Au crépuscule de 2024, ce sont les images des foules envahissant spontanément les rues des villes et des villages à travers l’île au moment de la proclamation des résultats des législatives du 11 novembre dernier qui restent gravées dans notre mémoire. Des femmes et les hommes de tout âge, de toutes les communautés et de toutes les religions, qu’ils ont voté pour le nouveau gouvernement ou pas, ont dans un même élan brandi le drapeau mauricien et entonné l’hymne national.
Les choses se sont déroulées rapidement le 4 octobre dernier, lorsque l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, a fait une annonce, attendue depuis plusieurs mois déjà : l’élection partielle prévue dans la circonscription No 10 est annulée et, à la place, les élections générales sont convoquées pour le 10 novembre. La campagne aura été courte, mais intense, avec des rassemblements organisés tant au niveau régional que national avec la présence d’un invité surprise, à savoir Missie Moustass, dont l’influence sur la décision finale de l’électorat fait l’objet de débats. Ce qui est certain, c’est que la volonté du changement, qui à l’évidence était déjà forte dans la population depuis longtemps, s’est transformée en un tsunami inattendu et par une vague nationale.
Les élections, organisées de main de maître par le commissaire électoral et l’ESC, se sont déroulées de manière exemplaire. Ce qui a été reconnu par tous les observateurs étrangers qui avaient fait le déplacement dans l’île, que ce soit ceux de l’UA, de la SADC ou de la Francophonie. Leur seul reproche aura été la faible présence féminine parmi les candidats.
Le gouvernement sortant, lui, a accepté le verdict de l’électorat sans contester. « Dan dernie eleksion, popilasion finn fer so swa. Nou akespte verdik-la an tout imilite. Lenouvo gouvernman ena enn baz solid pou kontinye fer pei al ankor plis dan devlopman, modernite e prosperite », a dit le Premier ministre sortant dans son message à la nation cette semaine.
Les résultats des élections ont donc marqué le come-back de Navin Ramgoolam et Paul Bérenger au pouvoir. Alors que Paul Bérenger a été une des principales victimes de la dictature parlementaire installée par l’ancien Speaker, Navin Ramgoolam, lui, a connu une traversée du désert difficile pendant ces dix dernières années, avec des accusations portées contre lui par l’ancien régime et, même, la maladie, qu’il a affronté avec résilience. Son élection à la tête du pays a été accueillie comme une nouvelle naissance politique et parlementaire.
La publication du document sur l’état de l’économie et les scandales financiers observés au niveau du MIC, de même que les malversations au niveau des compagnies gouvernementales, ont été accueillis sans surprise, mais avec colère, par la population, qui réclame aujourd’hui justice. Il semblerait que nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
En attendant, la fin de l’année se passe dans la sérénité après le paiement d’une première partie du 14e mois aux salariés touchant jusqu’à Rs 50 000, mais aussi la baisse du prix de l’essence et du diesel, entre autres. Des décisions urgentes ont aussi été prises, notamment le remplacement de l’Extended Programme pour le Foundation Programme à partir du 13 janvier, auquel beaucoup de parents placent leur espoir. L’incendie qui s’était déclaré sur le site d’enfouissement de Mare-Chicose, lui, a été maîtrisé. Enfin, la réaction rapide du gouvernement et des Mauriciens pour venir en aide à la population d’Agalega après le passage du cyclone Chido mérite aussi notre appréciation. Nous avons à ce sujet une pensée spéciale pour la population de Mayotte et des autres régions sévèrement affectées. Un dossier important qui doit être réglé avant la fin de l’année concerne les Chagos. Après les réserves exprimées par le gouvernement concernant l’accord conclu entre la Grande-Bretagne et Maurice le 3 octobre dernier, on a eu droit à valse diplomatique incessante avec de fortes pressions exercées sur Maurice, qui continue de bénéficier d’une couverture médiatique considérable. Il semblerait qu’une décision sera prise incessamment. Le vrai départ en vue du changement annoncé sera cependant donné le 24 janvier, avec la lecture du discours-programme par le nouveau président de la République, Dharam Gokhool. D’ici là, nous souhaitons d’ores et déjà à tous les Mauriciens une bonne et heureuse année 2025.