Le ministre de l’Énergie et des Utilités publiques, Patrick Assirvaden, qui rencontrait la presse hier en compagnie de son chef de Cabinet et des responsables de la Central Water Authority (CWA), de la Water Resources Unit, a brossé un tableau inquiétant de la situation et du niveau de stockage de l’eau dans nos réservoirs. « La situation est préoccupante », a-t-il déclaré. Il a de fait recommandé à la population d’utiliser l’eau avec modération et a annoncé que si la situation ne s’améliorait pas, des mesures strictes seraient annoncées dans les prochains jours. « L’urgence de la situation exige une distribution efficace en ce moment de crise », fait-il comprendre.
Le ministre a expliqué que devant la gravité de la situation dans les réservoirs, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, avait présidé une réunion de haut niveau le 30 décembre dernier, et qu’il a présidé un autre comité le 8 janvier. Un Monitoring Committee a été institué au niveau du ministère pour assurer la coordination en cette période de crise, alors que les premières pluies d’été se font toujours attendre.
Pour Patrick Assirvaden, la CWA a un rôle de facilitateur dans le pays. « Nous ne nous contentons pas de distribuer une commodité, mais nous faisons tourner l’économie, que soit au niveau de l’agriculture, de l’irrigation, des usines, des commerces… L’eau est une commodité centrale dans la vie économique d’un pays », s’est-il appesanti.
Les dernières informations recueillies lundi indiquent que le niveau d’eau dans les réservoirs tournait à hauteur de 44,1% de la normale, contre une moyenne de 74,8% durant la meme période l’année dernière, soit un déficit de 30%. La dernière fois que le pays avait connu une situation quelque peu semblable remonte à 2023, lorsque le niveau d’eau était tombé à 32,19% de la normale. Le ministre Assirvaden a fait ressortir que pour le mois de juillet de l’année dernière, la pluviosité avait été de 36% de la normale, soit le mois le plus sec depuis 120 ans.
En août 2024 , la pluviosité enregistrée représentait 56% de la normale, soit le troisième mois le plus sec depuis 20 ans, alors que le mois de septembre a connu une pluviosité de 46%, soit le 5e mois le plus sec de ces 30 dernières années. Ce qui amène le ministre a insisté sur l’importance de suivre la situation sur une base quotidienne. « Nous n’attendrons pas la fin de la période des grosses pluies en avril pour prendre des mesures lorsque la situation sera catastrophique. Nous sommes obligés de prendre des mesures dès maintenant afin de gérer l’eau dont nous disposons de manière efficience et de procéder à une distribution de façon équitable et permettre au pays de continuer à rouler », souligne le ministre.
Un plan est actuellement en préparation au niveau de la CWA et nécessitera des sacrifices de la part de tout un chacun, que ce soit au niveau de la population, de l’irrigation ou des usines. Le ministre n’a toutefois pas précisé à quel moment le plan sera mis en œuvre, mais il a indiqué que les mesures envisagées seront accompagnées de moyens de support en termes de camions-citernes.
Il a par la même occasion annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation pour alerter le public sur la situation. « Nous sommes entrés dans une période qui n’est pas normale et durant laquelle des mesures seront prises », dit-il encore.