Artistes contre le génocide d’Israël à Gaza – Rajni Lallah : « Maurice aussi est victime de colonisation ! »

Sarah Honoré (artiste) : « Nou pou lager pou liberte ziska nou mor »

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Le Café du Vieux Conseil, à Port-Louis, a abrité ce samedi une Zurne Artistik, organisée par le Komite Artis sous l’égide de Solidarite Morisyin Ar Lelep Palestinn (SOMALP), branche de Lalit. Le but : dénoncer le génocide en cours à Gaza, en Palestine, par Israël.

« Il est vrai que notre action se tient alors qu’un cessez-le-feu a été décrété. Cependant, cette période est très fragile. À notre sens, il s’agit de saisir cette opportunité pour multiplier les actions et contribuer à faire pression, dénoncer et déplorer le génocide en cours à Gaza. Cette occupation inhumaine doit stopper au plus vite », déclare Rajni Lallah, une des chevilles ouvrières de cette activité.

« Moris osi nou pe sibir lokipasyon, avek seki pe pase Diego Garcia ek dan Chagos. Dans le monde entier, il y a différentes formes de colonisation et d’occupation contre lesquelles nous nous sommes engagés depuis des années, à dénoncer et multiplier les actions pour faire pression, sur les organisations ou les instances internationales, pour que prévale la paix et que chaque humain puisse vivre librement dans tous les pays concernés », poursuit-elle.

Sarah Honoré, abonde dans le même sens. Lors de son tour de chant en solo, cette jeune artiste, à la voix puissante et aux talents multiples, a souhaité interpréter un extrait de la bande originale de Azur et Asmar, film d’animation de Michel Ocelot (Kirikou et la Sorcière), datant de 2006.

« Mo ti ankor zanfan kan mo ti get sa fim-la, ek ena enn sante ladan kinn mark mwa ek akompayn mwa ziska zordi. Il s’agit d’un morceau en arabe, langue que je ne maîtrise pas. J’ai cherché la traduction de ce morceau, et je veux l’interpréter ici, aujourd’hui, parce que ces mots me parlent », déclare-t-elle.

De son timbre particulier, associé à l’intensité empreinte dans son débit, Sarah Honoré a subjugué tous ceux  présents. La vibration contenue dans son interprétation contenait et véhiculait l’immense détresse, les souffrances indicibles et toute la résilience du peuple palestinien opprimé.

À ce titre, entre slams, poèmes, déclamations, musiques, installations et autres œuvres créatives s’inscrivant dans cette démarche, Ragini Kistnasamy, membre de Lalit et d’autres organismes, comme le MLF, et qui est surtout connue pour s’être rendue en Palestine à plusieurs reprises, a choisi d’évoquer la cueillette des olives, dont elle a été témoin, lors de ses différents séjours dans ce pays oppressé.

Ainsi, comme elle le relatait déjà dans le Report Back de son voyage en octobre 2024 en Palestine et dans les régions avoisinantes, Ragini Kistnasamy a abordé cet aspect spécifique de la vie des Palestiniens que sont la culture et la récolte des olives.

« L’olivier est symbole et synonyme d’endurance, de résilience et du courage des Palestiniens. J’ai été personnellement témoin de comment les militaires et les colons israéliens font tout leur possible pour, tantôt, détruire les cultures d’oliveraies, des arbres sur lesquels ils déversent des eaux usées et sales pour les tuer, tantôt comment ils empêchent les Palestiniens propriétaires et gérants de ces terres agricoles d’entrer et de travailler. Enfants, femmes, hommes sont mis en joue, sans aucune forme de pitié », dénonce-t-elle.

Sarah Honoré est retournée sur scène, cette fois accompagnée de Menwar, qui n’est autre que son père, le temps de deux morceaux très forts et poignants, signés du griot national. Plusieurs autres artistes locaux ont agrémenté cet après-midi artistique, pensé et concrétisé par le Komite Artis, de leurs notes et mots, traduisant les maux des uns et des autres, face aux détresses et souffrances des Palestiniens.

Parmi eux se trouvaient Umar Timol, poète, photographe et romancier; Zainab Soyfoo, éducatrice et passionnée de slam, dont les écrits enflamment les cœurs; Kelly Ang Ting Hone, autre artiste pluriel qui touche au cinéma autant qu’à la musique; les groupes Lafoul, Nou Zwe, Lisa Sheik Bajeet… pour ne citer que ceux-là.

D’autres artistes, maîtrisant des disciplines différentes, comme les arts plastiques et le multimédia, ont aussi marqué le coup via leurs créations, installations et présentations. Ainsi, un clip démontrant un montage d’images, de Tania Haberland, qui s’inspire de la mythique La rivier Tanier, sur lequel elle a brodé ses mots, empruntés d’un poème traduit avec le concours de Lindsey Collen, et, avec en toile de fond, la voix de Mélanie Peres.

Cette présentation a suscité la curiosité et l’appréciation de Hlamalani Nelly Manzini autant que de l’ancien président de la République Cassam Uteem, qui soutient fidèlement les actions de SOMALP et Lalit sur ce dossier particulier. Tous deux étaient présents à la manifestation portlouisienne. Ont aussi présenté leurs œuvres Max Anish Gowrian, Karen Pang et Mti Jhurry (du Resort Collective), Drishti R., Malina et David, Hansley et Jaysley Bhugmonea, Randy Ramos, Lindsey Collen, Ras Max et Manar Raje, entre autres.

Porte-parole du Komite Artis, Rama Poonoosamy a lancé un appel au gouvernement pour « soutenir l’action entreprise par l’Afrique du Sud devant la Cour de justice internationale afin de dénoncer Israël et le génocide qu’il perpétue en Palestine », et plus spécifiquement à Gaza. « Les Palestiniens sont un des peuples ayant le plus souffert sur cette terre depuis des décennies durant. Nous demandons à nos dirigeants actuels de soutenir, là où cela est possible, l’action de l’Afrique du Sud en ce sens, afin d’apporter notre voix et notre contribution à libérer la Palestine et son peuple. »

Rajni Lallah, qui s’est également produite sur la scène du Café du Vieux Conseil, retient : « notre combat ne s’arrête pas parce qu’il y a ce cessez-le-feu actuellement. Malgré cette décision internationale, l’armée israélienne n’a pas hésité à tuer des Palestiniens à Jenine et ailleurs dans le pays. Plus que jamais, nous devons rester vigilants et faire opposition et résistance à ces formes d’occupation et de colonisation. »

Elle lance un appel à tous les Mauriciens souhaitant s’engager à dénoncer ces injustices, leur demandant de « monter des actions et des manifestations ». Et de conclure : « Nous avons pu le faire, ce jour, avec l’aide précieuse et soutenue d’un groupe de Mauriciens de toutes communautés confondues, tous inspirés par la même envie d’un monde libre. »

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