Les élections générales de 2024 ont marqué un recul en matière de représentation féminine prochainement à l’Assemblée nationale avec seulement 12 femmes élues sur 66 députés, soit 18,18% des sièges. Rodrigues, toutefois, a montré la voie avec une répartition équilibrée des candidats hommes et femmes, et l’élection de deux députées, Roxana Collet et Dianette Henriette-Manan.
Sur les 66 députés – dont les 4 Best Losers – qui siégeront à l’Assemblée nationale après les élections, 12 sont des femmes, dont deux de Rodrigues, soit 18.18% des sièges. Cela marque un recul en terme d’équité, car après les élections de 2019, le nombre de femmes députées était de 14 sur 72, représentant environ 19,44% des sièges. De ces 12 députées, 4 sont des habituées de l’hémicycle, à commencer par Arianne Navarre-Marie (MMM), ex-ministre de l’Égalité des genres (2000-2005), Stéphanie Anquetil (PTr), Joanna Bérenger (MMM) et Karen Fook Yune-Bacha (MMM). Cette diminution du nombre de femmes élues souligne un manque de progression en matière de représentation féminine au sein du Parlement, malgré les appels croissants en faveur d’une plus grande inclusion des femmes dans les processus décisionnels politiques. Ce recul peut être vu comme un frein à l’égalité des genres, car il réduit la diversité et les perspectives féminines dans les débats ainsi que la législation façonnant le pays.
Des excuses aux femmes
Anticipant probablement les réactions concernant la faible représentation féminine dans leur alliance, les deux leaders de l’Alliance du Changement, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, ont régulièrement souligné, au cours de leur campagne électorale, qu’ils n’avaient pu faire davantage de place pour les candidates femmes. Paul Bérenger a même présenté des excuses à plusieurs reprises à ce sujet. Et pour se rattraper, les deux partenaires ont laissé entendre que des femmes occuperont des postes importants lors de leur mandat. Dans l’urgence de concrétiser et de renforcer leur alliance face au régime Jugnauth, les deux dirigeants avaient d’autres priorités en tête. Leur principal objectif était de se débarrasser du gouvernement en place, et non de se concentrer sur la question de la représentativité féminine, qui force est de reconnaître n’est pas un facteur décisif pour remporter une élection. Par ailleurs, les Mauriciennes ayant des qualités pour dynamiser l’échiquier politique du pays ne se sont pas, non plus, précipitées pour participer aux débats en marge du scrutin.
Si l’alliance au pouvoir concrétise sa promesse de réforme électorale, il y aura, alors, “au moins un tiers de femmes sur la liste des candidats des partis pour les prochaines élections générales.” Cela représenterait seulement 20 candidates sur 60, et la parité ne sera toujours pas atteinte. L’équité ne se résume pas seulement à un problème de nombre, mais aussi de compétences. Pour corriger la sous-représentation féminine au Parlement, il incombe à tous les parlementaires du PTr,MMM, ND et ReA de créer les espaces et conditions nécessaires, afin que les femmes puissent enfin trouver leur place en politique de manière générale.
Sur les pas de Zita Jean-Louis
Pour la deuxième fois, deux Rodriguaises siégeront à l’Assemblée nationale après Zita Jean-Louis en 1987. Roxana Collet, élue de l’Organisation du Peuple Rodriguais (OPR), est sortie en tête de liste dans la circonscription No.21 avec 11,268 voix. Dianette Henriette-Manan de l’Alliance Libération, sortie en 3ème position avec 10,507 voix, sera députée corrective. À Rodrigues, les deux jeunes femmes sont loin d’être néophytes en politique. La première avait déjà siégé à l’Assemblée régionale, tandis que la deuxième, enseignante de profession, a été candidate aux élections dans l’île en 2022, mais elle avait été devancée par la Minority Leader Franchette Gaspard-Pierre-Louis.
La leçon concernant la place des femmes lors des dernières élections générales nous vient de Rodrigues, la 21e circonscription de la République. 14 candidats – 7 hommes et 7 femmes – étaient en lice pour représenter l’île à l’Assemblée nationale. Certes, avec un nombre d’électeurs inscrits s’élevant à 32,986, le contexte démographique diffère de celui de Maurice. Mais pour Roxana Collet, “Rodrigues a choisi non seulement de faire confiance à la jeunesse, mais aussi aux femmes.” Rodrigues se distingue aussi parce que l’île est une société fortement matriarcale. Mais si elle a été élue, précise la députée Collet, ce n’est pas en raison de son genre, mais pour son engagement. Elle souligne aussi le soutien des femmes rodriguaises : “J’ai un groupe de femmes derrière moi.” Tout Rodrigues, dit-elle, place son espoir en elle pour le développement économique de l’île, tandis que les femmes attendent d’elle qu’elle œuvre à renforcer leur autonomie économique.