Le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, a effectué sa première mission à l’étranger la semaine dernière en représentant le Premier ministre au Sommet extraordinaire de l’Union africaine consacré au Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (CAADP) qui s’est tenu à Kampala, en Ouganda. Ce sommet a réaffirmé l’urgence de redoubler d’efforts pour faire progresser le développement de systèmes agroalimentaires résilients, inclusifs et durables en Afrique. Il a aussi adopté la stratégie du CAADP ainsi qu’un plan d’action pour la prochaine décennie (2026-2035).
« J’ai insisté sur la spécificité des Petits États insulaires en développement comme Maurice pour lesquels l’agriculture et la pêche vont de pair », a-t-il déclaré. Il a souligné que la déclaration de Kampala recommande au moins 10% des dépenses publiques annuelles en matière agricole de façon à ce que la part de l’agriculture dans le PIB enregistre une croissance annuelle de 6%. À ce propos, le ministre a observé que pour une PIED comme Maurice qui dispose de 50 000 hectares de terres agricoles, même si 10% de son budget annuel sont consacrés à l’agriculture, « il est peu probable que l’objectif de croissance soit atteint ». C’est la raison pour laquelle il avait proposé l’introduction d’un paragraphe supplémentaire à la résolution spécifiant : « Nonobstant leurs spécificités, les PEID devraient faire de leur mieux pour investir un pourcentage raisonnable de leurs dépenses dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche afin d’atteindre la sécurité alimentaire, avec une croissance acceptable de 6% du PIB agricole. »
Pour Arvin Boolell, à la lumière de cette conférence, il y a des leçons à tirer quant au rôle de Maurice au sein de la communauté africaine. Il a rappelé que, selon les estimations, la population en Afrique atteindrait 2,5 milliards en 2050 sur une population globale de 9,8 milliards. Ce qui fait qu’il faut tenir compte des défis que cela posera à la demande alimentaire et de la nécessité d’augmenter considérablement la production agricole, la productivité, la transformation des aliments et le commerce.
« Maurice peut être un centre de recherche agricole pour l’Afrique. De la même manière que Maurice a contribué au développement du secteur cannier en Afrique, il peut le faire pour d’autres produits agricoles. Le MSIRI peut accueillir des jeunes Africains en vue de leur formation dans le secteur agricole. Maurice peut devenir un laboratoire pour l’Afrique en matière agricole », a souligné le ministre.
Au chapitre de la politique de son ministère, Arvin Boolell a affirmé qu’une grande importance est accordée à l’économie bleue. Or, selon lui, « il ne peut y avoir un développement digne de ce nom pour l’économie bleue sans le développement portuaire ». Ce qui fait que la création d’un port de pêche dans la région de Fort-William ou de Bain-des-Dames est envisagée. « Ce qui devrait permettre le développement de l’industrie mauricienne de la pêche pour satisfaire la demande à Maurice », a dit le ministre.
Quelque 20 000 tonnes de poissons sont actuellement importées pour un montant de Rs 550 M, a rappelé Arvin Boolell. « La recherche joue un rôle majeur dans le développement de l’industrie de la pêche. Les activités de l’Institut océanique de Maurice et de l’Albion Fishing Centre seront relancées. La nécessité de reconstituer le stock de poissons dans le lagon a aussi été évoquée. »
Parallèlement, le ministère se penche sur la production alimentaire. « Les défis à relever sont nombreux. » Ils comprennent, entre autres, les intrants et le manque de main-d’œuvre auxquels s’ajoute le changement climatique. « Nous voulons venir avec un ensemble d’incitation pour encourager l’innovation et la recherche appliquée sur le terrain impliquant les planteurs qui doivent se regrouper. » Arvin Boolell a indiqué avoir demandé à Landscope et aux services agricoles de son ministère de préparer une carte concernant le “land suitability”. Ce qui permettra de produire les différentes variétés de légumes dans des endroits appropriés
D’autre part, des discussions ont été engagées avec les compagnies sucrières concernant la production agricole. « On ne peut pas délaisser les petits planteurs et autres producteurs agroalimentaires », a lancé le ministre. « No partner should be left behind », a-t-il ajouté en insistant sur la nécessité d’aider les petits planteurs à réhabiliter leurs terres, y compris sur les pentes où la plantation de la canne à sucre empêche l’érosion. « L’objectif est non seulement d’augmenter la production sucrière de manière à augmenter la disponibilité de la bagasse pour la production de l’électricité jusqu’à 35% de l’énergie électrique. » Selon le ministre, l’objectif est aussi de permettre aux planteurs de bénéficier d’un minimum de Rs 35 000 par tonne de canne.