Crise de l’eau : Les deux prochaines semaines décisives

  • Les réservoirs affichent une moyenne 43,8% contre 75% à pareille époque l’année dernière
  • Sur le qui-vive, le WRMC table sur  des pluies diluviennes sur une période prolongée pour inverser la tendance

Très critique : le terme n’est pas assez fort pour décrire la situation dans laquelle se trouve le pays en termes de ressources en eau, et ce ne sont pas les pluies passagères qui sont tombées au cours de la semaine écoulée qui inverseront la tendance, en témoigne la baisse drastique au niveau du taux de remplissage des sept réservoirs, qui affichent une moyenne 43,8% contre 57,3% le 1er novembre dernier. À pareille époque l’année dernière, le niveau d’eau était nettement supérieur, soit à 75,1%. Le Water Resource Monitoring Committee (WRMC), sous la férule du ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, a pris la mesure de la gravité de la situation, mercredi, lors d’une réunion d’urgence où l’option de coupures d’eau quotidienne, d’une durée de trois à cinq  heures, dans les régions arides a été évoquée.

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« L’hypothèse d’un remake de 2022 marquée par l’une des pires sécheresses qu’ait connues le pays dans son histoire contemporaine. » Week-End avait tiré la sonnette d’alarme dans ses colonnes le 29 décembre dernier, alors que le taux de remplissage global des réservoirs était de 45,7%. Les autorités avaient répondu que la situation n’était pas critique en tablant sur le fait qu’avec la saison estivale, viennent forcément les grosses averses. Les discours ont bien changé deux semaines plus tard face à la faiblesse des précipitations, nettement inférieures à la moyenne des apports observés sur cette période de l’année.

Les projecteurs seront braqués sur les zones dotées du plus grand nombre d’infrastructures de stockage et de réserves hydrologiques, à l’instar du Bagatelle Dam (44,3% de taux de remplissage actuellement), Mare-aux-Vacoas (49,6%), La Nicolière (38,6%) et Midlands Dam (42,1%). Dans le contexte actuel, où le niveau global des réservoirs affiche les 43,8%, une action coordonnée des acteurs des secteurs public et privé s’impose sans tarder pour mettre en œuvre des plans d’urgence et d’aide immédiate nécessaires pour limiter la casse. Les deux prochaines semaines seront forcément décisives.

Le WRMC — qui regroupe le ministère de l’Énergie, la Central Water Authority (CWA), la Water Resources Unit (WRU), l’Irrigation Authority et la station météo de Vacoas — croise les doigts pour que les bienfaits du ciel, susceptibles d’être d’un apport conséquent aux réservoirs, nous sortent de cette impasse et que Dikeledi, 3e système à atteindre le stade de cyclone tropical au cours de cette saison cyclonique 2024-25 du sud-ouest de l’océan Indien, ne soit pas un rendez-vous manqué en termes de pluviométrie, s’il pourrait toutefois éviter de transformer nos rues et nos maisons en baignoires.

Outre la sévère réduction des horaires de distribution d’eau, les autorités devraient opter pour des mesures beaucoup plus radicales en vue d’économiser les faibles ressources en eau disponibles. Pour pallier la pénurie, le pompage de l’eau des rivières est envisagé pour alimenter certaines régions, « mais nous n’en sommes pas encore là », confie une source à la CWA. « À côté de ces solutions d’urgence, le WRMC a mis en exergue d’autres efforts pour parer au stress hydrique, dont la récupération et le captage de l’eau de pluie que nous encouragerons vivement pour les particuliers et les professionnels », ajoute-t-elle.

S’il est trop tôt pour parler de scénario catastrophe, l’on ne peut pour autant sous-estimer la gravité de la situation, qui risque de virer au rouge dans plusieurs régions du pays, où les pénuries du précieux liquide sont légion, comme dans le village de Bambous-Virieux, théâtre d’une révolte sans précédent le 26 décembre 2021. Les habitants ont retrouvé un semblant de vie normale, mais les choses se gâtent lorsque la sécheresse fait rage. Encore heureux que la fréquence des ravitaillements en eau par le biais des camions-citernes a augmenté de manière exponentielle. Les camions qui y opèrent cinq jours sur sept effectuent en moyenne quatre allers-retours quotidiennement aux quatre coins du village.

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