Joe Lesjongard, leader de l’opposition et président du MSM : « Je n’ai pas une position facile »

Dans cet entretien, Joe Lesjongard, député correctif, leader de l’opposition et président du MSM, revient sur la débâcle électorale de l’Alliance Lepep aux élections générales du 10 novembre 2024. Seul membre de son parti à s’exprimer publiquement après cette défaite historique, il explique l’absence de conférence de presse post-électorale, la situation de Pravind Jugnauth et la restructuration du MSM. L’ex-ministre de l’Énergie et des services publics donne, entre autres, son avis sur les causes de la défaite de l’Alliance Lepep, dit n’avoir pas cru dans les sondages de Pulse Analytics, insiste sur la bonne santé économique du pays, et parle de sa position peu aisée au Parlement.

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Vous avez accepté cet entretien avec l’approbation de votre leader Pravind Jugnauth ?
D’abord, je souhaiterais présenter mes vœux aux lecteurs et aux Mauriciens. J’espère que 2025 sera vraiment une bonne année pour eux. La population a de grandes attentes. J’espère que ceux qui ont des projets pourront les réaliser. J’ai évidemment discuté avec le leader. Je souhaitais m’adresser à la population pour expliquer ce qui s’est passé autour des élections de 2024 et partager mes réflexions sur certaines questions essentielles pour le pays. Je ne me suis pas exprimé plus tôt, car je voulais prendre un peu de recul et me recentrer après des résultats inédits, bien que ce ne soient pas les premiers 60-0 de notre histoire. Par “inédits”, je fais référence au fait que, cette fois, les quatre députés rodriguais, y compris les best losers, siègent au sein du gouvernement. C’est une bonne chose et cela découle à la fois du système électoral et du souhait de la population. Mais au final, nous ne sommes que deux à constituer l’opposition. Certains estiment, cependant, qu’il aurait fallu plus de voix dans l’opposition pour que le travail se fasse correctement. Il y a eu une volonté de réforme électorale pour modifier cette configuration, mais cela n’a malheureusement pas abouti. Je crois fermement qu’il est grand temps de légiférer sur une réforme électorale en profondeur, afin d’éviter que la situation actuelle au Parlement ne se reproduise à l’avenir.

D’ores et déjà, vous laissez entendre qu’en tant que leader de l’opposition, vous soutiendrez un projet de loi sur la réforme électorale par le gouvernement de l’Alliance du Changement ?
Oui. Lorsque j’étais dans le précédent gouvernement, l’ex-Premier ministre avait présenté un projet de loi sur la réforme électorale, mais celui-ci n’a pas abouti, faute de soutien de l’opposition. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement a le nombre voulu pour faire une réforme. Étant maintenant dans l’opposition, je soutiendrai toute proposition visant à améliorer le système électoral.
Comment se porte votre leader ? Il a émis un message de vœux aux Mauriciens/nes dans lequel il parle aussi de ses qualités (“Mo enn dimounn bien sinp, zame mo finn les ego dikte mo bann aksion e mo pou touletan ena sa prinsip-la”), mais nous n’avons pas de nouvelles officielles de lui !
Pravind Jugnauth va bien. Nous avons échangé il y a quelques jours. Il se remet. Une défaite demande du temps pour être acceptée et analysée en profondeur. Il a reconnu sa défaite, et cela mérite d’être souligné, car à un moment donné, on lui a reproché d’être anti-démocrate, alors qu’il a été le premier à reconnaître la victoire de l’Alliance du Changement et à faire savoir qu’il démissionnerait pour permettre au nouveau gouvernement de s’installer. Il a également précisé qu’il donnerait du temps au nouveau gouvernement tout en en prenant également pour lui-même. Dans les semaines et mois à venir, nous entendrons parler de lui. Il réfléchit à l’évolution du parti et doit prendre des décisions importantes. D’ailleurs, Pravind Jugnauth a déjà entamé la restructuration du parti. En temps voulu, il s’adressera à la population. Mais je peux vous assurer qu’il est serein.
N’empêche, on s’attendait à ce que les dirigeants de l’Alliance Lepep tiennent une conférence de presse post-mortem des élections générales du 10 novembre 2024. Il n’en a rien été.
Pourquoi se presser ? Il faut donner le temps au temps. Digérer la défaite et donner le temps au nouveau gouvernement de s’installer. Beaucoup parmi nous pensaient que nous remporterions les élections générales. La population reconnaît que le travail accompli par le gouvernement de Pravind Jugnauth était colossal. On a tendance à oublier certaines choses, comme un mandat que nous avons démarré avec l’avènement du Covid-19. Nous avons passé presque deux ans à gérer cette situation sans précédent où les solutions n’étaient pas légion
Quels sont, selon vous, les facteurs à l’origine de la défaite de l’Alliance Lepep aux législatives ?
Un facteur largement évoqué par les jeunes est la suspension des réseaux sociaux. La population n’en était pas contente et l’a exprimé le jour du vote. En second lieu, il y a les fameux “moustass leaks”. Cependant, comparée à la suspension des réseaux sociaux, cette affaire n’a pas autant contribué à notre défaite. Je dis cela parce qu’à un certain moment, ces fuites étaient devenues semblables à un fait divers. Mais nous sommes en droit de nous poser des questions fondamentales pour le pays. Après la diffusion de ces enregistrements, le gouvernement avait décidé de mettre sur pied une commission d’enquête. Je ne sais pas si celle-ci tient toujours, mais une enquête sur cette affaire est nécessaire. Je pense que tout le monde veut savoir qui est derrière ces fuites et dans quel but. Est-ce une équipe, un individu ? Toutefois, je constate que les écoutes ont été particulièrement dirigées contre le couple Jugnauth. Y a-t-il eu d’autres enregistrements qui seront utilisés contre d’autres personnes ? D’où ma conviction qu’il faudrait voir plus clair dans cette affaire d’écoute téléphonique et rassurer la population. Est-ce que tout ce qui a été diffusé est réel ou pas ? J’ai cru comprendre que la population n’a pas apprécié l’ingérence de tierces personnes dans les affaires de l’État.
Vous parlez de tierces personnes et du couple Jugnauth. Une question qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux pendant l’affaire des “Moustass leaks” concerne le rôle de Kobita Jugnauth dans les affaires de l’État, du gouvernement et du MSM. Pouvez-vous aujourd’hui nous éclairer sur son rôle dans tout cela ?
C’est la raison pour laquelle j’ai parlé de tierces personnes. Je ne veux pas cibler qu’une personne. Au sein du MSM, comme dans le passé, l’épouse du leader a toujours été présente pour donner un coup de main au parti. Au niveau du pays, une première dame a un rôle à jouer. C’est dans cette optique que je dis qu’il faut vérifier la véracité de ces enregistrements. Tant que cet exercice ne se fait pas dans la transparence, il y aura des spéculations.
Revenons sur les causes de la défaite de l’Alliance Lepep. Selon vous, après votre déclaration au Parlement en décembre dernier, il y a un autre élément à considérer : la promesse du 14e mois de l’Alliance du Changement. Pravind Jugnauth, leader de l’Alliance Lepep, avait fait cette promesse en premier, au meeting du 3 novembre à Phœnix. Vous maintenez votre théorie ?
Oui, cette promesse a assurément contribué à la victoire de l’Alliance du Changement. J’avais évoqué la première trahison de ce gouvernement et posé plusieurs questions, dont une sur le rapport déposé par le gouvernement actuel concernant l’état de notre économie. J’avais demandé qui étaient les auteurs de ce rapport car, par le passé, on avait évoqué la manipulation de chiffres provenant des instances publiques. Est-ce les mêmes fonctionnaires qui préparaient ces rapports douteux qui ont rédigé ce document ? S’agit-il d’une équipe indépendante ou d’autres personnes ? Si ce sont les mêmes auteurs, nous exercerons une pression.
J’avais aussi rappelé que des rapports du FMI et de l’OCDE ont souligné que la situation économique du pays est en bonne santé. Lorsque j’ai demandé comment le gouvernement expliquait cette contradiction, il n’y a pas eu de réponse. La Banque centrale vient de démontrer que nos réserves, de l’ordre de Rs 402 milliards, sont solides et qu’il y a de l’argent disponible. Le MSM a a publié un communiqué en ce sens. Je demande, donc, au gouvernement de clarifier la situation auprès de la population. Quelle est la véritable réalité ? Ce gouvernement veut faire croire à la population que nous avons une situation économique difficile, comme ils l’ont fait en 2005, pour se permettre d’appliquer des mesures anti-sociales. J’attends avec impatience le discours programme pour connaître leurs propositions. Il y a eu d’autres facteurs, comme je l’ai dit, qui expliquent notre défaite. Et puis, il y a aussi eu l’usure du pouvoir. À Maurice, la population est habituée à un gouvernement qui exerce un ou deux mandats. Un troisième mandat aurait été extrêmement difficile.
Vous dites plus haut : “Beaucoup parmi nous pensaient que nous remporterions ces élections”. En même temps, ils étaient, sans doute, confortés par les sondages de Pulse Analitics. Avez-vous cru, vous, à ces sondages en faveur de l’Alliance Lepep ?
Non, je n’ai pas cru aux sondages ! Six élections m’ont conduit au Parlement. J’ai toujours eu confiance en mon ressenti sur le terrain. À un certain moment de la campagne, j’avais senti que les gens n’adhéraient pas totalement à ce que nous disions.
À quel moment précis ?
À une semaine des élections. Mais on ne s’est pas laissé démoraliser, on continuait notre campagne, car on voulait y croire. Dans ce genre de situation, c’est le jour de la proclamation des résultats que les émotions remontent. Ce n’était pas la première fois que je vivais cette expérience. J’ai eu une pensée pour ceux qui étaient candidats pour la première fois ou qui briguaient un deuxième mandat. La longue campagne menée pour dire que les élections allaient être truquées a fini par s’ancrer dans l’esprit des gens.
Votre successeur, le ministre Patrick Assirvaden a promis de clarifier le démantèlement des trois filiales du CEB (CEB Green, CEB Fibernet et CEB Facilities) pour un coût de Rs 1,2 milliard, ainsi qu’une fraude de Rs 12 millions impliquant un paiement à une société se faisant passer pour Hyundai Global Service Europe. Sans oublier l’affaire Corexsolar et le déficit record de Rs 4,88 milliards du CEB. Êtes-vous prêt à éclaircir cette situation quand le moment viendra ?
Il mène des enquêtes un peu partout ! J’ai déjà donné des réponses parlementaires sur ces dossiers. J’ai déposé tous les documents qu’il fallait. J’ai toujours été transparent. Le nouveau ministre le sait, il fallait restructurer ces trois filières du CEB. C’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, Fibernet est devenue une société profitable. Par contre, là où il n’y avait pas de profitabilité, le personnel a intégré le CEB. Dans le cas de Corexsolar, il y a eu un appel d’offre public. Aujourd’hui, c’est lui (ndlr : Partrick Assirvaden) qui a la responsabilité de l’Énergie et des services publics. Il m’a critiqué. Désormais, ce sera de bonne guerre, c’est moi qui poserai des questions. Mais je ne veux pas en faire une affaire personnelle.
Appel d’offre taillé sur mesure ?
Pas du tout. S’agissant du secteur énergétique, nous avons accompli deux choses extrêmement importantes. Nous avons démocratisé la production d’électricité, en permettant la participation de petits producteurs, afin qu’il y ait plusieurs acteurs dans le secteur. Nous avons accéléré la mise en place du régulateur. Aujourd’hui, nous avons un régulateur pleinement opérationnel qui gère le secteur de l’énergie. Nous avons promu l’énergie verte en augmentant la production à 60%, au fil du temps. Mais certains n’ont pas joué le jeu, nous contraignant à faire face à des situations difficiles. Nous les avons gérées sans qu’il y ait de blackout.
Vous diriez que Maurice est prête à la transition énergétique, d’autant que la crainte de délestage, comme en Afrique du Sud ou ailleurs en Afrique, est réelle ?
Y a-t-il eu des blackouts pendant les 5 ans de notre dernier mandat ? Non ! Terragen est sorti du réseau de production : avons-nous géré la situation ? Oui ! Alors, nous serons capables de faire face à la croissance de la demande énergétique. Ne nous comparons pas à l’Afrique du Sud. Il existe des lobbies qui ne souhaitent pas que Maurice réussisse sa transition énergétique, mais nous y parviendrons. Nous avons déjà les bases pour réussir cette transition. Les infrastructures d’un pays moderne sont là. Le ministre actuel n’a qu’à poursuivre la politique énergétique sur les bases existantes.
Puisque les “infrastructures d’un pays moderne sont là”, pourquoi est-ce que l’eau 24/7 n’est pas une réalité ?
Lorsque j’avais répondu à une question parlementaire à ce sujet, il y a eu une tentative de provoquer un tug of war entre l’ex-ministre des services publics, Ivan Collendavelloo et moi-même. J’avais dit qu’il y a des régions où l’eau est distribuée 24/7, et d’autres non, et que cela prendra quelque temps avant que nous puissions offrir une fourniture continue 24/7. Nous avons adopté la Water Resources Bill au Parlement. Le cadre légal pour la production d’eau existe désormais. C’est à partir de ce cadre que nous allons pouvoir utiliser le système de captage pour créer une quantité tampon, en cas de crise. Par ailleurs, il y a une réalité : le non-revenue water est trop élevé pour un pays comme Maurice. C’est à l’organisme responsable de trouver la solution. À un certain moment, on a évoqué la restructuration au sein de cet organisme, et il faut le faire si nous voulons offrir un service de qualité. Quand on évoque la CWA, il n’y a que des critiques dans le public. Faut-il privatiser l’ensemble de la CWA ? Je ne suis pas pour. Mais l’intelligent metering et la distribution de l’eau, oui.
La CWA, justement, accumule des arriérés de Rs 2,1 milliards. La WWMA enregistre une perte annuelle de Rs 537 millions et peine à rembourser une dette de plus de Rs 2 milliards. Le CEB subit des pertes de Rs 1,7 milliard par an avec un déficit record de Rs 4,88 milliards. Aujourd’hui, diriez-vous que vous êtes fier de votre bilan au ministère de l’Énergie et des services publics, malgré la situation financière décrite et des polémiques, à l’instar des contrats pour l’installation des tuyaux de la CWA ?
Oui, définitivement oui ! Il y aura toujours des critiques. Parfois, on a tendance à tout mettre sur le dos d’un ministre. Pour la pose des tuyaux, il faut savoir que certains contrats sont gérés directement par des directeurs d’un organisme, et ne passent même pas au conseil d’administration. Il y a eu un rapport d’audit et des questions parlementaires. J’ai demandé une enquête et que les fonds demandés par la CWA pour le paiement des contrats liés à ce rapport ne soient pas décaissés tant qu’il n’y a pas une conclusion. Mais nous avons aussi fait des projets liés à l’énergie renouvelable, pu gérer la production d’énergie sans black out et trouvé une solution après le retrait de Terragen, sans même avoir eu à appeler la centrale de Nicolay.
Quel est votre avis sur l’enquête concernant le détournement de fonds à la MIC, l’arrestation de l’ex-gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam, et la saga Pulse Analytics ?
Comme le public, je suis cette affaire dans la presse. Il faut laisser la justice faire son travail. Ce qui se passe est grave. Que ce soit pour l’arrestation d’un ancien gouverneur de la Banque de Maurice, la deuxième dans l’histoire après celle de Bheenick (ndlr : en 2015), ou l’enquête qui est en cours, cela envoie un mauvais signal. J’espère qu’ils disposent de suffisamment de preuves pour agir ainsi. J’espère également que les enquêtes sont menées correctement.
Avec l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy dans le viseur des enquêtes, l’heure des comptes aurait commencé, selon vous ?
Je ne crois pas que l’heure des comptes ait commencé. Ils (ndlr : le gouvernement) sont dans la continuité et composent avec la réalité mauricienne. Avez-vous vu les nominations ? Celles à la présidence et ailleurs n’ont pas été faites comme ils l’avaient promis. Ils avaient parlé d’un comité de sélection, composé de membres du gouvernement et de l’opposition, pour faire différemment de l’ancien régime. J’espère qu’avant toute arrestation, il y aura une enquête approfondie. Cela, le temps nous le dira.
Au Parlement, vous avez certes à vos côtés Adrien Duval (best loser du PMSD), mais vous devez vous sentir bien seul, n’est-ce pas ?
Ce n’est pas facile. C’est la démocratie qui veut cette configuration. Je le reconnais, je n’ai pas une position facile, mais j’aurai à y faire face. Et je le ferai avec fierté. Je suis ingénieur de profession et, dans le milieu, on dit : “We have a logical mind.” Je prends cela avec sérénité. C’est un défi, je sais que la population attend beaucoup de moi, mais j’espère qu’elle comprendra ma situation et que je ne pourrai pas faire l’impossible.
Quelle est votre appréciation de la nouvelle Speaker (Shirin Aumeeruddy-Cziffra), qui vous a gentiment taclé lors de votre intervention sur le Special Allowance Bill, le 17 décembre dernier ?
Cela doit être ainsi. Qu’on ait un langage dur ou conciliant, il y a des limites. J’ai toujours dit cela, même à l’ancien Speaker. On est gouverné par le Standing Order. Il n’y aura pas de problème as long as you are within the Standing Order. J’ai de bonnes relations avec la Speaker. S’agissant de cette relation dans le cadre des travaux parlementaires, nous verrons au fil du temps.
Et l’ancien Speaker Sooroojdev Phoker, a-t-il été à la hauteur, selon vous ?
Ce n’est pas à moi de me prononcer. Mais quand j’écoute des Mauriciens, je vois qu’ils ne l’ont pas apprécié.
Et vous ?
Sincèrement, il y a des moments où, oui, et d’autres où, non. Mais je le répète : toute décision prise au sein d’un Parlement doit être motivée par le Standing Order.
Vous nous donnez une  idée sur le sujet de votre prochaine Private Notice Question ?
Les Chagos.
Et quelle est votre lecture des négociations avec les Anglais par le nouveau gouvernement ?
Il ne faudrait pas qu’on ait la perception que Maurice est en train de perdre du temps dans les négociations. Ce dossier, qui ne date pas d’hier, est extrêmement important. Je viens de lire ceci à propos des Chagos : “La puissance qui dominera l’océan Indien contrôlera l’Asie, et l’avenir du monde se jouera dans ces eaux. C’est la clé de voûte dans le rééquilibrage des puissances.” Elles sont cinq : les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Inde et la Chine. Le centre du marché pétrolier est là. Cette région abrite la plus grande autoroute maritime commerciale. Dans ses négociations, Maurice doit garder cela en toile de fond. Il faut être intelligent et savoir concrétiser au moment opportun. Nous nous éloignons de ce moment, qui est maintenant. On perd du temps. Est-ce que Navin Ramgoolam veut faire comprendre que ce sera lui le maker of the treaty, et non Pravind Jugnauth ? Nous avons obtenu la reconnaissance de notre souveraineté, et pour cela, chapeau à Sir Anerood ! Mais la compensation financière et le bail ne pourront pas régler la douleur du déracinement. Avec la compensation qui tombera, viendront d’autres problèmes. J’espère que l’Attorney General pourra accomplir sa mission à Londres.
Après le départ du PMSD de l’Alliance Lepep, Steven Obeegadoo de la Plateform militan a laissé comprendre, en décembre dernier à Curepipe, qu’Alan Ganoo et lui-même sont toujours des partenaires du MSM. C’est le cas ?
Je ne sais pas. Je l’espère. Je n’ai pas eu l’occasion de leur parler dans un contexte politique. Nous avons formé une bonne équipe et bien travaillé. Ce sera à l’instance du parti de se prononcer sur cette question.
Le mot de la fin.
Nous avons un nouveau gouvernement avec, à mes yeux, trois protagonnistes : Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Ashok Soubron,  qui est arrivé avec plein de promesses et qu’il se doit de mettre en pratique. Sinon, la déception de la population sera aussi grande que sa victoire. La tâche ne sera pas facile pour l’opposition. À un moment, nous sommes tous passés par cette étape. Aujourd’hui, comme un ex-PM, Pravind Jugnauth vit cette expérience difficile. Je suis persuadé qu’il a le courage nécessaire pour affronter cette situation. Si Navin Ramgoolam ne respecte pas ses promesses, Pravind Jugnauth se retrouvera dans une situation beaucoup plus intéressante pour lui, dans quelque temps.

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