Le deal conclu en septembre avec la société indienne PertSol,
la clé du mystère des pratiques abusives de Phone Tapping
Présence intrigante d’experts informatiques indiens à Maurice
en prélude de la campagne électorale quittant le pays
à trois jours du scrutin de dimanche dernier
Le scrutin des élections législatives du dimanche 10 novembre a tari la source des bandes sonores des écoutes téléphoniques illicites (Phone Tapping). Mais les Missie Moustass Leaks continuent à préoccuper par rapport à la mise en place et les opérations de ce réseau d’écoutes téléphoniques illicites n’épargnant aucun citoyen, même si les fuites, accessibles sur les réseaux sociaux depuis le vendredi 18 octobre dernier, avaient trait à une série de selected views, avec des épisodes les uns plus scandaleux que les autres de par leur teneur et le calibre politique des protagonistes, en particulier les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office impliqués. Toutefois, en cours de semaine, l’ancien Chief Executive Officer de Mauritius Telecom, Sherry Singh, a pris l’initiative de se rendre au Central CID pour éclairer la lanterne sur les dessous de cette ténébreuse affaire portant atteinte à la liberté d’expression de chaque Mauricien.
À ce stade, les premières indications sont que les ramifications pourraient s’avérer être far reaching au sein de l’establishment en place jusqu’à la veille des dernières élections générales. Si entre-temps les Police Headquarters préfèrent jouer la carte de la prudence quant aux séquelles susceptibles de surgir, la prochaine convocation au QG du Central CID de l’actuel Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom, Kapil Reesaul, qui a succédé à Sherry Singh, et du Chief Technical Officer, Yagianth Rosunee, est porteuse de rebondissements.
C’est du moins ce que laissent entendre des sources concordantes, dans la mesure où Sherry Singh a donné des indications au sujet d’une complicité tacite entre Mauritius Telecom de l’après-juillet 2022 et Lakwizinn du Prime Minister’s Office en ce qui concerne le réseau de phone tapping.
Après une campagne électorale hijacked par les bandes sonores de Missie Moustass et Anonym Moris, Sherry Singh confirme dans une déposition consignée au Central Criminal Investaigation Department l’installation d’équipements d’interception par une firme indienne avec l’assentiment de son successeur à la Telecom Tower, Kapil Reesaul.
Le deal Mauritius Telecom-PertSol, soit entre la société d’État de téléphonie nationale et une société indienne « provider of lawful interception », revêt ne importance capitale en ce début du nouveau mandat de Navin Ramgoolam. Sherry Singh avait balancé aux limiers du Central CID qu’il détiendrait des informations à l’effet que son successeur à la Telecom Tower, à partir de juillet 2022, Kapil Reesaul, aurait permis l’installation des équipements de PertSol sur le réseau de MT, avec le feu vert de Lakwizinn du Prime Minister’s Office durant le dernier mandat.
Après l’impact des Missie Moustass Leaks et d’Anonym Moris, révélant sans réserve des extraits de conversations téléphoniques tenues entre des hommes politiques, des proches du pouvoir, des hommes de loi, au niveau de la force policière, entre autres, et même des membres de la presse, le gouvernement de Navin Ramgoolam, qui prend ces jours-ci ses marques, compte tirer au clair le mystère de phone tapping.
Ces recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources bien renseignées indiquent que Sherry Singh aurait soutenu à la police que Kapil Reesaul aurait fait un déplacement en Inde entre août et septembre 2022 en compagnie du Chief Technical Officer, qui avait pris place après son départ, Yagianth Rosunee, pour des discussions avec PertSol Systems.
Cette dernière société indienne est présentée comme « a global expert and provider of Lawful Interception & Monitoring system, high speed Metadata Extraction, Location Enabled Emergency Services, Big Data Analytics ». D’ailleurs, des experts informatiques indiens de cette entité étaient à Maurice depuis septembre dernier et ne sont repartis qu’à trois jours du scrutin des dernières élections générales.
Des milieux avisés affirment que ces IT Engineers sont des employés de la firme PertSol. L’un des Work Permits accordés à l’un d’entre eux par le minustère du Travail, que Week-End a pu obtenir, indique clairement que leur passage à Maurice était pour assister la Counter Terrorism Unit, qui peut exploiter des dispositifs de phone tapping pour des besoins d’enquêtes dans un cadre bien défini de la loi et sous le contrôle du judiciaire. Ce qui ne semblait être nullement le cas dans la conjoncture.
La déposition de Sherry Singh met en avant qu’à la suite de ce déplacement en Inde, l’équipement acquis auprès de PertSol aurait été installé sur le réseau de Mauritius Telecom et a été utilisé par des entités et autres intérêts politiques tombant directement sous le contrôle de Lakwizinn du Prime Minister’s Office.
L’ex-CEO de Mauritius Telecom s’est appesanti sur le fait que le sniffing du réseau de Mauritius Telecom ou encore des opérations de data capture seraient de nature criminelle et que la compagnie de téléphonie mobile nationale aurait agi dans l’illégalité en agissant comme facilitateur pour l’interception des appels téléphoniques privés et le trafic sur l’internet.
Les Missie Moustass Leaks ont durant la campagne électorale dominé le devant de la scène politique et avaient cumulé jusqu’à la veille des élections du 10 novembre plus de 12 millions de views sur YouTube. Le profil Anonym Moris, qui avait tenté de balancer des extraits des appels téléphoniques des adversaires de Lakwizinn du PMO et du MSM comptait seulement 14 000 views, mettant en surface l’existence de tapping des appels téléphoniques dans plusieurs secteurs, notamment politiques, diplomatiques, judiciaires ou encore affaires dans le pays, et ce, même durant la campagne électorale.
Les Missie Moustass Leaks semblent être here to stay…