurait pu être un pilier de notre autonomie. Dans l’exemple du poisson, il y a clairement des points sur la chaîne de valeur qui va du producteur au consommateur où notre production nous échappe. Il est temps de se la réapproprier. »

(Encadré)

39 entreprises en course

pour décrocher le label

Le Made in Moris a officiellement présenté les 40 entreprises qui constituent la cohorte 2025 de son programme “En Route Vers le Made in Moris”. Soutenu par le ministère des Finances et le ministère de l’Industrie, ce programme offre un accompagnement gratuit aux entreprises sélectionnées. Les participants suivront des ateliers, animés par des experts de l’écosystème Made in Moris.

Cette année, 90 entreprises ont soumis leur candidature pour intégrer la cuvée 2025 et 39 ont été retenues sur la base de la maturité de leurs activités et de leur potentiel à obtenir le label. Une continuité inspirée par le succès de la cohorte 2024. Suite au succès de cette première cuvée 2024, qui a vu 35 entreprises obtenir le label après un parcours rigoureux, l’édition 2025 se donne pour mission de répliquer et d’amplifier ces résultats.

En 2024, sur les 90 candidatures reçues, 40 entreprises avaient été sélectionnées. Par ailleurs, 38 avaient complété la formation et 35 avaient reçu le label, démontrant un réel engouement pour le programme En Route Vers le Made in Moris.

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