Le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, qui participait, lundi, à une réunion interactive avec les parties prenantes de l’industrie sucrière au Bonâme Hall, à Réduit, a invité les compagnies sucrières à participer pleinement au plan de relance de la production sucrière. Il a affirmé sans équivoque qu’aucun permis de conversion de terres agricoles ne sera accordé s’il n’est pas satisfait à l’effet que tout un chacun, en particulier les compagnies sucrières, ne participe pas de manière solidaire à la relance de la production sucrière. De nombreux producteurs engagés dans plusieurs domaines de l’industrie sucrière avaient fait le déplacement à l’invitation de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) pour parler de leurs problèmes et de leurs craintes, mais aussi de leurs espoirs concernant l’avenir de l’industrie sucrière.
Le Junior Minister Fabrice David, présent aussi, s’est appesanti sur l’importance de réunir sous un même ministère l’agriculture et la pêche, mais aussi le développement durable. De son côté, Arvin Boolell a mis l’accent sur le caractère multifonctionnel de l’industrie cannière, qui concerne aussi bien la politique que l’économie et l’environnement.
Il a invité la communauté des planteurs à se regrouper afin de travailler ensemble dans le cadre de l’économie d’échelle. Et d’insister sur l’aspect crucial de la recherche, tout en soulignant la nécessité de redonner au Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI) ses lettres de noblesse.
Arvin Boolell a également évoqué l’importance de la participation de tous les acteurs concernés dans le projet de relance de l’industrie cannière. Rappelant que les compagnies sucrières « constituent un maillon fort de l’industrie cannière », il invite celles-ci à s’engager davantage et à faire preuve de solidarité avec les petits planteurs. À ce propos, il dira qu’il ne compte pas accorder de permis de conversion de terres agricoles à ceux qui ne participent pas pleinement au plan de relance de la production sucrière et alimentaire dans le pays.
La réunion a par ailleurs permis de passer revue dans les grandes lignes les problèmes rencontrés par les planteurs, et qui les poussent à abandonner leurs terres sous canne. Ces problèmes comprennent entre autres la baisse des revenus, la hausse des coûts de production (main-d’œuvre, transport, coûts des intrants…), la rareté de la main-d’œuvre et la disponibilité en temps opportun des ressources (machines, transports, etc.), ainsi que les contraintes financières, les faibles revenus et la disponibilité de fonds. Mais aussi l’augmentation de la fréquence des incendies de canne, le vieillissement de la population (planteurs et ouvriers), les conditions climatiques défavorables, les problématiques de succession, l’expiration du contrat de bail et la spéculation foncière.
Arvin Boolell a ainsi demandé à la MCIA de prendre une série de mesures urgentes pour réduire les coûts et augmenter les revenus des producteurs. Il a également demandé à cette institution de créer un mécanisme et préparer le règlement sur les redevances de transport payées par les cultivateurs pour le transport de la canne à sucre dans les sites de transit et/ou les moulins, et de revoir le mécanisme d’une rémunération plus juste de la mélasse sur l’ensemble des flux de revenus (ventes à l’exportation, ventes locales, ventes aux éleveurs et contribution distillateur/embouteilleur).
Le ministre estime aussi que le prix de la vente du jus de canne à sucre aux distillateurs doit être revu. De plus, il réclame une révision de la façon de rémunérer les planteurs pour la production de la bagasse. La fermeture des sites de transit de canne à sucre/ponts-bascules ne sera pas envisagée jusqu’à nouvel ordre. Un des objectifs du ministère de l’Agro-industrie est de porter les revenus des producteurs, incluant la bagasse, à Rs 35 000.
Les revenus des producteurs par tonne de canne étaient estimés à Rs 27 800 pour la récolte 2024, soit une baisse de l’ordre de Rs 11 125 par rapport à la récolte 2023. Soit notamment Rs 23 000 provenant de la production sucrière et Rs 2 900 de la mélasse. Il n’a pas été nécessaire pour le gouvernement de « top up » le prix payé aux producteurs, puisque le prix garanti par le gouvernement pour le sucre, la bagasse et la mélasse est de Rs 25 200.
Par ailleurs, la production sucrière a été de 225 000 tonnes, dont 125 000 tonnes de sucres spéciaux. Quelque 77 804 tonnes de mélasse, 697 414 tonnes de bagasse et 62 977 tonnes d’écumes ont aussi été produites. En plus de 182 GWh d’électricité produite à partir de la bagasse.