Après les dénonciations de Missie Moustass Leaks pendant la récente campagne électorale au sujet du cover-up dans l’autopsie de Jacquelin Steeve Juilette à Cité Ste Claire, Goodlands, qui est mort lors d’une descente de la police en janvier 2023, le département des services médico-légaux de la police se retrouvent de nouveau propulsés à la Une de l’actualité. En effet, un rapport de contre-expertise sur le décès de John-Mick Martingale âgé de 32 ans, alors qu’il était en détention à la Prison de Beau-Bassin au début de septembre de l’anmée dernière, met à mal la thèse du suicide par pendaison en cellule, retenue par le Police Medical Officer, le Dr Ananda Sunnassee, qui avait rédigé auparavant le rapport litigieux sur le meurtre de Soopramanien (Kaya) Kistnen, ancien chef agent du leader du MSM, Pravind Jugnauth, à Quartier-Militaire/Moka (N°8) en octobre 2020. Cette autopsie avait également conclu à un suicide et jusqu’à l’heure ce cold case n’a pas encore été résolu par la police.
Dans le cas de John-Mick Martingale, les conclusions de la contre-expertise du Dr Sipho Mfolozi de Forensic Pathology Consutants (Pty) Ltd d’Afrique du Sud sont accablantes à plus d’un titre. Ces détails, qui ont fait l’objet d’un affidavit juré devant les autorités compétentes sud-africaines en date du 15 novembre de l’année dernière, sont que « the chief post-mortem findings made by me on this body » sont entre autres :
l External signs of blunt-force trauma
l Exteral signs of sharp-force trauma
l Features consistent with suffocation by obstruction of the mouth and the nose
l Feature consistent with neck-compression by arm-lock restraint technique
l Featues of torture.
« No features of a natural cause of death. As a result of my observations, I concluded that the causes of death were : asphyxiation by smothering and arm-lock compression (unnatural death) », souligne ce rapport de 42 pages, documentant de manière médico-légale la contre-autopsie. Expliquant le délai entre le 15 novembre 2024, date de l’affidavit, la demande formulée, hier, pour une Judicial Enquiry, Me Rama Valayden, qui assure les intérêts de la famille de la victime, avance qu’il avait préféré prendre contact au préalable avec les autorités après les élections générales, Il regrette que ses démarches n’auraient pas suscité à ce jour des réactions positives sur ce meurtre exécuté par un commando à la prison de Beau-Bassin dans la nuit du 8 au 9 septembre de l’année dernière.
Ainsi, en dernier recours, Me Valayden soumet une demande au Directeur des Poursuites Publiques (DPP) en vue d’instituer une Judicial Enquiry pour faire la lumière sur les circonstances du meurtre de John Mick Martingale (32 ans), retrouvé mort à la prison de Beau-Bassin le dimanche 8 septembre 2024 ou encore du cover-up allégué pratiqué lors de l’étape du post-mortem. La victime avait été arrêtée dans le cadre d’une enquête portant sur la saisie de deux bouteilles de cocaïne en liquide, d’une valeur marchande de Rs 44 millions.
« Il était un garçon sans problème, qui avait une compagne finlandaise et était le père d’un enfant », fait ressortir Me Valayden. Il révèle que jusqu’à présent, les autorités n’ont pas trouvé de traces d’ADN ou d’empreintes du trentenaire sur les bouteilles de drogue saisies dans le cadre de cette enquête sur le trafic de drogue. « Il avait été arrêté sur la base des allégations formulées par d’autres personnes », précise-t-il.
Au cours d’un point de presse, hier, Rama Valayden, a indiqué que la Bail and Remand Court avait accordé la liberté conditionnelle à John-Mick Martingale, mais le bureau du DPP avait demandé une review de cette décision. Le cas a été appelé en Cour suprême et une décision était attendue le 9 septembre, soit le lendemain de sa mort.
« Ses proches étaient confiants qu’il allait retrouver la liberté provisoire le 9 septembre. Ils l’ont rencontré quelques heures avant la nuit du drame et il paraissait bien et il n’y avait aucun signe évident de détresse et qu’il allait se suicider », poursuit Me Valayden. L’autopsie du Dr Ananda Sunnassee, médecin légiste, avait attribué le décès à une asphyxie due à la pendaison.
Entre-temps, le Dr Maha Prakash Rambarrun avait examiné la dépouille de la victime au centre funéraire d’Elie & Sons où ses conclusions différaient de celles du Police Medical Officer. « Étant donné que le Dr Rambarrun n’est pas un médecin pathologiste, nous nous sommes tournés vers le Dr Sipho Mfolozi, un expert d’Afrique du Sud pour pratiquer une contre-autopsie », ajoute l’homme de loi.
Rama Valayden avance que l’expert étranger avait fait face à de nombreuses difficultés pour sa venue à Maurice, que ce soit au niveau financier ou de sécurité. Finalement, le Dr Sipho Mfolozi avait eu une autorisation auprès du ministère du Travail et il avait même été entendu par un Medical Board avant de mener la contre-autopsie. « Cet exercice a eu lieu le 15 octobre 2024 à la morgue de l’hôpital Jeetoo et le Sud-Africain a fait parvenir son rapport un mois plus tard. J’ai envoyé une copie à l’Attorney General et au DPP pour prendre les actions sur ce cas », fera ressortir Rama Valayden qui, en se basant sur les conclusions du Dr Sipho Mfolozi, estime que « John Mick Martingale a été torturé en cellule à la prison de Beau-Bassin. »
La zone d’ombre demeure de pouvoir identifier le cerveau derrière l’élimination physique pure et simple de John Martingale, alors que ce dernier était en détention à la prison de Beau-Bassin, ou encore les raisons derrière cette démarche criminelle. Par ailleurs, Rama Valayden trouve aussi étrange qu’un habitant de Flic-en-Flac, soupçonné d’être un intermédiaire au sein d’un réseau de trafiquants de drogue, lié à un Top Gun du gouvernement sortant, a trouvé la mort par overdose dans son appartement en décembre dernier.
« La mafia de cocaïne est puissante. La cocaïne n’est pas la drogue des pauvres. Il y aurait l’implication des personnes au plus haut sommet de l’État d’alors (avant les élections) », s’appesantit Rama Valayden en réitérant demande au DPP en faveur d’une enquête judiciaire, car « à mesure que le temps passe, des preuves pourront disparaître également. »
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Jean Mick Martingale arrêté à son retour de Belgique
C’est le 29 octobre 2022 que la police a arrêté John-Mick Martingale au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport alors qu’il revenait d’un voyage en Belgique. Entre-temps, les policiers avaient intercepté Mariia Perosolkina, âgée de 26 ans et Olena Levina (31 ans), deux Ukrainiennes qui étaient en possession de deux bouteilles contenant de la cocaïne en liquide. La première a dénoncé John-Mick Martingale comme étant la personne qui lui a demandé de passer la drogue.
Dans son statement, Mariia Perosolkina a indiqué que sa valise avait atteint la limite du poids autorisé et elle avait refilé les bouteilles à sa compatriote. Elle ajoute qu’elle avait agi sous les instructions du ressortissant mauricien. Ce dernier a nié son implication dans cette affaire.
Une des suspectes ukrainiennes vivait avec un Mauricien et les deux occupaient un appartement à Flic-en-Flac. Cet homme, dont le nom avait été cité dans cette affaire de trafic de drogue sans être nullement inquiété par les autorités à aucun moment, est décédé par overdose en décembre dernier.
L’Ukrainienne, qui est en liberté conditionnelle, avait découvert le corps de la victime alors qu’elle était en compagnie de son beau-frère. Ils avaient expliqué à la police que la victime avait une addiction à la drogue et qu’il avait même suivi une cure de désintoxication dans un centre, mais qu’il aurait rechuté quelques semaines avant son décès.