Port-Louis maintient sa position pour parvenir à un Much Better Deal et reconnaît que « it’s going tough »
La pression internationale en vue de la conclusion de l’accord entre Maurice et le Royaume-Uni au sujet de la souveraineté des Chagos s’accentue. Hier, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est entretenu avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour lui demander de signer l’accord. C’est ce qu’a appris hier soir Le Mauricien de sources sûres. L’intervention des Etats-Unis coïncide avec la visite du secrétaire indien aux Affaires étrangères, Vikram Mistri, qui, durant ses rencontres avec les dirigeants mauriciens, a exhorté ces derniers à conclure l’accord au plus vite.
C’est la première fois que le puissant chef de la diplomatie américaine s’entretient avec Navin Ramgoolam pour évoquer le dossier des Chagos. Le Premier ministre lui aurait fait comprendre qu’il n’était pas d’accord avec l’accord initial conclu en octobre dernier sous la forme du Draft Political Agreement du 3 octobre, soit à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale, menant aux élections du 10 novembre dernier, et lui a confirmé avoir fait une contre-proposition aux Britanniques. Laquelle contre-proposition sera adressée au secrétaire d’Etat américain.
Les recoupements d’informations indiquent que Maurice maintient sa position en vue de parvenir à un Much Better Deal que celui envisagé dans le Draft Political Agreement du 3 octobre sous le Prime Ministership précédent de Pravind Jugnauth. Le Premier ministre et le Deputy Prime Minister Paul Bérenger sont sur la même longueur d’ondes sur ce sujet.
Ces mêmes sources laissent entendre qu’après les Indiens, l’intervention directe des Américains, par nulle autre autorité que le secrétaire d’Etat Blinken, est une indication que « it’s going tough ». Toutefois, sans laisser transpirer le moindre détail, sauf que les consultations se poursuivent dans une volonté déterminée de parvenir à un accord à la satisfaction des différentes parties.
Antony Blinken et le président des Etats Unis, Joe Biden, ont été parmi les premiers dirigeants étrangers à féliciter Maurice pour l’accord anglo-mauricien du 3 octobre. « Today’s agreement reflects the power of diplomacy to solve longstanding challenges, our shared commitment to a free and open Indo-Pacific region, our continued close collaboration with Mauritius on a wide range of bilateral, regional, and multilateral issues, and, above all, the strong partnership of Mauritius, the United Kingdom, and the United States », avait déclaré Antony Blinken.
Le dossier des Chagos a figuré On Top of the Agenda lors des discussions qu’a eues le Foreign Secretary indien Vikram Misri avec les dirigeants politiques mauriciens, en particulier avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger. Le chef de cabinet indien aux Affaires étrangères a fait part du souhait des autorités indiennes de voir la conclusion de l’accord entre Maurice et la Grande-Bretagne aussi vite que possible. Vikram Misri a qualifié le tête-à-tête qu’il a eu avec le Premier ministre mauricien d’excellent et de constructif.
Malgré les réserves exprimées par Navin Ramgoolam, qui considère que la proposition initiale « would not produce the benefits that the nation could expect », Maurice et le Royaume-Uni ont affirmé leur « commitment to finalising a deal as quickly as possible ». Dimanche après-midi, Paul Bérenger a accusé la Grande-Bretagne de « pinay lor enn ti kass ». Il a fait comprendre qu’il ressentait une colère profonde lorsqu’il pense au viol commis par la Grande-Bretagne en 1965 en excisant les Chagos du territoire mauricien illégalement et en violation des résolutions des Nations unies.
Dans les milieux des Chagossiens, à Maurice, on s’étonne que le gouvernement ait choisi Me Geoffrey Cox pour défendre le dossier des Chagos, tenant en compte qu’il est membre du Parti conservateur britannique. Ils souhaitent que la voix des Chagossiens soit entendue par le nouveau gouvernement.