Dimanche matin, le silence pesant de Chebel était brisé par les pleurs et les plaintes des proches d’Elodie Kathalea Gaspard (7 ans). Le cortège funéraire a quitté la maison de sa mère Anaelle, qui était inconsolable. Cette dernière a vu sa fille en vie pour la dernière fois le 23 novembre. « Li pa fasil pou enn mama perdi so zanfan dan sa sirkonstans-la. Se enn krim atros », affirme une tante de la victime.
La mère, meurtrie de douleur, ne parvenait pas à s’exprimer. « Elodie n’était pas seulement une enfant, elle était une lumière. Une source de joie pour la famille. Cette lumière a été cruellement éteinte », indique-t-elle. Elodie Kathalea Gaspard avait été violée et tuée par son oncle Jean Alan Ramborough, et sa mort a laissé dans son sillage une insoutenable douleur.
L’atmosphère était lourde, en effet, là même à Cassis où le papa, Kinsley Gaspard, était meurtri en regardant le petit cercueil dans lequel se trouvait sa fille. Il ne cessait de pleurer en disant : « Mo tifi inn ale » ou encore « mo zanfan inn travers boukou soufrans avan linn ale ». Ses proches essayaient tant bien que mal de le soutenir en ce moment de deuil en lui demandant de « pran kouraz » et de garder foi dans le Seigneur.
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Un ami de Kinsley est, lui, révolté par ce drame atroce ; il demande que justice soit rendue à cette famille. D’ailleurs, la famille Gaspard de Cassis lance un appel pour que Jean Alan Ramborough soit confronté à un procès dans moins d’un an. Plusieurs proches, amis, connaissances et personnalités publiques ont exprimé leur sympathie à la famille endeuillée hier.
La victime de 7 ans vivait avec sa mère à Chebel en compagnie de sa petite sœur de 4 ans. Avec les vacances scolaires, les deux sœurs ont été envoyées chez leur grand-mère (49 ans) paternelle à Cassis le 23 novembre. Elles profitaient de l’occasion pour passer plus de temps avec leur père également car leurs parents se sont séparés.
Dans sa version, la quadragénaire a expliqué à la police que vers 19h40 vendredi, Elodie Kathalea Gaspard l’a informé qu’elle se rendait aux toilettes dans la cour. « Mo ti pe sanz kous lot zanfan-la », explique-t-elle. Néanmoins, quelques minutes après, elle n’a pas vu la mineure alors que cette dernière est très proche de sa grand-mère et ne quitte jamais la résidence sans permission.
« Mo’nn get deor et mo’nn trouv laport ouver », dit la grand-mère. Cette dernière a aussitôt alerté les autres membres de la famille pour effectuer des recherches dans les environs. Comme cet exercice s’est révélé vain, la grand-mère s’est rendue au poste de police de Bain-des-Dames pour signaler cette disparition.
La police a immédiatement visionné les images des caméras de surveillance qui donnent à l’extérieur du poste. Elle a noté qu’un homme est sorti de l’entrée de la cour de Chazal vers 20h08 en tenant la main d’une fillette. Les deux ont traversé la route avant d’accélérer le pas. Ils ont pris la direction du pont. La quadragénaire a reconnu la victime, mais pas l’homme qui était avec l’enfant
C’est Kinsley Gaspard qui a reconnu Jean Alan Ramborough sur les images. Les policiers ont demandé au père de l’enfant de les accompagner dans un 4×4 pour effectuer une patrouille. Ils se sont rendus dans les rues de Cassis et près du cimetière, sans rien trouver. La grand-mère avait, elle, logé une plainte pour kidnapping.
La CID et la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) ont été informés de ce cas dans la nuit de vendredi. Ils ont arrêté Jean Alan Ramborough tôt samedi matin dans la région après que des membres du public ont mis la main sur lui. Lors d’un interrogatoire par l’équipe du surintendant Dussoye, il a affirmé avoir emmené la fillette sur un terrain derrière le cimetière de Cassis pour abuser d’elle sexuellement et la tuer. Plusieurs unités de la police se sont rendues sur le lieu en compagnie du suspect où le corps a été retrouvé. Le suspect l’avait recouvert de feuilles et de branches.
L’autopsie a attribué le décès à une asphyxie par étouffement et confirme que Elodie Kathalea Gaspard a subi une agression sexuelle. La police a saisi les vêtements que portaient le suspect et un short appartenant à la victime pour analyse.
Par ailleurs, Jean Alan Ramborough (32 ans) n’a pas donné une raison claire derrière son acte. Tantôt il affirmait qu’il s’agissait d’un acte de sorcellerie, tantôt il avançait avoir été dans un état second après avoir consommé une substance intoxicante. D’après la police, ce présumé pédophile n’a que partiellement avoué son crime sans entrer dans des détails.
La CID de Port-Louis Sud a réuni des éléments de son passé et a appris qu’il a déjà fait face à un procès pour attentat à la pudeur en Cour intermédiaire en 2022 pour un cas qui remonte à août 2015. Une personne l’avait accusé d’une main baladeuse. Comme cette dernière n’a pas déposé en cour, Jean Alan Ramborough a obtenu le bénéfice du doute en justice.
La police a aussi examiné ses comptes sur les réseaux sociaux pour savoir à quel type d’individu elle a à faire. Elle a constaté que le trentenaire a publié des photos de lui avec des enfants de sa famille. Il incitait des mineurs à tenir des bouteilles d’alcool ou même des cigarettes. Les limiers ont aussi appris qu’il a un penchant pour l’alcool alors que quelques proches de la victime ont, eux, évoqué une addiction à la drogue.
Les explications du suspect sont attendues dans cette affaire. Il est pour le moment admis à l’hôpital SSRNH sous haute sécurité. Il a subi des blessures après que des membres du public et les proches d’Elodie Kathalea l’ont lynché samedi matin. L’enquête se poursuit sous la supervision du SP Dussoye, assisté de la Woman SP Quenette et du Woman Police Inspector Nagia.