Alors que cela fait des années que nous entendons parler d’économie bleue, force est de constater que cela n’a été qu’un vœu pieux. Aujourd’hui que le nouveau gouvernement vend le projet comme une idée phare tout comme faire du port un des centres logistiques les plus compétitifs de l’océan Indien, comment éviter que ces ambitions ne soient pas qu’un slogan creux ?
Mubarak Sooltangos, observateur économique, fait des suggestions pour que le port connaisse un volume d’opérations nettement plus important. Quant au potentiel commercial entre les pays africains, il note que « l’Europe ne consentira jamais à les laisser convertir leurs produits de base en produits semi-finis et produire de la valeur ajoutée. C’est la continuation de la colonisation à distance, qui passe par l’instabilité politique perpétuelle en Afrique, pilotée par l’Europe ». C’est là où se trouve le salut de Maurice, souligne-t-il, qui peut devenir un centre de conversion de matières premières de l’Afrique. Toutefois, prévient-il, « sans dialogue permanent et le suivi permanent du progrès accompli, ces projets ne seront qu’un vœu pieux. »
De son côté, Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, société de services financiers, martèle qu’« il est essentiel, au-delà de la conceptualisation théorique des plans directeurs, que nous nous concentrons davantage sur l’exécution ». Pour un pays qui vise la migration vers un État océanique, une installation portuaire de classe mondiale est de mise, confirme-t-il. Il conseille vivement des alliances géostratégiques avec les Chinois « car nous devons servir de port-pont entre l’Asie et l’Afrique et vice versa ».
La Chine étant le plus grand partenaire commercial bilatéral de l’Afrique, fait-il comprendre, « c’est sur cette voie que se développera probablement une part raisonnable du commerce mondial futur au cours des prochaines décennies. Nous devons viser à capturer au moins 10 à 20 % de tous les volumes d’échanges bilatéraux Chine/Afrique transitant par Maurice et vice-versa par nos ports. »
Pour Takesh Luckho, économiste, si Maurice veut devenir « un tigre de la région, il faudra aller vers des secteurs d’innovation ». Port-Louis étant entre l’Afrique et l’Asie, il peut devenir un port stratégique de transition. Ce qui l’induit à dire que la prochaine étape est ainsi de transformer le port en un centre logistique « pourvoyant des services portuaires, renforçant par là même l’importance de Maurice en tant que partenaire international ou régional ». Il estime que le potentiel de l’économie bleue est sous-exploité pour des raisons logistiques et géopolitiques.
——————————
MUBARAK SOOLTANGOS : « Maurice, centre de conversion de matières premières de l’Afrique »
Lors du Logi-consult Trade and Investment Forum 2025, récemment, le Junior Minister des Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, a indiqué que Maurice intensifie ses efforts pour positionner le pays comme l’un des centres logistiques les plus grands et les plus compétitifs de l’océan Indien. Quelle est la pertinence d’une telle initiative pour la croissance économique ?
Il faut savoir que le gouvernement a hérité d’un port qui se classifie parmi les pires au monde. Il est prématuré de dire que nous intensifions les efforts alors que les efforts, s’il y en a, ne commencent que maintenant.
Je ne crois pas que notre problème soit dû à la mauvaise qualité des équipements. C’est plutôt une improductivité chronique de la main-d’œuvre, sans cesse augmentée en nombre pour caser les protégés de toute sorte et tolérée depuis des années puisque ce sont des agents politiques intouchables.
Si nous ajoutons à cela des recrutements à haut niveau sur des critères ne tenant pas compte des compétences, et des promotions accordées sur la base de l’allégeance politique, nous avons les ingrédients ce qu’il faut pour créer un ensemble sclérosé qui ne peut être contrôlé et discipliné ni à l’intérieur, ni de l’extérieur.
Si nous examinons le coût de la main-d’œuvre consacrée à la logistique, nous risquons de voir une masse salariale gigantesque et une facture d’heures supplémentaires énorme, caractéristiques de l’improductivité de tout système qui sommeille. Partout où la productivité de la main-d’œuvre peut être mesurée avec précision, ce qui est le cas du port, les gestionnaires intelligents optent pour un salaire de base augmenté d’une rémunération proportionnelle liée à la production. C’est le meilleur vecteur de la productivité.
J’aurais introduit tout de suite un barème de rémunération à la pièce, en baissant les salaires de base, même si ce procédé coûte immédiatement, 10-15 % de plus à l’État, à défaut de quoi, nous ne ne trouverons jamais un accord avec les syndicats. À partir de là, le volume des opérations du port augmentera, oxygéné par une manutention accélérée qui attirera de nouveaux clients. Au bout de trois ans, nous aurons un volume d’opérations nettement plus important, ce qui absorbera le coût augmenté de la main-d’œuvre de départ.
Le Junior Minister a, en outre, souligné les opportunités à forte croissance dans les régions de la SADC, du COMESA et de la COI et a regretté que malgré diverses facilités, les pays africains commercent davantage avec le reste du monde qu’entre eux. Or, le potentiel commercial entre les pays africains est énorme et juge crucial de tirer parti de nos adhésions à la SADC, la COMESA, la COI et la Zone de libre-échange continentale africaine. Partagez-vous son avis ?
Si l’Afrique, gros producteur de matières premières (minérales, maritimes et agricoles) continue à exporter sa production brute vers l’occident, c’est parce que l’Europe en particulier ne consentira jamais à la laisser convertir ses produits de base en produits semi-finis et produire de la valeur ajoutée sur son sol. La prospérité de l’Europe a été bâtie sur les prix dérisoires des matières premières.
C’est la continuation de la colonisation à distance, qui passe, soit par l’instabilité politique perpétuelle en Afrique, pilotée par l’Europe soit la mise en place de dirigeants à leur solde qui font tout pour freiner le développement de leurs propres pays. L’Europe ne lésine pas sur les moyens d’empêcher l’installation de tout gouvernement progressiste, et si malgré tout cela se produit, elle le renversera bien qu’il ait été démocratiquement élu. Inciter et financer des soulèvements de rue ou la guerre est une recette payante pour l’Europe.
Le salut de Maurice se trouve en devenant un centre de conversion de matières premières de l’Afrique (tout au moins agricole). Nous faisons partie de l’Afrique tout en n’étant pas africains aux yeux de l’Ouest, parce que nous sommes un producteur de services, (touristique et financier) établi et reconnu pour sa qualité et exportateur régulier de ces services, aussi bien que de nos produits manufacturés vers les pays occidentaux.
De l’autre côté, le ministre de l’Agro-Industrie, Arvin Boolell, s’agissant de l’économie bleue, parle de l’importance de mobiliser le soutien des pays voisins concernant la mise en place d’un port de pêche qui peut, dit-il, être doté d’une dimension régionale. Il qualifie en outre l’abondance du thon dans la zone économique exclusive du pays de produit de grande valeur qui doit être pêché, précise-t-il, dans le cadre d’un développement durable renforcé dans le secteur. Votre opinion sur le potentiel économique de l’économie bleue ?
Le besoin d’exploiter nos ressources marines comme pôle de développement est l’évidence même, mais nos gouvernements successifs se sont contentés de faire des vœux pieux, en annonçant en grande pompe la conversion de Maurice en Seafood hub, mais en laissant toutes les initiatives au secteur privé. Il y a des préliminaires dans la recherche de ce résultat.
Ce sont avant tout un dialogue de tous les instants avec le secteur privé pour définir une vision et la stratégie à adopter, ensuite mettre en place les moyens de financement des investissements de départ, les incitations fiscales, les discussions d’État à État avec les pays acheteurs dans le but de rechercher le libre accès de nos produits dans ces pays et des arrangements fiscaux avantageux.
Il y a ensuite la formation de la main-d’œuvre pour l’extraction des ressources maritimes et leur conversion. Le secteur privé veut le chemin le plus court, soit investir dans les moyens de production pour en tirer un bénéfice immédiat. Les préliminaires, et il y en a beaucoup, sont la responsabilité du gouvernement. Donc, sans dialogue permanent et le suivi permanent du progrès accompli, l’économie bleue restera un vœu pieux.
En conclusion, l’exploitation du potentiel commercial entre les pays africains et l’économie bleue sont-elles cruciales dans la perspective de croissance de notre économie ?
Elles le sont certainement puisqu’il s’agira de nouveaux pôles de développement qui viendront diversifier notre économie et l’axer sur la production plutôt que sur cette abomination qui s’appelle la croissance par la demande, qui nous a ruinés.
——————————
AMIT BAKHIRTA (Anneau) : « Construire des alliances géostratégiques avec les Chinois »
Lors du Logi-consult Trade and Investment Forum 2025, récemment, le Junior Minister des Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, a indiqué que Maurice intensifie ses efforts pour positionner le pays comme l’un des centres logistiques les plus grands et les plus compétitifs de l’océan Indien. Quelle est la pertinence d’une telle initiative pour la croissance économique ?
Nous comprenons que l’exécutif s’engage à créer les fondations pour que Maurice devienne enfin un État océanique. Il est essentiel qu’au-delà de la conceptualisation théorique des plans directeurs et de la création de processus départementaux bureaucratiques supplémentaires – souvent inefficients !, Nous nous concentrons davantage sur l’exécution et les contributions nominales réelles en espèces à la production économique et, par conséquent, l’exécution et le développement actuel sont essentiels.
Bien qu’il soit raisonnablement pertinent pour notre petit pays de viser la migration vers un État océanique, une installation portuaire de classe mondiale est la structure fondamentale sur laquelle un tel État océanique devrait reposer. D’un point de vue plus granulaire, nous conseillons fortement de construire des alliances géostratégiques avec les Chinois à cet égard car nous devons servir de port-pont entre l’Asie et l’Afrique et vice versa.
La Chine étant le plus grand partenaire commercial bilatéral de l’Afrique, la stratégie de nos ports est logique. C’est sur cette voie que se développera probablement une part raisonnable du commerce mondial futur au cours des prochaines décennies. L’année dernière, la Chine a traité environ 204 millions d’EVP (équivalent vingt pieds), l’Afrique du Sud environ 4 millions, tandis que les ports mauriciens ont traité 407 825 EVP ; soit 0,20 % de ce que la Chine a traité, négligeable !
En outre, la délivrance de diverses licences de pêche semi-industrielle et industrielle, l’accès au capital, la formation et le développement et les partenariats pour les entrepreneurs de la pêche, ainsi que la promotion d’une semaine de marché de la pêche de renommée internationale sont essentiels pour son image de marque.
Par conséquent, la transition vers une économie de grand État océanique devrait avant tout englober une vision holistique avec des sous-activités telles que la contribution au PIB et que ce secteur (y compris la pêche) puisse croître de plus de 8 à 9 % du PIB, de manière durable au cours des années à venir.
Le Junior Minister a en outre souligné les opportunités à forte croissance dans les régions de la SADC, du COMESA et de la COI et a regretté que malgré diverses facilités, les pays africains commercent davantage avec le reste du monde qu’entre eux. Or, le potentiel commercial entre les pays africains est énorme et juge crucial de tirer parti de nos adhésions à la SADC, la COMESA, la COI et la Zone de libre-échange continentale africaine. Partagez-vous son avis ?
D’un point de vue géopolitique régional, nous avons historiquement négligé ce qui aurait dû être aujourd’hui notre principal marché économique : l’Afrique.
À ces différents niveaux de groupe et même à l’Union africaine, l’île Maurice a été un participant raisonnablement « endormi » pendant des décennies, pour des raisons d’héritage historique et émanant de notre dépendance excessive aux marchés européens. Il a récemment été rapporté que nous devions encore quelque 11 millions de dollars de frais à la SADC ! etc., ce qui dénote un comportement inacceptable de la part d’un pays soi-disant sérieux…
Par conséquent, même si nous devons invariablement renforcer et développer nos liens avec l’Afrique, cela prendra du temps et ces liens ne peuvent pas être ponctuels, sans relations de travail claires à long terme.
Notre modèle économique devrait être davantage orienté vers le continent africain. Aujourd’hui, notre PIB ne représente qu’à peine 0,10 % des 3 000 milliards de dollars de production économique de l’Afrique.
Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour conclure qu’il faut faire davantage pour l’avenir.
De l’autre côté, le ministre de l’Agro-Industrie, Arvin Boolell, s’agissant de l’économie bleue, parle de l’importance de mobiliser le soutien des pays voisins concernant la mise en place d’un port de pêche qui peut, dit-il, être doté d’une dimension régionale. Il qualifie en outre l’abondance du thon dans la zone économique exclusive du pays de produit de grande valeur qui doit être pêché, précise-t-il, dans le cadre d’un développement durable renforcé dans le secteur. Votre opinion sur le potentiel économique de l’économie bleue ?
Depuis plusieurs années, chez Anneau, nous plaidons pour que l’île Maurice développe davantage son potentiel marin.
Oui, une refonte et un développement de nos pêcheries sont essentiels pour devenir un grand État océanique et c’est là que nous avons besoin d’alliances géopolitiques stratégiques et de revoir le marché de production actuel et le dynamisme du marché final, là où une plus grande libéralisation est nécessaire.
Notre industrie de la pêche actuelle est obsolète. Utiliser les outils d’hier pour les travaux de demain ne peut vous mener que jusqu’à un certain point.
En conclusion, l’exploitation du potentiel commercial entre les pays africains et l’économie bleue sont-elles cruciales dans la perspective de croissance de notre économie ?
C’est invariablement le cas, oui, mais nous réitérons que l’économie bleue doit être fondée sur la croissance en tant que pont entre l’Afrique et l’Asie. Pour faire simple, nous devons viser à capturer au moins 10 à 20 % de tous les volumes d’échanges bilatéraux Chine / Afrique transitant par Maurice et vice-versa par nos ports. Du point de vue de la pêche, l’Asie est le plus grand marché du monde entier. C’est donc là que nous devons nous concentrer sur le marché final.
Considérant une consommation par habitant d’environ 24 kg en Asie et une consommation encore faible d’environ 9,2 kg par habitant en Afrique, le potentiel du marché est énorme !
Le positionnement reste essentiel pour faire de notre pays une véritable grande économie océanique et pas seulement un slogan.
——————————
TAKESH LUCKHO (Economiste) : « Dessalement et énergie sur une base de partenariat régional »
Lors du Logi-consult Trade and Investment Forum 2025, récemment, le Junior Minister des Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, a indiqué que Maurice intensifie ses efforts pour positionner le pays comme l’un des centres logistiques les plus grands et les plus compétitifs de l’océan Indien. Quelle est la pertinence d’une telle initiative pour la croissance économique ?
Il est primordial de positionner Maurice comme centre important. Depuis les 10 dernières années, nous nous attendions que Maurice, en tant que modèle économique, prenne une dimension autre. Jusqu’ici, nous dépendons du miracle mauricien, précisément l’industrialisation ; sur les secteurs primaire et secondaire.
Depuis 2000, nous nous sommes tournés vers le secteur tertiaire, celui des services. Mais, depuis 5 ans environ, nous sommes dans une dynamique stagnante. Les secteurs qui créent de la croissance (ICT, finances etc.) stagnent désormais. D’où la grande nécessité de trouver d’autres créneaux de croissance.
Maurice est un pays stratégique géographiquement parlant. Nous parlons depuis longtemps de faire du pays un Hub dans plusieurs domaines (éducation, santé, logistique). Nous n’avons malheureusement rien vu de concret. Si nous voulons que Maurice croisse et devienne un tigre de la région comme le Singapour ou Hong Kong, il nous faut aller vers des secteurs d’innovation.
Port-Louis étant entre l’Afrique et l’Asie, il peut devenir un port stratégique de transition. Nous avons commencé à le faire pour les bateaux de croisière. La prochaine étape est donc de transformer notre port en un centre logistique pourvoyant des services portuaires, renforçant par là même l’importance de Maurice en tant que partenaire international ou régional.
Le Junior Minister a en outre souligné les opportunités à forte croissance dans les régions de la SADC, du COMESA et de la COI et a regretté que malgré diverses facilités, les pays africains commercent davantage avec le reste du monde qu’entre eux. Or, le potentiel commercial entre les pays africains est énorme et il juge crucial de tirer parti de nos adhésions à la SADC, la COMESA, la COI et la Zone de libre-échange continentale africaine. Partagez-vous son avis ?
Ma thèse de doctorat traite de ce sujet : est-ce que Maurice et les pays africains bénéficient pleinement des accords avec la SADC et le COMESA ? Ma spécialisation était le commerce international et le développement. Dans ma thèse, qui remonte à 2018, j’ai démontré que la tendance d’importation est comme le souligne le ministre délégué, Narsinghen : nous avons tendance à aller davantage vers l’Europe, les USA, la Chine ou l’Inde. Bien des commerçants ignorent les avantages des accords comme l’exemption de frais de douane. Premièrement, il y a un manque d’information et deuxièmement, il y a la perception que la qualité en Afrique laisse à désirer.
Du Kenya, par exemple, nous pouvons importer du coton mais la perception veut que la qualité du coton soit moindre que celle de Chine où le coton est cueilli à la main. Mais, si l’importateur mauricien va au Kenya pour préciser le type de coton qu’il cherche, la compagnie en question accèdera à sa demande. Il suffit de préciser ses exigences. En effet, une poignée de pays bénéficient de ces accords préférentiels qui sont sous-exploités.
Par ailleurs, parfois, le textile ne reçoit pas de commandes des pays africains. La raison est simple : le style, la matière et les tailles ne sont pas compatibles. C’est davantage de style et de taille européens. Le Mauricien souhaitant exploiter ce marché devra diversifier et apporter un nouveau style. Il convient de changer de mindset et de comprendre l’Afrique et y adapter nos produits.
De l’autre côté, le ministre de l’Agro-Industrie, Arvin Boolell, s’agissant de l’économie bleue, parle de l’importance de mobiliser le soutien des pays voisins concernant la mise en place d’un port de pêche qui peut, dit-il, être doté d’une dimension régionale. Il qualifie en outre l’abondance du thon dans la zone économique exclusive du pays de produit de grande valeur qui doit être pêché, précise-t-il, dans le cadre d’un développement durable renforcé dans le secteur. Votre opinion sur le potentiel économique de l’économie bleue ?
Là encore, le potentiel de l’économie bleue est sous-exploité pour des raisons logistiques et géopolitiques. Maurice est un petit pays mais la ZEE est grande et nous la partageons avec plusieurs pays voisins comme La-Réunion, les Seychelles, les Maldives. Il y a des initiatives que nous pouvons prendre en collaboration avec d’autres pays car si nous avons une certaine expertise, nous n’en avons pas toutes s’agissant de l’exploitation des ressources maritimes autres que le thon.
Il faut une collaboration et une stratégie entre les pays de la région. Alors qu’on est confronté à la sécheresse, découlant du changement climatique, nous pourrions utiliser l’eau de mer pour le dessalement. Nous pourrions produire de l’énergie sur une base de partenariat régional.
Maurice peut être un point d’ancrage pour le développement de l’économie bleue. Il importe d’avoir un plan stratégique pour Maurice d’abord et voir comment intégrer l’économie bleue dans notre économie et non pas faire d’elle une Stand Alone Industry.
En conclusion, l’exploitation du potentiel commercial entre les pays africains et l’économie bleue sont-elles cruciales dans la perspective de croissance de notre économie ?
En préparant ma thèse, j’ai voulu savoir à quel point notre pays bénéficie des accords commerciaux régionaux. La réponse était oui et non. Oui, un pays ouvert comme Maurice bénéficie du commerce international en termes de diversité de produits et en termes de marchés exploitables.
De l’autre côté, les bénéfices dépendent d’un gros facteur : ces pays régionaux sont-ils des Natural Trading Partners (avoir des produits différents) ? Le problème avec les pays africains, c’est qu’ils utilisent presque les mêmes produits, ce qui limite le potentiel d’exploitation. Par exemple, si nous exportons du sucre ou des produits manufacturiers, plusieurs en font de même. Pour mieux exploiter ces accords, il convient de devenir des Natural Trading Partners et non des compétiteurs. Cela demande de comprendre le marché africain et adapter nos produits. En effet, nos voisins ont de grands marchés que nous pouvons exploiter avec ces accords préférentiels.