Éducation : Le président Gokhool annonce une stratégie nationale pour l’inclusion

  • Constat accablant dans les SEN Resource Centres : il y a un manque accru de thérapeutes

Le président de la république, Dharam Gokhool, a visité hier, l’école primaire de Rivière-des-Anguilles et le SEN Resource Centre, de la localité. Il s’est dit très concerné au sujet de la question de l’inclusion dans l’éducation et la société en général. Il a ainsi annoncé une stratégie nationale pour une société plus inclusive très bientôt. Des sessions de travail, avec Philippe Balin, de l’organisation française Cap Humanis, ont déjà eu lieu à ce sujet.
Ce qui devait être une simple visite a permis, hier, de lever le voile, sur les conditions dans lesquelles opèrent les SEN Resource Centres. Gérés par la Special Education Needs Authority (SENA), ces centres accueillent des enfants en situation de handicap pour des thérapies et pour l’apprentissage. Prenant connaissance des différents services offerts, lors de sa visite au SEN Resource Centre de Rivière-des-Anguilles, le président, Dharam Gokhool a eu l’occasion de discuter avec le personnel.

- Publicité -

Les thérapeutes n’ont pas manqué l’occasion de faire savoir au président qu’il y a un manque aigu de personnel dans les différentes spécialisations. Il n’y a qu’une seule orthophoniste pour couvrir toute l’île. Ce qui veut dire concrètement qu’elle doit offrir ses services dans les sept Resource Centres, les 11 unités intégrées, sans compter qu’elle doit aussi intervenir dans les écoles primaires (mainstream), quand c’est nécessaire… Il en est de même pour les physiothérapeutes et les ergothérapeutes. Il y en a deux et quatre respectivement, dans les deux spécialités, pour toute l’île, dans les écoles gérées par la SENA.

Dharam Gokhool n’est pas resté insensible à cette situation. Il a invité les thérapeutes à formuler des demandes aux autorités compétentes, pour renforcer leurs équipes. Ce qui a déjà été fait à maintes reprises, ont fait comprendre les principales concernées. D’ailleurs, elles sont des professionnelles du ministère de la Santé, qui ont été postées à la SENA, pour répondre aux besoins dans ce domaine.

S’exprimant sur cette visite, Dharam Gokhool a déclaré qu’il est important de constater de visu ce qui se fait dans les écoles. « Je suis venu ici pour voir la réalité et comprendre les vrais défis des enfants à besoins spéciaux. J’ai eu l’occasion de discuter avec les personnes travaillant avec ces enfants. Cela demande beaucoup d’amour, beaucoup d’empathie. Le personnel est en train de faire de son mieux », fait-il comprendre.

Cette visite, a-t-il ajouté, aidera donc à mieux comprendre les besoins des enfants et la nécessité d’aller vers l’inclusion. « Il faut les préparer pour qu’ils deviennent des citoyens et citoyennes à part entière. J’en profite pour dire que les problèmes des personnes à besoins spéciaux ne se limitent pas aux enfants », ajoute-t-il.

« À différentes étapes de la vie nous pouvons avoir des besoins spéciaux. En vieillissant, nous pouvons avoir des problèmes de vue, d’écoute, de mobilité, psychologique… Il faut voir l’inclusion dans sa globalité », a-t-il reconnu. Il a ainsi annoncé que la présidence apportera sa contribution dans l’élaboration d’une stratégie pour une société plus inclusive. « Nous avons eu l’occasion de rencontrer un expert, en la personne de Philippe Balin. Il était là pour deux semaines et j’ai facilité des contacts avec différents ministères. Nous avons préparé un document de base. Cela nous aidera à mettre en place, une stratégie globale pour la République de Maurice », a-t-il étayé.

Dharam Gokhool a affirmé en avoir discuté avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, ainsi que le leader de l’opposition, Joe Lesjongard. « Il y a un consensus sur la question. Nous devons développer une stratégie globale pour l’inclusion. Le regard de la communauté internationale est sur nous, car nous signons des Conventions que nous devons respecter. Il nous faut donc relever le défi de l’intégration. Au niveau de la présidence, j’apporterai tout mon soutien pour cela », confirme-t-il.

Après le SEN Resource Centre, le président a visité l’école primaire de Rivière-des-Anguilles. S’adressant aux élèves, il a parlé de l’importance de l’éducation. Citant Nelson Mandela, il a déclaré : « L’éducation est le moyen le plus sûr de changer ce monde. » Il est revenu sur l’importance d’une éducation de qualité afin que les enfants et les jeunes puissent jouer leurs rôles dans notre société.

Une fois de plus, il a mis l’accent sur l’inclusion, précisant qu’aucun enfant ne doit être laissé de côté. « Chaque citoyen/citoyenne doit se sentir intégré. » Le président a promis qu’il apportera tout son soutien et fera de son mieux pour cela. Il s’est dit également disposé à apprendre quand il ne connaît pas.

Manque de ressources — Dharam Gokhool : « Les besoins évoluent »

Invité à réagir sur les manquements dans les SEN Resource Centres, notamment en ce qui concerne les thérapeutes, le président Gokhool a déclaré que les besoins des enfants dans ce secteur continuent de grandir : « La situation évolue, elle n’est pas statique. J’ai demandé aux spécialistes de faire des recommandations, au fur et à mesure qu’ils constatent les nouveaux besoins. »

D’après lui, il faut aborder la question de ressources humaines de manière dynamique. « Nous ne pourrons peut-être pas satisfaire toutes les demandes. Il nous faudra identifier les priorités et satisfaire les demandes au maximum », dit-il.

Vijay Luchman : « Les enfants encadrés selon leurs besoins »

Le SEN Resource Centre de Rivière-des-Anguilles accueille 29 enfants à besoins spéciaux, pour des thérapies ainsi que pour l’apprentissage. D’après le responsable, Vijay Luchman, la priorité demeure le développement holistique. « Les enfants sont encadrés selon leurs besoins. Les thérapeutes font d’abord un suivi et recommandent l’encadrement approprié », dira-t-il.

L’unité de Rivière-des-Anguilles accueille les enfants de la région Sud, allant de Chemin-Grenier à L’Escalier, en passant par Chamouny et La-Flora, entre autres. « Il y a sept Resource Centres dans l’île. Si un parent a un enfant à besoins spéciaux, il doit se rendre à la SENA et faire une demande. Il y aura un board qui va évaluer ses difficultés et décider quel centre est mieux adapté pour lui », devait-il faire ressortir.

Évoquant le manque de thérapeutes dans les Resource Centres, Vijay Luchman concède que cela constitue un problème. « Comme les thérapeutes doivent servir tous les Resource Centres et les unités intégrées, les sessions de thérapie ne sont pas aussi régulières que nous l’aurions souhaité. Or, ces enfants ont plus besoin de thérapie que de teaching and learning », a-t-il conclu.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -