Les travaux à l’Assemblée nationale ont été ajournés au vendredi 24 janvier à 15h. La séance de vendredi dernier a été marquée par le vote du Special Allowance Bill avec amendements en prévision du paiement d’un 14e mois aux salariés percevant moins de Rs 50 000. Outre le summing-up du ministre du Travail, Reza Uteem, et le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui a fait état de la situation ainsi que le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, le député de l’opposition Adrien Duval s’est aussi attardé sur la question lors des débats. Le Premier ministre est revenu sur la genèse et la mise en œuvre du 14e mois de salaire, critiquant vivement l’ancien gouvernement. Il a expliqué que la demande d’un 14e mois avait été formulée dès décembre 2023. À l’époque, le MSM, sous la direction de Pravind Jugnauth, avait rejeté cette proposition, estimant qu’elle nécessitait des consultations. Le ministre du Travail de l’époque, Soodesh Callichurn, avait même jugé la mesure illégale, un avis qui n’a cependant pas empêché l’annonce de son introduction une semaine avant les élections générales.
Navin Ramgoolam a évoqué cette décision comme une tentative désespérée de « l’ancien Premier ministre » qui, selon lui, a fait ce geste « pour gagner les élections à tout prix ». Il a notamment souligné que la décision de verser un 14e mois était dictée par des considérations électoralistes, et non par une gestion rigoureuse de l’économie. « Le ministre du Travail n’avait d’autre choix que d’exécuter les ordres », a-t-il déclaré, ajoutant que le Cabinet, sous l’ancienne administration, n’était qu’une façade où « tout le monde disait oui » face aux décisions prises.
Concernant l’introduction du 14e mois, il a justifié la décision de limiter son versement aux employés dont le salaire ne dépasse pas Rs 50 000, expliquant qu’il était impossible de distribuer cet avantage à tous les fonctionnaires. « Nous avons fait le maximum, mais nous ne pouvons pas donner l’argent que nous n’avons pas », a-t-il insisté, précisant que cette mesure concernera 90% des employés. « Nous avons dû faire des choix. C’est pourquoi Rs 50 000 a été fixé comme seuil », a-t-il précisé, tout en soulignant que l’objectif était d’aider le plus grand nombre sans mettre en péril les finances publiques.
Dans le sillage, le Premier ministre a remercié Kugan Parapen pour sa suggestion de diviser le paiement du 14e mois en deux tranches. Cette décision vise à éviter des comportements impulsifs durant les fêtes de fin d’année. « C’était une idée judicieuse, et je remercie Parapen pour cela », a-t-il souligné, ajoutant que cette mesure contribuait à un meilleur contrôle des finances publiques, tout en soutenant les travailleurs. Ashok Subron a également été salué pour ses contributions. « Nous avons eu des discussions très constructives avec Ashok Subron, et sa contribution a été déterminante », a-t-il expliqué, avant de poursuivre : « Nous avons eu la chance que le peuple ait chassé les voyous du gouvernement précédent. »
Au-delà du 14e mois, Navin Ramgoolam a largement dénoncé les dégâts causés par l’administration précédente sur l’économie et les institutions du pays. Il a évoqué l’état de « faillite » de Metro Express, de la State Trading Corporation et d’Air Mauritius, soulignant que le pays était désormais confronté à la nécessité de « sauver Air Mauritius ». Navin Ramgoolam n’a pas manqué de rappeler que l’ancien gouvernement avait « dilapidé les finances du pays » et qu’il était désormais impératif de rétablir la crédibilité des institutions publiques, qu’il qualifie de « détruites » par la gestion précédente. « Ils ont agi de manière criminelle », a-t-il insisté, citant des exemples comme la démission de Gilbert Gnany du Statistics Board et les accusations de manipulation des chiffres économiques.
Le Premier ministre a également critiqué l’approche « népotiste » et « corrompue » de l’ancien gouvernement, affirmant que la population avait voté pour l’Alliance du Changement « pour retrouver la liberté et l’unité ». « Le pays est aujourd’hui à la poubelle de l’histoire », a-t-il lancé, avant de conclure : « Nous devons réhabiliter nos institutions et regagner notre réputation. »
À l’issue de son intervention, le Premier ministre a exprimé sa confiance en la capacité de son gouvernement à redresser l’économie, malgré les difficultés. « Ce sera difficile, mais nous réussirons », a-t-il affirmé, promettant une gestion plus transparente et un redressement des finances publiques.
Adrien Duval, le député correctif du PMSD, a exprimé sa préoccupation lors des débats sur le Special Allowance Bill, indiquant que même s’il est favorable à la mesure, l’exclusion de 55 000 employés, soit environ 10 % de la main-d’œuvre, des bénéficiaires est déplorable. Selon lui, cette exclusion frappe durement la classe moyenne, souvent déjà sous pression financière. Il est d’avis que l’inclusion de ces travailleurs dans le dispositif du 14e mois n’aurait qu’un impact limité sur les finances publiques, représentant environ Rs 2 milliards, dont une part substantielle reviendrait à l’État sous forme de taxes et de contributions sociales.
Au-delà de cette question, Adrien Duval s’est attardé sur le silence de l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et des responsables des institutions indépendantes comme le directeur de l’Audit et l’Acting Director de Statistics Mauritius, face aux accusations de manipulation des chiffres économiques. Il a demandé des clarifications sur leurs rôles et responsabilités dans ce contexte. Il a de même insisté sur la nécessité pour le GM de respecter ses engagements et d’assurer une équité sociale dans le paiement du 14e mois.