L’histoire de Tyler Liu Yew Fai est une ode à la résilience, à la détermination et à l’amour inconditionnel. Malgré des troubles psychomoteurs présents dès sa naissance, ce jeune garçon de 13 ans a accompli un exploit remarquable en obtenant d’excellents résultats (4 unités) aux examens du PSAC (Primary School Achievement Certificate), ouvrant ainsi les portes du prestigieux collège du St-Esprit, un rêve devenu réalité. Son parcours, semé d’embûches considérables, témoigne d’une force de caractère et d’une détermination hors du commun.
Un début de vie marqué par les défis et l’amour
Né prématurément, Tyler a rapidement été confronté à des difficultés psychomotrices qui entravaient son expression et sa motricité fine. Sa mère, Jessica, a fait face à cette épreuve avec un courage admirable, déterminée à offrir à son fils toutes les chances de s’épanouir. L’abandon du père biologique aurait pu accentuer les difficultés, mais le destin a mis sur son chemin Bruno, un médecin qui, selon les mots de Jessica, « avant même de m’aimer, a aimé Tyler », alors que l’enfant n’avait qu’un an. Bruno est devenu son époux et le père aimant de Tyler. Ensemble, ils ont eu deux autres filles, formant une famille unie et soudée, prête à mener un combat quotidien pour l’inclusion et le bien-être de Tyler.
Un parcours scolaire contrasté, entre Rodrigues et Maurice
La scolarité de Tyler débute à Rodrigues, dès la maternelle. Conscients des défis que représente son handicap, ses parents l’inscrivent tout de même dans une école pour enfants « normaux ». Toutefois, il devra y passer une année supplémentaire pour acquérir les bases nécessaires à son entrée en primaire. Une différence notable marque son expérience à Rodrigues : contrairement à ce qu’il vivra plus tard à Maurice, Tyler y est accepté comme un enfant « normal ». En primaire, il étudie, joue et socialise avec les autres enfants sans grandes difficultés, une expérience d’inclusion précieuse pour son développement.
Alors qu’il est en Grade 4 à Rodrigues, l’écriture manuscrite s’avère particulièrement difficile pour Tyler. Ses parents font alors une demande pour qu’il puisse utiliser un ordinateur portable en classe. Loin de se montrer réfractaires, les enseignants de Rodrigues, attentifs à son potentiel, accueillent favorablement cette initiative. Cette ouverture d’esprit contraste fortement avec les obstacles que rencontrera Tyler à son retour à Maurice. En effet, après sa Grade 5 à Rodrigues, Tyler revient à Maurice pour sa Grade 6 et est inscrit à l’école St-Enfant Jésus. Malgré son expérience positive à Rodrigues, il se heurte à des réticences concernant l’utilisation de son ordinateur. Ce n’est qu’après plusieurs demandes insistantes de ses parents auprès de la direction que l’autorisation est finalement accordée.
Malgré ces difficultés, Tyler a toujours fait preuve d’une détermination sans faille. L’ordinateur portable est devenu son principal outil de communication et d’apprentissage, lui permettant de s’épanouir pleinement sur le plan scolaire. Tout au long de son parcours, il s’est distingué comme un élève brillant, se classant régulièrement parmi les premiers de sa classe. Ses prouesses ne se limitent pas à ses résultats scolaires. Tyler a brillamment réussi plusieurs examens, notamment des dictées au niveau national, et a même reçu deux prix d’excellence avec mention Très bien de l’Alliance Française. Ces succès témoignent de ses capacités intellectuelles exceptionnelles et de son travail acharné.
Face aux préjugés, une famille unie et une victoire éclatante
Le regard parfois pesant des autres n’a jamais empêché Tyler de faire ses preuves, même si, pour sa mère, il est difficile de voir son enfant confronté à certains jugements. Jessica relate un épisode poignant lors de l’inscription au collège la semaine dernière : « À un moment donné, on m’a fait comprendre que je n’étais pas dans la bonne file d’attente, qu’il fallait aller de l’autre côté, pour les enfants ayant des besoins spécifiques. » Avec une force tranquille, elle a su recadrer son interlocuteur, affirmant avec fierté que Tyler serait admis en Grade 7 dans le cursus principal.
Même l’organisation des examens du PSAC a été source de stress et d’incertitude. Malgré les difficultés liées à son handicap et un manque de soutien initial des autorités mauriciennes, Tyler a su s’adapter et surmonter les obstacles, avec le soutien et les démarches de ses parents. Pour les épreuves, il a été placé seul dans une salle avec un ordinateur et un policier, une situation qui souligne le manque d’anticipation des autorités face à ses besoins spécifiques. De plus, sa famille a été informée seulement trois jours avant les examens qu’aucune disposition n’avait été prise pour lui permettre de participer, ajoutant un stress inutile à une période déjà éprouvante. Heureusement, une solution a finalement été trouvée, permettant à Tyler de passer les épreuves dans des conditions adaptées.
Un enfant épanoui, un exemple pour tous
Au-delà de ses réussites scolaires, Tyler est un enfant épanoui et pleinement intégré dans sa famille. Chouchou de ses sœurs, il participe activement à la vie familiale, aidant aux tâches ménagères et faisant preuve d’une grande autonomie. « À l’école, il s’épanouit et s’intègre aisément, se faisant des amis facilement », confie Bruno, son père, jettant un regard affectueux à l’enfant qui joue à la Playstation.
Le parcours de Tyler est un véritable exemple de résilience, de détermination et d’amour. Il démontre avec éclat que le handicap n’est pas un frein à la réussite et que l’inclusion est essentielle pour permettre à chaque enfant de réaliser son plein potentiel. Son histoire est un plaidoyer pour une société plus inclusive et plus compréhensive envers les enfants « autrement capables ». Son succès au PSAC le place désormais parmi l’élite du pays, une juste récompense pour son courage et son talent exceptionnel.
Johanne Prosper