Le 60-0 de l’Alliance du Changement a révélé le profond désir de la population de voir la fin d’une ère, visiblement sombre. Maintenant qu’un nouveau régime est au pouvoir, au bout du tunnel, la lumière est-elle vraiment là ?
« Quand les partis sont dans l’opposition, ils ont de la vision et une fois au pouvoir, ils ont la télévision. » C’est ainsi que Reaz Chuttoo, de la CTSP, voit les choses. S’il déplore fortement que « nous sommes passés par un exercice démocratique – les élections, pour un résultat anti-démocratique (un Parlement presque sans opposition) » , il souligne que le 60-0 est un Blessing in Disguise pour le peuple « car le gouvernement n’aura aucun prétexte pour ne pas apporter de réforme ». Exprimant ses appréhensions depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, le syndicaliste met en garde : « cette génération de la société civile n’est pas celle qui avait des idoles politiques. Ils ont déjà commencé à poser des questions sur les réseaux sociaux ».
Parvez Dookhy, du Ralliement citoyen pour la patrie qui s’est alliée à Linion Moris aux dernières législatives, met l’accent sur le rôle clé de l’opposition. « Or, il n’y a pratiquement plus d’opposition au Parlement. L’Assemblée nationale est devenue ainsi non pas une chambre de débats, de questionnements et de mise en responsabilité du gouvernement, mais une chambre d’enregistrement ». Il est d’avis que face à l’actuelle législature, les extraparlementaires devaient avoir un rôle accru. « Sauf qu’il y a une certaine démotivation dans la mesure où le travail abattu n’a pas été reconnu ». S’agissant de la composition des ministres, il estime que des Junior Ministers font doublon : « Il y a trop de ministres ».
Faizal Jeeroburkhan souligne qu’avec une liberté quasi-totale pour modifier les lois, sans consultation avec d’autres forces politiques, « le pouvoir en place doit s’autoréguler pour éviter les dérives totalitaires et les dissensions internes ». Il reconnaît en l’opposition extraparlementaire une contribution au niveau de l’enrichissement des débats politiques pour une démocratie participative. « Elle a mené un combat acharné contre l’autoritarisme, le népotisme, l’opacité, la fraude, la corruption etc. Si elle abandonne ce combat en si bon chemin, cela démontre qu’elle n’a pas vraiment à cœur l’intérêt du pays ». À présent, dit-il, il faut rapidement organiser des assises dans plusieurs secteurs.
REAZ CHUTTOO (CTSP):
« La CTSP agira en chien de garde pour les travailleurs »
Quel est le mood, diriez-vous dans la population, après ce changement de pouvoir ?
À chaque jour qui passe, nous sommes un peu plus inquiets. Cela a commencé dès le premier jour car c’était une surprise nationale quand nous avons entendu dire que Rama Sithanen est devenu le gouverneur de la Banque de Maurice. Ce n’est pas sa personne mais sa philosophie qui inquiète. C’est un ultra-libéral, connu pour sa politique monétaire gérée par les forces du marché où les plus forts gagnent toujours.
Dans les pays où l’on applique les forces du marché, ce sont ceux au bas de l’échelle qui payent plus. Nous avons eu une appréhension lorsque nous avons vu que le ministère des Finances est resté avec le Premier ministre. Et, quand nous avons demandé au PM quelle est la priorité du gouvernement, il a parlé de stabiliser la roupie et aller vers les forces du marché…
Troisièmement, un mémo est sorti sans consultation avec les syndicats mentionnant que le salaire des enseignants du pré-primaire baissera de Rs 4 000. De plus en plus, donc, nous voyons ce que j’ai toujours dit : quand les partis sont dans l’opposition, ils ont de la vision et une fois au pouvoir, ils ont la télévision. Après la fin de l’année, nous aurons une meilleure idée de l’orientation du nouveau pouvoir.
Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?
Nous attendons les négociations tripartites pour voir ce que le gouvernement dira. Le réajustement salarial depuis juillet ne concerne pas ceux qui touchent le salaire minimum. 70% des employés ne perçoivent que le salaire minimum. Ce salaire représente pour eux une sécurité alimentaire. Or, ils subissent toute hausse de prix et basculent dans la malnutrition.
Nous sommes passés par un exercice démocratique (les élections) pour un résultat anti-démocratique. Nous sommes la seule démocratie où notre système peut fonctionner sans une opposition. Les 60-0 sont à la fois un Blessing In Disguise pour le peuple car le gouvernement n’aura aucun prétexte pour ne pas apporter de réforme.
Dans leur programme figurent le financement des partis politiques, la réforme électorale et Freedom of Information Act. La CTSP sera sur ses gardes car chaque fois, le peuple a été le dindon de la farce. Tous les gouvernements avaient tout cela au programme et ils les ressortent à la veille des élections. L’Alliance Lepep avait un prétexte en béton : elle n’avait pas la majorité. Il ne faut pas attendre la veille des élections.
Ce gouvernement, quand il était dans l’opposition, a critiqué plusieurs choses dont l’affaire du Molnupiravir. Raison de plus pour qu’il apporte des changements au niveau du financement des partis politiques. Ils ont un engagement moral envers le peuple qu’ils doivent exercer tout de suite. Exemple, ils avaient dit que le président et le Speaker seraient élus et non nominés. Nous ne voyons rien de cela…
C’est Business As Usual. Mais, cette génération de la société civile n’est pas celle qui avait des idoles politiques. Ils ont déjà commencé à poser des questions sur les réseaux sociaux.
Du reste, elle ne s’est pas laissée avoir avec les multiples promesses d’argent ici et là de l’ancien gouvernement ?
Ces élections ont montré que ni la Money Politics ni le communalisme n’ont marché. Là, nous apprenons que le Premier ministre a des réserves sur le dossier Diego. Mais, si vraiment le gouvernement veut apporter la Freedom of Information Act, que le Premier ministre commence par dire quelles réserves il a. Qu’il n’y ait plus de secret !
Les consommateurs ont beaucoup d’attentes par rapport à la baisse des prix des carburants et des produits de base…
Ce qui me choque, c’est que le gouvernement parle d’un fonds stabilisateur de Rs 10 milliards. Cela ne concernera pas les importateurs ni les commerçants. Si l’importateur d’une boîte de fromage doit vendre son produit à Rs 90, le gouvernement lui dit de vendre son produit à Rs 75 et il lui accorde Rs 15 du fonds stabilisateur. C’est une mesure palliative mais sur le long terme, quelle politique pour assurer qu’il n’y ait pas d’abus ?
La CTSP avait proposé dans son manifeste électoral que l’État importe et distribue. Le gouvernement précédent l’a fait de manière cosmétique car la State Trading Corporation (STC) n’avait pas les logistiques pour stocker et distribuer. S’il y a 6 marques de fromage, comment l’Etat va choisir sur laquelle mettre des subsides. Il y a des risques de dire que telle compagnie a été protégée. Quand nous avons mis un maximum Mark Up sur les médicaments, une pénurie de médicaments a été créée sur le marché. Il n’y a aucune loi qui peut obliger un importateur de continuer à importer. C’est dans ce sens que le gouvernement doit travailler car aucun prix n’a baissé jusqu’ici. Une chose est claire : les gens suivront les actions de ce gouvernement.
Que faut-il suivre au niveau du réajustement salarial et du 14e mois ?
La CTSP a dès le début été contre le 14e mois en One Off. Il est vrai que le 13e mois ne suffit pas aujourd’hui pour honorer les dépenses dont le matériel scolaire devenu exorbitant. Nous avions proposé de rehausser la formule du 13e mois.
D’un côté, ils jouent le film ‘squelette dans placard’ et de l’autre côté, ils doivent payer le 14e mois. C’est comme si une personne a soif et vous lui donnez un verre d’eau. Il faut des mécanismes précis. Comment aider les PME ? Si nous devons payer en décembre et que les PME doivent faire une application compliquée et reçoivent leur aide en janvier, cela revient à ne pas honorer son engagement.
Le dernier mot ?
N’importe qui est au pouvoir, la CTSP agira en chien de garde pour les travailleurs. Beaucoup nous ont critiqués quand l’ancien gouvernement avait accédé à nos demandes. Nous n’avons rien eu en cadeau. Nous avons fait la grève de la faim en 2017 pour un Bargaining Power auprès du gouvernement. Si le gouvernement soutient la classe ouvrière et respecte son programme, il aura notre soutien. Autrement, nous nous organiserons contre. Montrez que vous voulez faire les choses autrement tout de suite.
PARVEZ DOOKHY (RCP) :« L’Assemblée nationale réduite à une Chambre d’enregistrement »
Le score de 60-0 a suscité réjouissances et soulagement chez les uns et appréhensions chez d’autres. Comment accueillez-vous ce score et les enjeux sur le plan politique et au Parlement ?
Beaucoup, hélas, conçoivent les résultats électoraux comme ceux d’un match de football. Il faut voir et réfléchir non pas comme un supporteur, qui est fier du score, mais par rapport à l’État.
Que dit la raison d’État ? Nous avons un système politique dit parlementaire, que les Britanniques qualifient de Westminster Model. Dans ce système, l’opposition a un rôle important à jouer. Or, il n’y a plus, pratiquement plus d’opposition au Parlement. L’Assemblée nationale est devenue ainsi non pas une Chambre de débats, de questionnements et de mise en responsabilité du gouvernement, mais une Chambre d’enregistrement.
C’est un déséquilibre institutionnel qui aura des conséquences. Une opposition, et le peuple doit le comprendre, ce ne sont pas des perdants. C’est un groupe qui met la pression sur le gouvernement dans l’intérêt de la nation dans son entièreté. Or, il y a un manque de culture de maturité politique qui fait que l’électeur agit comme un supporteur et non comme un citoyen. Plus aucun parti n’assure l’éducation du peuple sur des questions politiques.
Ces législatives nous ont montré que les partis alternatifs n’ont pu percer une fois de plus et que ce sont les partis Mainstream qui se sont une fois de plus démarqués même s’ils avaient des casseroles dans le passé. Votre analyse ?
Plusieurs raisons expliquent la défaite d’une troisième force, des extraparlementaires. D’abord, il y a le phénomène de l’argent, du financement. Nous ne vivons pas de la politique mais de notre travail. Nous n’avons pas eu les financements contrairement au bloc gagnant. L’argent joue un rôle essentiel dans un pays où il n’y a pas de contrôle effectif des dépenses électorales. C’est plus facile de faire de grandes démonstrations de force avec le financement à portée de main.
Il y a eu le phénomène du vote utile. C’est un phénomène politique. Je n’ai hélas pas été suffisamment entendu par les extraparlementaires. Nous aurions dû dès le départ axer notre critique sur le bloc gagnant, son leader. Or, Nous avions estimé que le leader du bloc gagnant était comme nous disons « cuit », rejeté par la population, et que le pouvoir d’alors allait aussi s’en occuper.
Il y a le phénomène de l’usure du pouvoir sortant. Une majorité de la population voulait s’assurer du changement. Donc, la majorité de l’électorat n’a pas comme si voulu prendre de risque en votant pour les extraparlementaires.
Au-delà de ces phénomènes, il est vrai que nous avons commis des manquements aussi. Notre programme n’était pas suffisamment attrayant et tangible. Nous n’avons pas su toucher comme il se doit la classe moyenne et la classe supérieure. Il nous a manqué quelques personnalités de plus, des poids lourds, c’est-à-dire, des gens connus de la société civile.
Il a manqué un ou deux économistes de renom qui auraient donné davantage de crédibilité au programme.
Sur le plan stratégique, nous n’avons jamais réussi à définir un plan d’action pour mener le débat, faire réagir à notre rythme les deux blocs. Nous n’avons pas réussi à définir notre argumentaire et parler d’une seule voix. C’était un problème d’organisation.
Or, notre adversaire a très bien réussi : s’exprimer d’une seule voix. Enfin, il y a eu cet évènement incontrôlé, la diffusion des écoutes téléphoniques. C’était un ouragan.
Votre appréciation du travail abattu par l’opposition extraparlementaire ? Quel rôle ont-ils encore et quelle est leur importance même en dehors du Parlement ?
Durant les cinq années du gouvernement Jugnauth, c’est l’opposition extraparlementaire qui a été au-devant de la scène, en assumant tous les risques, notamment de se faire arrêter. Ce sont les extraparlementaires qui ont acculé le gouvernement, jusqu’à la dernière minute en faisant une manifestation spontanée devant l’Hôtel du Gouvernement pour exiger la fin du blocage des réseaux sociaux.
Le travail des extraparlementaires exige beaucoup de sacrifices, en temps, énergie, etc. Face à l’actuelle législature, avec un gouvernement en majorité, les extraparlementaires devaient avoir un rôle accru. Sauf, qu’il y a une certaine démotivation dans la mesure où le travail abattu n’a pas été reconnu. La défaite de Rama Valayden, l’homme de tous les combats, est un véritable coup de semonce. Chacun l’a pris pour un rejet personnel.
Et comme c’est le choix du peuple, nous devons le respecter. Le peuple n’a pas voulu d’opposition, de quelque manière que ce soit, face au nouveau gouvernement. Donc, nous ne pouvons plus incarner une forme d’opposition. Le gouvernement a carte blanche.
Votre appréciation de la composition du nouveau cabinet ministériel et des Junior Ministers ?
Il est évident que des Junior Ministers font doublon. Regardons par exemple le ministre de la Jeunesse et des Sports. Il a un Junior Minister aux Sports. Donc, il lui reste la Jeunesse. C’est quoi le ministère de la jeunesse en soi lorsqu’il existe un ministre de l’Éducation, de la Culture et des Sports ? Idem des Finances. Il y a un ministre en titre, d’ailleurs qui est le PM lui-même et ensuite un ministre délégué. Il y a trop de ministres.
Quel est le mood, diriez-vous dans la population ?
La majorité de la population attend le respect de la démocratie, de la méritocratie, le bannissement du communautarisme, du copinage, du favoritisme, etc.
Quelles devraient être les nouvelles priorités du nouveau gouvernement ?
Il faut faire revivre les institutions. Ce que nous avons vécu, c’est le naufrage des institutions.
Or, je regrette que le nouveau gouvernement ait vu le jour sans avoir à ses côtés un Attorney-General dans un premier temps. C’est une violation flagrante de la Constitution. Le Speaker aurait dû être choisi parmi les députés. Il en est ainsi en Grande-Bretagne et en France.
Le président de l’Assemblée a deux missions : l’arbitrage et la représentation de l’institution, de la Chambre. Or, il n’est pas élu. C’est une atteinte à l’autonomie de la chambre et au principe démocratique. Dommage !
FAIZAL JEEROBURKHAN (Observateur politique) : « Le pouvoir en place doit s’autoréguler
pour éviter les dérives »
Le score de 60-0 a suscité réjouissances et soulagement chez les uns et appréhensions chez d’autres. Comment accueillez-vous ce score et les enjeux sur le plan politique et au Parlement ?
Une victoire de 60-0 est un couteau à double tranchant. Dépendant de la volonté politique et du style de gouvernance du nouveau régime, elle peut favoriser des réformes audacieuses et bénéfiques pour le plus grand bien du pays. Mais, mal gérée, elle peut déboucher sur un régime dictatorial avec des aboutissements désastreux sur le plan social, économique et environnemental.
Muni d’une liberté quasi totale pour modifier les lois, y compris la Constitution, sans consultation avec d’autres forces politiques, le pouvoir en place doit s’autoréguler pour éviter les dérives totalitaires et les dissensions internes. Les enjeux sont nombreux. L’absence d’une opposition forte au Parlement pourrait compromettre l’équilibre démocratique. Sans opposition externe, les rivalités internes peuvent s’intensifier, et des divergences idéologiques ou stratégiques pourraient émerger avec la cassure de l’alliance en perspective.
Ces législatives ont montré que les partis alternatifs n’ont pu percer une fois de plus et que ce sont les partis Mainstream qui se sont une fois de plus démarqués même s’ils avaient des casseroles dans le passé. Votre analyse ?
Les partis alternatifs sont pénalisés par le système de scrutin First Past The Post qui favorise le bipartisme et les partis traditionnels. Dans ce contexte, il est extrêmement difficile pour les petits partis de se faire élire, même s’ils ont des programmes très élaborés et s’ils recueillent un pourcentage significatif de votes.
Ils sont aussi désavantagés par rapport à l’accès au financement et aux médias, en particulier à la télévision nationale. Leurs réticences initiales pour s’unir en une alternative collective et la compétition interne pour le leadership ont impacté négativement leur crédibilité aux yeux des électeurs, qui doutent de leur capacité à mettre en œuvre leurs programmes électoraux.
Les partis traditionnels bénéficient d’un fort enracinement historique, d’une base électorale fidèle et de réseaux d’influence – parfois communale – bien établis. Ces partis utilisent leur position dominante pour mobiliser des ressources financières importantes, contrôler des médias et s’adonner au clientélisme politique avec les gros moyens financiers. Aussi, certains électeurs préfèrent la stabilité et la continuité, même si le système en place présente des défauts.
Votre appréciation du travail abattu par l’opposition extraparlementaire ? Quel rôle ont-ils encore et quelle est leur importance même en dehors du Parlement ?
L’opposition extraparlementaire a quand même joué un rôle non-négligeable. Elle a contribué à hausser le niveau des débats politiques avec des idées et des stratégies nouvelles et des propositions enrichissantes pour une démocratie participative.
Sur le terrain, elle a mené un combat acharné contre l’autoritarisme, le népotisme, l’opacité, la fraude, la corruption etc. Si elle abandonne ce combat en si bon chemin, cela démontre qu’elle n’a pas vraiment à cœur l’intérêt du pays. Elle doit persévérer même hors du parlement pour démontrer ses convictions et son engagement ; elle doit aussi se préparer pour participer aux élections régionales qui leur serviront de tremplin pour la prochaine joute électorale.
Quelle analyse faites-vous des électeurs qui n’ont pas mordu à l’hameçon du gouvernement sortant, avec les multiples promesses d’argent ici et là jusqu’à la dernière minute ?
Les électeurs ont compris que le financement de cette panoplie de promesses doit provenir de leur propre porte-monnaie. La cherté de la vie qui grimpe avec chaque promesse électorale a de plus refroidi l’ardeur des électeurs qui ont constaté la supercherie. Certains électeurs ont tiré des leçons des promesses antérieures non tenues, surtout des promesses trop ambitieuses et irréalisables.
La détérioration de certains indicateurs macroéconomiques comme la dette publique, le scepticisme croissant envers les institutions et le nombre grandissant de scandales ont rendu les électeurs moins sensibles aux rhétoriques électorales. Les débats sur les radios privées, la presse écrite, les réseaux sociaux et Missie Moustass ont aidé les électeurs à mieux appréhender les enjeux cruciaux de cette élection.
Votre appréciation de la composition du nouveau cabinet ministériel et des Junior Ministers ?
La tâche du PM n’a pas été facile pour la sélection des 24 ministres et des 10 ministres juniors vu le nombre élevé de critères à considérer. Loin d’être parfaite, la composition du nouveau cabinet ministériel semble avoir maintenu un équilibre politique, social et communal. Globalement, cette équipe gouvernementale reflète un équilibre entre l’expérience et la sagesse des vieux routiers politiques et l’enthousiasme et le dynamisme des jeunes politiciens.
Les Junior Ministers, plus ouverts aux nouvelles idées et aux solutions innovantes, apporteront une culture politique. Cependant, avec seulement deux femmes ministres et quatre femmes comme Junior Ministers, nous sommes mal partis en ce qui concerne la représentation féminine.
Quelles devraient être les nouvelles priorités du nouveau gouvernement ?
Le gouvernement se retrouve face à un chantier colossal qui englobe tous les secteurs avec des priorités dans chaque secteur. Il faut mettre sur pied des comités indépendants au niveau national et des comités mixtes parlementaires pour s’attaquer aux problématiques telles que la révision de la Constitution, le constat de la situation financière du pays, la lutte contre la drogue et la corruption, le maintien du pouvoir d’achat, la sécurité alimentaire, le stockage et la distribution de l’eau, le vieillissement de la population, la fuite des jeunes cerveaux, le fonctionnement des institutions publiques, du service civil et des corps paraétatiques, le traitement des déchets, le changement climatique parmi tant d’autres.
Il faut rapidement organiser des assises de l’Éducation, de la Santé, de l’Environnement, de la Sécurité alimentaire, des Transports publics etc. pour permettre aux ONG et à d’autres forces vives de participer démocratiquement à la prise de décisions. Pour remettre le pays sur les rails, il faut impérativement adopter des mesures impopulaires telles que la révision du Welfare State (éducation, santé et transport), la pension de retraite à 65 ans, l’introduction de la taxe municipale et rurale, l’abolition des voitures Duty-Free, l’augmentation de la taxe sur les produits de grand luxe, la réduction des dépenses et le gaspillage au niveau de l’État.