Conduite par sa mère, Rowena Raffin, à l’hôpital Jeetoo lundi dernier, la petite Esteer Jolicoeur, âgée de 18 mois, était déjà décédée lorsque le personnel médical l’a examinée. Dans un premier temps, la mère a affirmé avoir donné le biberon à son enfant avant de la coucher, mais que celle-ci ne s’était pas réveillée. Cependant, l’autopsie a révélé que la petite Esteer est décédée des suites d’une hémorragie méningée. Face aux faits, Rowena Raffin, 22 ans, a avoué à la police qu’agacée par les pleurs de la fillette ce jour-là, elle lui avait asséné un violent coup de poing au front. Le 6 novembre, la mère et sa fille étaient arrivées à Maurice pour que l’enfant, malade, puisse recevoir des soins médicaux. Esteer, atteinte d’épilepsie, avait quitté Rodrigues avec sa mère pour subir une série de tests à l’hôpital Jeetoo, où elle avait été admise à son arrivée. Le drame s’est déroulé au domicile du frère de Rowena Raffin, à Roche Bois, où elles étaient hébergées. En septembre dernier, la fille aînée de la jeune Rodriguaise, également épileptique et âgée de 3 ans, était décédée avant d’avoir pu être conduite à l’hôpital. Après son arrestation pour meurtre, Rowena Raffin a été placée en détention policière, tandis que sa benjamine, rapatriée à Rodrigues, a été enterrée jeudi dernier au cimetière de la Baie-des-Anglais. À Roseaux, son village natal, ses proches réclament son retour sur l’île.
À Rodrigues, les proches de Rowena Raffin, actuellement en détention policière, demandent aux autorités de la transférer à Rodrigues. « Elle ne pourra pas tenir en cellule ou dans une prison à Maurice. Là-bas, elle est loin de sa famille. Même si son frère travaille à Maurice, il ne pourra pas lui consacrer de temps. Lavi enn lot dan Moris. Ici, elle a toute sa famille, et nous, nous disposons du temps nécessaire pour la soutenir », déclare l’un des proches de la jeune femme. Elle ajoute, comme pour plaider en faveur de Rowena Raffin : « Rowena a 22 ans en apparence. Mais psychologiquement, elle est encore une enfant. Il faut qu’elle revienne à Rodrigues et qu’elle soit suivie psychologiquement ici. »
À Roseaux, village où vit l’accusée, ses proches expliquent que depuis que cette dernière a été traumatisée par un homme, alors qu’elle n’était qu’une enfant, puis victime d’abus sexuels par un pasteur pendant quelques années, elle a été perturbée psychologiquement et s’en n’est jamais remise. Cette affaire avait fait grand bruit dans l’île. Le présumé accusé, aujourd’hui sexagénaire, aurait exercé une emprise sur Rowena Raffin. L’homme, qui a toujours clamé son innocence, fait l’objet d’une enquête… toujours en cours. Cependant, disent les proches de la jeune femme, « ce ne sont pas ces abus qui ont fait d’elle une mauvaise mère ! » Ils insistent même : « Rowena est une gentille fille. Elle a le cœur sur la main. Elle est tellement simple qu’il est facile de profiter de sa gentillesse. »
« Elle s’est toujours bien occupée de ses filles »
Après les abus qu’elle a subis, Rowena Raffin n’a jamais été suivie psychologiquement. « Ti ena zis enn Miss dan lekol ki ti pe koz-koz ar li pou li blie sa », explique-t-on. Et de faire ressortir : « À Rodrigues, à cette époque-là, on n’avait pas de service psychologique. On ne pense pas à la prise en charge d’une victime. »
La veille du décès de sa fille, Rowena Raffin est en appel vidéo avec sa famille. « Elle avait le visage boursouflé. Elle disait que c’était parce qu’elle n’avait pas dormi et qu’elle n’avait pas cessé de pleurer », confie une source, qui a souhaité garder l’anonymat. « Elle pleurait la mort de sa fille », précise encore cette source. En septembre dernier, Léanne Elliana Cupidon, la fille aînée de Rowena Raffin, épileptique, est décédée avant d’arriver à l’hôpital de Crève Coeur. Pour le père de l’enfant, sa mort reste suspecte. Il a confié ses doutes aux médias cette semaine, après le décès brutal d’Esteer Jolicoeur.
À Roseaux, les propos de ce dernier sont accueillis avec colère : « De quel droit ose-t-il affirmer de telles choses ? Kot li ti ete tou sa letan-la ? Il a abandonné Rowena alors qu’elle attendait son enfant pour partir avec une autre à Maurice. Rowena a élevé seule sa fille. En disant cela, il poignarde Rowena ! Rowena n’aurait jamais fait de mal à son enfant. Elle s’est toujours bien occupée de ses filles. » À cause de son état psychologique, Rowena Raffin ne travaillait pas. Elle subvenait aux besoins de ses enfants grâce aux allocations sociales dont les petites bénéficiaient.
Rowena Raffin avait projeté de se marier l’année prochaine. « Elle fréquentait un jeune homme. Il a dit qu’il l’attendra. Et lorsqu’elle reviendra, il l’épousera parce que Rowena mérite une nouvelle vie… », confie un membre de la famille de la jeune femme.
Enaelle (18 mois) agressée mortellement par sa mère irritée par ses cris répétés
Enaelle Jolicoeur, âgée que de 18 mois, a été victime d’un infanticide la semaine dernière alors que sa mère, Rowena Raffin (22 ans), a avoué avoir donné une violente gifle à la fillette. « Li ti pe fer tapaz, li’nn agas mwa », explique-t-elle aux enquêteurs, en ajoutant qu’elle était au téléphone à ce moment-là. Dans un premier temps, elle a tenté de maquiller son crime en faisant croire à un décès de cause naturelle, mais l’autopsie l’a contredit.
Ce cas remonte au lundi 25 novembre, alors que mère et fille logeaient chez un proche à Roche-Bois. Les deux, originaires de Rodrigues, ont mis le cap sur Maurice le 6 novembre pour le traitement d’Enaelle Jolicoeur. Cette dernière faisait face à un problème médical, tout comme son frère de quatre ans, qui est décédé à Rodrigues au mois de septembre. La jeune mère a emmené la victime à l’hôpital Jeetoo dans la matinée où un médecin a constaté le décès. Le cas a été référé à la police et une autopsie avait été prévue.
En attendant cet exercice, Rowena Raffin a affirmé qu’elle avait donné du lait à boire à son nourrisson et elle l’avait mis au lit. Ce n’est que quelques minutes après qu’elle se serait aperçue qu’Enaelle Jolicoeur ne bougeait plus. Elle a entamé des démarches pour la transporter à l’hôpital Jeetoo.
Sauf que l’autopsie a conclu le décès à un « subarachnoid haemorrhage » et la Dr Shaila Jankee a demandé à la police d’approfondir son investigation, car il y avait soupçon de foul play. Après son arrestation par la CID de Metro Nord, Rowena Raffin est passée aux aveux en disant avoir agressée sa petite fille dans un accès de colère. Elle a été inculpée sous une accusation provisoire de meurtre au tribunal de Port-Louis et elle reste en détention préventive.
La jeune femme subira un examen par un psychologue sous peu, alors qu’un médecin de la police l’a déjà examinée, confirmant qu’elle est physiquement en bonne santé. Elle sera appelée à participer à un exercice de reconstitution des faits dans quelques jours.