Le système éducatif s’apprête à vivre une transformation majeure dès janvier 2025. Il y a les nouvelles options offertes aux candidats du PSAC qui incluent l’introduction d’un programme destiné aux élèves en difficulté, qui remplacera l’Extended Programme, ainsi que la suppression de dispositifs jugés inefficaces, comme le Bright Up Programme. Par ailleurs, l’abolition des académies à l’avenir et une réflexion approfondie sur le NCE sont également envisagées. Ces changements, selon le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, visent à réduire les inégalités et à offrir un meilleur accompagnement aux élèves, dès le primaire jusqu’au secondaire. D’autre part, la promotion automatique au primaire pourrait disparaître. Si ces changements annoncés, et dont les détails seront présentés et discutés avec les acteurs de l’éducation primaire et secondaire demain à Réduit, s’apparentent à une réforme, Mahend Gungapersad, lui, voit les choses autrement. « Je ne parlerai pas d’une réforme. Mais d’une réforme subtile », dit-il. Et d’annoncer les assises de l’éducation en avril prochain.
À l’annonce des résultats du Primary School Achievement Certificate ce jeudi, les candidats qui auront décroché leur certificat et seront éligibles à une place au secondaire feront leur entrée en Grade 7 dans le mainstream en janvier 2025. Ceux ayant échoué dans trois matières pourront participer aux examens de rattrapage, qui se dérouleront sur trois jours. Ce sera une première pour les épreuves du PSAC. Depuis l’introduction des examens de rattrapage (resit exams), les candidats pouvaient se présenter à nouveau dans une seule matière (core subject). Les classes de rattrapage seront organisées du 13 au 18 décembre. Les résultats des examens de rattrapage seront connus le 6 janvier 2025.
Les jeunes candidats qui ne décrocheront pas leur certificat parce qu’ils auront échoué dans toutes les matières pourront choisir parmi deux options, notamment redoubler la classe de sixième année et concourir au PSAC en 2025 ou entrer au secondaire et suivre un nouveau programme sur la littératie et la numératie basiques, et le développement des compétences dans différents domaines y compris l’agriculture, qui sera introduit dans les écoles secondaires à partir de la rentrée de janvier 2025.
Le ministre de l’Éducation explique que ces changements qui interviennent en Grade 6 sont nécessaires pour offrir aux enfants en difficulté, mais ayant la possibilité de progresser, l’occasion d’améliorer leurs performances avant la transition vers le secondaire. Il est fort probable que la promotion automatique ne sera plus appliquée au niveau primaire. En effet, lors de sa rencontre avec des représentants du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), accompagnés de Monseigneur Jean-Michaël Durhône, évêque de Port-Louis, Mahend Gungapersad a acquiescé lorsque ce dernier a évoqué les effets néfastes de la promotion automatique. « Je suis d’accord à 1000 % avec Monseigneur Durhône sur cette question. D’ailleurs, c’est un grand pédagogue que j’ai rencontré. Nous allons effectivement revoir la promotion automatique », souligne Mahend Gungapersad.
Par ailleurs, reconnaissant que la détection des faiblesses en littératie et numératie doit commencer très tôt dans le cycle primaire, le ministre de l’Éducation est d’avis qu’il est essentiel de renforcer le système éducatif dès les premières années. Il préconise de privilégier une détection précoce, notamment en Grade 3, afin d’intervenir efficacement et de fournir le soutien nécessaire aux élèves pour combler leurs lacunes. Partageant l’avis de Mahend Gungapersad sur ce point, Brian Pitchen, facilitateur au collège Saint Mary’s West et coordinateur national de l’Extended Programme pour le Service diocésain de l’éducation catholique, va même plus loin.
« Je propose qu’il y ait deux enseignants pour deux niveaux dans les matières principales. L’un se consacrerait aux élèves moins performants, tandis que l’autre travaillerait avec ceux ayant un meilleur niveau », dit-il. Selon lui, cela permettrait d’éviter que les élèves arrivent au secondaire avec des lacunes en littératie. Et de regretter « l’absence de continuité qui apporte un déséquilibre dans le système éducatif. » Brian Pitchen est aussi d’avis que le débat sur l’éducation devrait aussi s’ouvrir aux apprenants. « Le ministre pourrait écouter les élèves et comprendre leurs besoins », observe le pédagogue.
Le secteur secondaire s’apprête à connaître une transformation majeure, à commencer par le très critiqué Extended Programme (EP). Celui-ci sera remplacé par un nouveau programme s’étalant sur trois années. Les détails concernant le contenu de ce programme, ainsi que son appellation, seront dévoilés demain lors d’une rencontre entre le ministre Gungapersad et les acteurs du secondaire. Les élèves actuellement inscrits dans l’Extended Programme, c’est-à-dire ceux qui entameront leur deuxième et troisième année respectivement à partir de janvier 2025, poursuivront leurs études selon un cursus révisé. Par ailleurs, la première cohorte de ce nouveau programme inclura les élèves n’ayant pas obtenu leur certificat de fin d’études primaires et qui auront choisi de ne pas redoubler le Grade 6.
Les résultats du National Certificate of Education (NCE) 2024, publiés mardi dernier, ont mis en évidence l’urgence de réviser l’Extended Programme. Le taux de réussite des candidats inscrits dans ce programme (Grade 9+) a été particulièrement faible, avec seulement 8,1% ayant atteint le niveau requis. Concrètement, sur les 2 584 candidats inscrits, seuls 122 ont obtenu leur NCE Certificate et 62 leur NCE-EP. Par ailleurs, 2 275 candidats se sont effectivement présentés aux examens. Pour ceux n’ayant pas réussi, deux options s’offrent à eux : redoubler leur Grade 9 ou intégrer un cours de niveau NC2 au Mauritius Institute of Training and Development. En ce qui concerne l’ensemble des candidats du NCE 2024, parmi les 13 562 inscrits, 9 419, soit 69,5%, ont atteint le niveau 2 du National Qualifications Framework. Les élèves du programme régulier ont enregistré un taux de réussite de 81,8%, un chiffre en légère baisse par rapport à l’année précédente (86,0% en 2023).
Quant au National Certificate of Education, son avenir serait incertain. Toutefois, la décision d’abolir le NCE ne reviendra pas au ministre de l’Education, c’est ce que nous a avancé ce dernier. « La question de la raison d’être du National Certificate of Education sera posée aux acteurs de l’éducation », dit-il. Et de faire ressortir : « Je ne compte pas prendre des décisions seul. Je veux travailler en concertation avec les partenaires de l’Education. Je n’imposerai rien. Je suis pour le consensus. » C’est dans cette optique, en attendant les assises de l’éducation prévues pour avril 2025, que Mahend Gungapersad rencontrera demain matin tous les acteurs clés du primaire, puis ceux du secondaire dans l’après-midi. Le 16 décembre, ce sera au tour des responsables de la petite enfance et des besoins éducatifs spéciaux (Special Education Needs) d’être invités à participer à la même démarche.
Déjà, Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union, réclame la révision complète du NCE. « La structure actuelle du NCE soulève plusieurs inquiétudes. Le nombre de matières à examiner est écrasant, et il existe un écart notable entre les exigences du NCE et celles du SC de Cambridge. Ce fossé complique la transition des élèves vers l’enseignement supérieur et entraîne souvent des difficultés dans leur progression académique. Il faudrait simplifier sa structure, réduire le nombre de matières examinées et veiller à ce qu’il soit mieux aligné avec les compétences et les connaissances nécessaires à la réussite académique », nous dit-il.
Un autre changement prévu dès la rentrée du premier trimestre est l’abolition du Bright Up Programme. Introduit cette année, ce programme avait été conçu — et présenté aux parents d’élèves à Côte d’Or — pour les collégiens ayant échoué aux examens du NCE, en particulier ceux inscrits en Extended Programme. Après le Grade 9, ces élèves avaient accès à un centre du Mauritius Institute of Training and Development (MITD) pour un développement holistique, leur offrant ainsi le bagage nécessaire pour s’inscrire ultérieurement à une formation technique de niveau NTC3. Cette année, 1 200 élèves ont participé au programme, avec des cours dispensés dans les huit centres du MITD. Bien que le Bright Up Programme sera supprimé, Mahend Gungapersad indique que les éléments utiles de ce concept seront conservés. « S’il y a des matières à retenir, à l’instar de la natation, nous les garderons. Nous n’allons pas jeter l’eau du bain avec le bébé ! » déclare le ministre de l’Éducation.
Dans un autre temps, les académies du Nine-Year Continuous Basic Education (NYCBE) reform devraient elles aussi disparaître du paysage éducatif. Mahend Gungapersad entend-il mener sa réforme et marquer son passage ? « Je ne parlerai pas de grande réforme dans l’éducation, mais plutôt d’une réforme subtile, car il y a un énorme travail à accomplir dans ce secteur. J’ai la volonté et je ferai de mon mieux pour faire avancer l’éducation. Ce travail ne concerne pas uniquement le volet académique, mais aussi l’organisation. Afin de garantir qu’à la rentrée, les élèves qui commenceront le nouveau programme qui sera lancé au secondaire entament leur cycle de trois ans avec un cursus déjà prêt, les techniciens du ministère y travaillent quotidiennement, y compris pendant ce week-end », déclare le ministre.
Les 12 académies mixtes, selon Mahend Gungapersad, est une « forme de ségrégation » dans le système éducatif à laquelle il n’adhère pas. « J’ai été le recteur d’un collège régional, notamment le RTSS à Îlot. Je crois dans une approche holistique de l’éducation », précise-t-il.
De son côté, Harrish Reedoy explique : « Si le NCE est supprimé, les académies, telles qu’elles existent aujourd’hui, seront de moins en moins pertinentes et risquent de devenir complètement obsolètes. » Il est d’avis que les académies n’ont pas réussi à se distinguer des collèges régionaux en termes de programmes spécialisés ou de niches éducatives. « Elles se contentent d’offrir le même curriculum que les autres collèges, sans véritable innovation ou valeur ajoutée. Ce manque de différenciation remet en question leur utilité et leur justification dans le système éducatif actuel. De plus, le concept d’académies favorise une concentration des élèves brillants dans quelques écoles, renforçant ainsi les inégalités au sein du système éducatif. Au lieu de créer des opportunités pour tous, il perpétue une élite scolaire, laissant de nombreux élèves de côté », relève-t-il.
Ce dernier remet aussi la mixité dans les académies en question. Il en profite pour soutenir l’interdiction de l’usage des téléphones portables dans les collèges par les élèves. « Toutefois, une certaine flexibilité peut être envisagée pour les élèves du Higher School Certificate (HSC), à condition que l’utilisation des téléphones soit strictement encadrée en classe et uniquement dans un but pédagogique, sous la supervision des enseignants. Cette approche équilibrée permettrait de maximiser les avantages éducatifs tout en minimisant les effets négatifs de ces appareils », souligne ce dernier.
Conseil des ministres du vendredi 6 décembre — Un focus révélateur sur l’importance de l’Éducation pour le GM
•De nouvelles mesures de soutien et d’amélioration des résultats
Lors de sa dernière réunion vendredi dernier, le Conseil des ministres du nouveau gouvernement a pris note de plusieurs décisions majeures concernant le secteur de l’éducation, mettant l’accent sur l’amélioration des résultats scolaires, l’assistance aux familles défavorisées et la révision des critères de promotion pour les élèves du secondaire. Tout cela traduit l’importance que ce gouvernement entend donner à l’éducation nationale.
Les aides financières pour les matériaux scolaires
Pour soutenir les familles à faibles revenus, le Conseil des ministres a approuvé le versement d’une subvention en espèces pour l’achat de matériels scolaires à environ 13 000 enfants issus de foyers éligibles. Les montants varient en fonction du niveau scolaire de l’enfant, avec des allocations plus élevées pour les écoles secondaires et les écoles d’éducation spécialisée. Ce soutien visera à alléger le fardeau financier des familles, en particulier celles inscrites dans le registre social de Maurice.
Le système de subvention permettra également aux foyers nouvellement éligibles, sous le Registre Social de Maurice jusqu’au 31 décembre 2024, de bénéficier du soutien dans le cadre du programme de Matériel Scolaire.
Soutien aux collèges privés subventionnés
Le système de subvention en espèces permettra également aux nouveaux foyers trouvés éligibles sous le Registre Social de Maurice jusqu’au 31 décembre 2024 de bénéficier du soutien dans le cadre du programme de Matériel Scolaire.
Une autre mesure importante prise par le Conseil des ministres concerne le soutien aux écoles secondaires privées subventionnées. À la suite de consultations entre la Fédération des Syndicats de Cadres et les autorités concernées, il a été convenu que les subventions en attente seront versées aux écoles privées subventionnées d’ici le 15 décembre 2024.
Le calendrier scolaire 2025
En ce qui concerne le calendrier scolaire de l’année académique 2025, le Conseil a validé les dates pour les écoles primaires et secondaires. Les élèves commenceront l’année scolaire le 10 janvier 2025, avec des périodes de vacances en avril, juillet et novembre. Le calendrier a également été ajusté pour tenir compte de l’entrée en Grade 7 et Grade 10 dans les académies secondaires.
Révision des critères de promotion au Grade 12
Enfin, une révision importante a été décidée concernant les critères de promotion au Grade 12 (Lower Six). À partir de janvier 2025, les élèves devront obtenir trois crédits au lieu de cinq pour être promus à la classe de Lower Six, un changement qui vise à rendre les exigences plus accessibles pour un plus grand nombre d’élèves.