L’autocratie commence là où s’arrête la démocratie et malheureusement, dans certains pays, seule la voix d’un dirigeant ou d’un groupe de personnes compte. Appelez cela comme vous le voulez, mais la dictature n’apporte rien de bon à une société si ce n’est que ce sont les intérêts personnels qui priment au détriment du développement et des valeurs humaines.
À Maurice, nous avons évité de justesse une tragédie avec l’élection d’un nouveau gouvernement le mois dernier. Si de grands chantiers ont été ouverts suite au bilan catastrophique déposé sur l’économie, en revanche, en sport c’est, “business as usual”, avec les mêmes têtes enracinées, dans bien des cas, depuis plusieurs années. À croire que ces personnes sont devenues indispensables, voire incontournables. Alors que pourtant, nombreuses sont ces fédérations qui sont en crise après que certains ont décidé d’emprunter les sentiers de la mauvaise pratique.
Comme nous l’avions toujours avancé, l’ancien ministre des Sports, Stephan Toussaint, est en partie responsable de cette situation. Au lieu de réagir, il est demeuré spectateur, tout en étant conscient que la situation empirait, alors qu’il avait le pouvoir de ramener la confiance et la sérénité.
Reste que le plus grand fautif n’est autre que le Comité olympique mauricien (COM). Faut-il commencer par poser cette question à son président, Philippe Hao Thyn Voon, qui est demeuré, rappelons-le, 18 ans au pouvoir au terme de cinq mandats ! Qu’a fait le COM pour aider à assainir la situation au sein de ces fédérations qui peinent aujourd’hui à s’aligner sur les principes de la bonne gouvernance ?
Si vous n’avez, pour l’heure, pas la réponse, M. Hao Thyn Voon, et bien sachez que le COM est intervenu en faveur de la Mauritius Football Association (MFA) en mars 2023 après que le ministère des Sports l’avait pourtant suspendu en raison de son illégalité par rapport aux lois du pays ! Et dire que cette association traîne toujours, non pas une, mais plusieurs casseroles !
Votre organisme n’a-t-il pas essayé de barrer la route, de façon antisportive, à la candidature de l’ancien boxeur Bruno Julie, seul médaillé olympique mauricien, aux élections de la commission des athlètes du COM tenues en février 2021 ? Il a fallu l’intervention du Comité international olympique (CIO) pour que ses droits soient rétablis !
Quelle a été la réaction du COM après que la Fédération mauricienne de judo (FMJ) a refusé, depuis mars 2019, de renouveler l’affiliation de plusieurs clubs au point où, aujourd’hui, plus de 300 jeunes sont injustement privés de compétition ? Le COM trouve-t-il aussi normal la situation qui perdure depuis plusieurs mois en athlétisme, en boxe et en handball pour le citer qu’eux.
Pourquoi le COM n’est-il alors pas intervenu comme il l’a fait en football et ainsi aider le sport à se remettre dans le bon sens ? Est-ce à comprendre que ce n’est pas son problème et que ses intérêts sont ailleurs ? Au cas contraire, il faudra que Philippe Hao Thyn Voon nous explique pourquoi le COM avait été rappelé à l’ordre par le CIO suivant un amendement proposé à la commission des athlètes fin 2020.
Voilà ce que c’est le COM pour ceux qui ne le savent pas et pour ceux qui veulent voir la vérité en face. Faut-il aussi que certains sachent que le COM a voulu terminer l’année en beauté après avoir décidé à la place des fédérations de leurs accompagnateurs aux Jeux olympiques de Paris. Si ce n’est pas une forme de dictature, alors il faudra que certains au COM parviennent à prouver le contraire.
Ainsi, le 30 décembre, le COM organisera son assemblée générale annuelle à Trianon. Des “minor amendments” seront proposés, mais sans pourtant en préciser les détails dans un premier temps. Il a fallu que Week-End dénonce la démarche, au même titre que le président de la Mauritius Tennis Federation, Jean-Michel Giraud, pour que ces amendements soient finalement communiqués, comme le veut la transparence.
Et comme il fallait s’y attendre, une proposition concerne effectivement l’Article 8 section 12 (d) et honteusement, elle ouvrira une voie royale aux nouvelles fédérations si elle est adoptée, mais aussi aux dirigeants orphelins de fédérations. Hedley Han, secrétaire-général du COM, était de ceux-là, mais il se trouve qu’il aurait pris la décision de démissionner. On attendra de voir de quoi il en retourne dans les jours qui viennent.
Forcément aussi, la démarche ne peut que favoriser la création de fédérations dites fictives et une participation encore plus conséquente aux prochaines élections, faussant ainsi, dans une large mesure, le scrutin. Et malheureusement, cela fait des années que cela dure avec, qui plus est, la bénédiction de certains. Preuve que les intérêts sont bien loin d’être purement sportifs au COM comme
nous l’avons toujours dénoncé.
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