Fourniture en eau — pour les prochaines années : Des défis graves

Les membres de l’Alliance du Changement se sont bien gardés, lors de la campagne électorale, de faire miroiter à la population la perspective d’un approvisionnement 24/7 en eau potable, histoire de ne pas se retrouver dans une situation d’extrême délicatesse, comme leurs prédécesseurs, face à un objectif qui relève de l’utopie. Pour l’instant, du moins. La limitation des ressources en eau, les menaces qui pèsent sur leur usage (surexploitation, pollution) et le déséquilibre dans leur répartition ont atteint des niveaux critiques et constituent des défis graves pour les prochaines années que le nouveau ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, tentera de relever. Il s’offre un premier test face une grave sécheresse qui nous pend au nez.

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L’énorme fossé entre des idées pleines d’espoir et la réalité des mesures et des politiques orchestrées au cours de ces dix dernières années. La difficulté d’accès à l’eau courante ne résulte pas seulement du manque d’infrastructures ou du déficit pluviométrique, mais également du rôle déterminant des aspects techniques, institutionnels et politiques dans la fragilité du système. On ne compte plus le nombre de fois où on a sollicité l’expertise des acteurs dans le domaine de l’hydrologie sur les solutions et la stratégie à adopter pour mettre un frein au marasme qui prévaut dans les quatre coins de l’île qu’on pourrait les citer par cœur.
Repenser, renouveler et innover les méthodes de stockage afin de protéger l’eau de l’évaporation et de la pollution. Développer des structures de stockage souterrain, et entretenir les canaux de distribution de l’eau d’irrigation, limiter les constructions autour des nappes phréatiques, et valoriser les ressources en eau qui se jettent dans la mer.
Sauf que face aux atermoiements à répétition de nos décideurs politiques, entre difficultés de financement et hésitations sur les critères d’allocation des contrats, les projets restent aux stades embryonnaires ou sont reportés aux calendes grecques, à l’instar du barrage de Rivière-des-Anguilles. Retiré des chapeaux des Grands Argentiers à chaque budget, depuis 2010, le dossier relatif à la construction de ce pharaonique projet va-t-il enfin connaître un coup d’accélérateur en 2025 ? La question est sur toutes les lèvres, les experts s’accordant à dire que ce barrage aurait valu son pesant d’or pour soulager des centaines de milliers de villageois résidant dans le sud de l’île. Ladite rivière a la particularité de regorger d’eau propre. D’après des statistiques publiées en octobre 1999, cette rivière peut apporter jusqu’à 1,8 million de mètres cubes d’eau par mois qui se perdent dans la nature et dans la mer.
La balle est désormais dans le camp du ministre de tutelle, Patrick Assirvaden, dont les actions seront plus que jamais scrutées dans les mois à venir, voire dans les jours à venir car, comme il fallait s’y attendre, le taux de remplissage en moyenne des sept réservoirs de l’île est passé sous la barre des 50% hier. Avec une moyenne de 49,8%, la situation devient de plus en plus préoccupante, et au cas où elle ne s’améliore pas avant les festivités de décembre, le Water Resources Monitoring Committee (WRMC), qui regroupe le ministère de l’Énergie, la Central Water Authority (CWA), la Water Resources Unit (WRU), l’Irrigation Authority et la station météo de Vacoas, devraient opter pour des mesures beaucoup plus radicales en vue d’économiser les faibles ressources en eau disponibles.
L’été rayonne et l’hypothèse que certaines régions de l’île soient soumises au phénomène de stress hydrique se renforce compte tenu du contexte actuel, où le niveau des réservoirs se réduit comme peau de chagrin, inférieur à 17% comparativement au taux de remplissage enregistré à la même période en 2023. Les petites réunions ont repris de plus belle du côté du WRMC pour parer à toute éventualité et décider de la marche à suivre autour des solutions durables à la crise qui se profile, tout en minimisant les impacts sur la population.
Mare-aux-Vacoas, le plus grand réservoir du pays, affiche actuellement un taux de remplissage de 56, 5%. À cette même époque en 2023, le niveau était de 67%. Piton-du-Milieu est à 51,5% de sa capacité, contre 68% en 2023. Mare Longue affiche quant à lui 66,9%. Midlands Dam affiche un faible taux de remplissage de 51,2%. À la même époque l’année dernière, il était à 76%. Bagatelle Dam est à 55,9% de sa capacité, contre 68,2% en 2023, alors que la situation devient très inquiétante du côté de La Nicolière et La Ferme qui affichent respectivement des taux de remplissage de 39,8% et 29,7%.
Avec le niveau de l’eau des réservoirs semblant enregistrer une baisse de 3% à 5% chaque semaine, il y a fort à parier que les habitants des régions habituellement affectées par les longues coupures commencent déjà à se préparer au pire pour Noël et la Saint-Sylvestre. Pour pallier le casse-tête de cette chute, plusieurs initiatives peuvent être prises, dont le captage de l’eau des nappes phréatiques. Or, celles-ci sont également dans un état critique. « Les nappes phréatiques nous fournissent en eau à hauteur de 45% à 50%. Vu qu’elles sont aussi dans le rouge, nous exploitons en ce moment des cours d’eau avec des stations de traitement mobiles. Nous tentons aussi de trouver de nouvelles nappes phréatiques exploitables », confie une source à la CWA.

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