Journée mondiale des personnes en situation de handicap : Les choses avancent, mais il reste beaucoup à accomplir

La Journée mondiale des personnes en situation de handicap a été célébrée mardi. Une occasion pour faire un état des lieux à Maurice, un mois après l’élection du nouveau gouvernement et la venue du nouveau ministre de l’Intégration sociale et de son Junior Minister. Une occasion aussi pour rappeler que ce secteur et surtout ces personnes, au nombre de 87 000, méritent toute notre attention. Ashvin Gudday, vice-président de l’Association pour la protection des Droits des handicapés (APDH), nous en dit plus.
Si les choses avancent lentement mais sûrement, il reste encore beaucoup de choses à accomplir. En effet, cette année, la Protection and Promotion of the Rights of Persons with Disabilities Act a été votée à l’assemblée et devrait entrer en vigueur l’an prochain. « Pour commencer, il est bon de rappeler que nous utilisons officiellement l’expression personnes en situation de handicap plutôt que de dire personnes handicapées, car c’est la situation qui est, au final, handicapante pour la personne. »
Presque un mois après l’élection du nouveau gouvernement, il nous fait un bref état des lieux de ce secteur sacrosaint. « Nous devons être honnêtes et il est vrai que ces dernières années, il y a eu des mesures qui ont été prises pour améliorer les conditions de vie de personnes en handicap, comme l’augmentation de la pension de validité, mais ce n’est pas suffisant », nous explique Ashvin Gudday. « Parfois, l’argent ne suffit pas, car si l’on souhaite améliorer la vie des personnes en situation de handicap, il y a d’autres critères, d’autres facteurs qui doivent être pris en considération », dit-il.
Ashvin Gudday soutient que les personnes en situation de handicap ont leur place dans tous les secteurs, notamment dans celui de l’Éducation. « Nous avons certes la Special Education Needs Authority (SENA), mais nous aurions souhaité que les écoles mainstream puissent accueillir nos enfants en situation de handicap aussi. » Une demande d’ailleurs maintes fois réitérée par les travailleurs sociaux et parents du secteur. Il a aussi abordé la question de l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap et ceux en fauteuils roulants, notamment.
En effet, il est bon de rappeler que selon la Convention relative aux droits des personnes handicapées, 2006, l’accessibilité, c’est permettre aux personnes en situation de handicap, sur la base de l’égalité avec les autres à l’accès à tous les aspects de la société, y compris à l’environnement physique, aux transports, aux services d’informations, de communication et aux autres équipements et services ouverts ou fournis au public. « Si le métro est accessible, il faut quand même que le passager en question s’il habite loin de la station, prenne un autobus ou sinon un taxi pour y accéder. Et nos routes, nos trottoirs ne sont pas du tout adaptés aux fauteuils roulants. Idem pour les autobus qui ne sont pas tous des semi-low floor. Il faut donc des changements structurels, un travail de redesigning à faire et cela demande de la volonté et du temps », dit-il.
Et si la Protection and Promotion of the Rights of Persons with Disabilities Act sera bientôt promulguée, Ashvin Gudday se dit ne pas être « à 100 % satisfait », car ce nouveau projet de loi, dit-il, se devait être le reflet de la United Nations Convention on the Rights of Persons with Disabilities (CRPD) ratifiée par Maurice en 2010, mais en vain. « C’est pour cela que nous disons qu’il y a encore du chemin à parcourir, mais que nous allons dans la bonne direction. » Ashvin Gudday souligne aussi avoir rencontré, avec d’autres ONG, le nouveau ministre de l’Intégration sociale et que des propositions lui ont été remises pour faire avancer le secteur.
En ce qu’il s’agit de l’employabilité des personnes en situation de handicap, il reconnaît les mesures prises, avec notamment les primes à l’emploi pour encourager les entreprises privées à embaucher de manière plus inclusive. « Cependant, l’État, même s’il aide à donner ces primes, devrait faire bon élève et recruter davantage de personnes en situation de handicap. » Et d’ajouter que les allocations de prestations sociales devraient être revues de même que la structure de Medical Board « qui a une approche, à ce jour, encore très médicale. Une approche plus humaine devrait être privilégiée », conclut-il.
seront exonérées d’impôt
Par ailleurs, toujours dans le cadre de l’International Day of Persons with Disabilities, le ministre de l’Intégration sociale et de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a affirmé dans un message adressé à la population que « toutes les pensions seront également exonérées d’impôt. » Il a confirmé que sous le mandat du nouveau gouvernement, les personnes handicapées continueront à percevoir la Basic Invalid Pension lorsqu’elles atteindront l’âge de 60 ans, en plus de la Basic Retirement Pension.
Et d’ajouter que « dans le contexte de la Journée internationale des personnes handicapées, le nouveau gouvernement réitère son engagement à amender l’article 16 de la Constitution de Maurice, dans le cadre de la réforme constitutionnelle à venir. Toute personne handicapée est protégée par la Constitution contre toute forme de discrimination, y compris celles fondées sur le handicap. Le nouveau gouvernement promulguera prochainement la Protection and Promotion of the Rights of Person with Disabilities Act. Nous prendrons également en compte les recommandations de la société civile et des ONG sur ladite loi. »
Par ailleurs, le ministre de l’Intégration sociale et de la Sécurité sociale a évoqué une kyrielle d’autres questions : « Quel est l’impact de la pollution et de la dégradation de l’environnement sur les handicaps ? Quelle est l’incidence des accidents du travail et des maladies sur la prolifération des handicaps dans la société ? Quelle est la conséquence du stress social sur l’augmentation des handicaps ? Quel est l’impact d’autres accidents, comme les accidents de la route, sur les handicaps ? Quelles sont les implications de la pauvreté et des inégalités sociales sur la hausse des handicaps dans la société ? » Tout cela devrait être traité dans le cadre de la nouvelle politique que le ministère mettra en vigueur.
Il a ajouté que dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale des personnes handicapées, le moment est également venu de remettre en question les stéréotypes, d’éliminer la stigmatisation et de célébrer les forces et la résilience que les personnes handicapées apportent à la société, a fait ressortir Ashok Subron. « Dans ce contexte, je rends hommage à tous nos concitoyens, vivant avec une forme quelconque de handicap, qui ont fait la fierté de notre pays, dans divers domaines, au niveau local et international. Nous serons tous inspirés par leur courage et leur détermination dans tout ce que nous ferons », a-t-il dit.

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