Le Premier ministre et leader de L’Alliance Lepep, Pravind Jugnauth, a placé sur la table ses derniers jokers hier lors du meeting national organisé pour la première fois à la rue Indira Gandhi à Phoenix, non loin d’Emirates Swimming Pool. Il a ajouté trois nouvelles mesures à la liste des 17 mesures prévues dans le manifeste électoral de L’Alliance Lepep, à savoir des prêts sans intérêts pour les PME, la baisse de la TVA à 10% sur une série de produits essentiels et le paiement d’un 14e mois de salaire à tous les employés mauriciens pour le mois de décembre de cette année. Cette dernière mesure pourrait être maintenue dépendant de la situation économique. Ces annonces ont été accueillies favorablement par la foule présente alors que les candidats assis sur l’estrade ont réservé une Standing Ovation à leur leader. L’intervention du leader de L’Alliance Lepep a aussi été marquée par l’utilisation de l’artillerie lourde contre les dirigeants et des candidats de l’Alliance du Changement, en particulier Navin Ramgoolam avec des allégations concernant ses biens immobiliers à Londres, les dollars trouvés dans ses coffres et l’utilisation d’un compte, qui serait opéré d’une banque singapourienne.
Les dirigeants de L’Alliance Lepep n’ont pas lésiné sur les moyens logistiques pour assurer la mobilisation de ses partisans pour ce rassemblement national dans le cadre de la campagne électorale. Pour Pravind Jugnauth, le meeting d’hier était un véritable test de popularité après la série de congrès organisés dans les 20 circonscriptions de l’île. Il affirme que son principal adversaire l’Alliance du Changement a organisé des congrès par groupe de trois circonscriptions, véhiculant des foules à travers le pays.
Pravind Jugnauth estime que la foule de Phoenix était quatre fois plus importante que celle présente au rassemblement organisé par l’Alliance du Changement à Port Louis « parce que la majorité de la population reconnaît le travail que nous avons accompli. » Il est revenu sur les chantiers des infrastructures routières, les flyovers, le pont SAJ, la santé, l’hôpital pour le cancer, le nouvel hôpital pour les yeux et la transformation rénale, les parcours de santé, les infrastructures modernes pour le sport.
Il a aussi annoncé, entre autres, que le réseau de Metro Express sera étendu à différentes parties du pays. Les veufs et les veuves bénéficieront du transport gratuit. Il estime que l’opposition ne peut critiquer le gouvernement sortant à ce chapitre et qu’il n’y a rien de comparable avec ce que le gouvernement de Ramgoolam avait réalisé à son époque.
Au sujet de la hausse du coût de la vie, Pravind Jugnauth s’est demandé s’il n’y avait pas d’inflation entre 2005 et 2014. Il a estimé que la hausse des prix était plus forte entre durant cette période que comparativement entre 2014 et 2024. Depuis les taux de compensation salariale accordés étaient supérieurs aux taux d’inflation. « Où était Ramgoolam lorsque les travailleurs touchaient Rs 1500 par mois ? Nous avons introduit le salaire minimum qui est actuellement à Rs 20 000 qui passera à Rs 25 000 lors du prochain mandat », rétorque-t-il.
Il s’est longuement appesanti sur les allocations accordées aux familles et à d’autres bénéficiaires. Ainsi, les femmes à la maison disposeront de Rs 2 000 par mois. Les enfants pourront profiter de l’éducation gratuite jusqu’à l’université ; l’internet est gratuit pour les jeunes. La gratuité sera étendue aux familles pauvres alors que pour toute la population le coût de l’internet devra accuser une baisse de 25%.
Pravind Jugnauth a fait une virulente sortie contre les « rapaces » qui se trouvent de l’autre côté dont la politique consiste à imposer des taxes sur tout y compris les intérêts bancaires. « Ce que nous avons accompli est extraordinaire et notre bilan est sans égal », maintient-il.
Évoquant le dossier les Chagos, il a noté qu’en 1971 le PTr avait affirmé que Diego Garcia avait été vendu et qu’il fallait cesser les revendications. Il s’est appuyé sur le travail abattu par sir Anerood Jugnauth pour que Maurice puisse exercer sa souveraineté sur l’archipel. Il affirme avoir repris le flambeau de son père. Il a critiqué les prises de position de Paul Bérenger qui avait mis en doute la stratégie adoptée par SAJ en portant le dossier des Chagos devant l’Assemblée générale des Nations Unies.
Le Premier ministre a révélé que Paul Bérenger avait refusé de siéger sur un comité avec l’opposition qu’il a qualifié d’antipatriotique. « J’avais toujours dit que dans ma vie, nous réussirions à récupérer les Chagos. Aujourd’hui la Grande-Bretagne a retourné tout l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia, à Maurice. Après 56 ans, nous avons obtenu un résultat auquel beaucoup de personnes dans le monde ne croyaient pas. Nous avons négocié avec la Grande-Bretagne et nous recevrons une location de plusieurs milliards de roupies pour Diego-Garcia chaque année », ajoute-t-il.
Au chapitre de la lutte contre la drogue, il a reconnu que la drogue continue à entrer dans le pays. « Le plus important est de voir qui sont ceux qui mènent un combat contre les trafiquants de drogue », a-t-il dit. Il a accusé Navin Ramgoolam d’avoir refusé d’instituer une commission d’enquête alors qu’il était Premier ministre parce qu’il voulait protéger les trafiquants. Il dénonce le fait que sur la plateforme politique de Navin Ramgoolam se trouve actuellement Rachel Jolicoeur, Akil Bissessur, Vimen Sabapathee qui, a-t-il dit, ont été arrêtés pour possession de drogue. Il a accusé Richard Duval d’avoir soutenu Cindy Legallant qui était entrée au pays avec une cargaison de Subutex d’une valeur de Rs 40 millions et qui a été condamnée.
Il s’est également attaqué aux candidats du PTr et de l’Alliance du Changement, dont Kaviraj Rookny qui aurait été renvoyé d’un précédent emploi parce qu’il était considéré comme « unfit for the job ». Il n’a pas épargné Véronique Leu Govind, accusée d’avoir été condamnée pour avoir acheté des articles volés et a critiqué son entourage. Il ajoute qu’Eshan Joomun aurait été condamné pour avoir essayé d’accorder un pot-de-vin à un officier de police. Il lui reproche de n’avoir pas déclaré tous ses avoirs en tant que député.
Pravind Jugnauth s’est également attaqué à Paul Bérenger en affirmant qu’un membre de sa famille, Bertrand Lagesse, qui représentait la compagnie scandinave BWSC, avait demandé de l’argent à cette compagnie afin de « graisser les pattes de Mister Gray ». Il a avancé que Pradeep Jeeha, en charge du dossier, devait le contacter. « Qui est Mister Gray ?» se demande-t-il.
Navin Ramgoolam, qu’il a présenté comme le chef de la mafia, n’a pas été épargné. « Il a un coffre dans lequel on a trouvé 3 millions de dollars soit Rs 220 millions. Est-ce qu’il ne doit pas donner une explication à la population à ce sujet ? » a-t-il répété en intimant au leader du parti Travailliste de répondre au peuple avant les élections générales. Il a fait état des 27 cartes de crédit dont certaines sans limite et des 17 comptes bancaires en Grande-Bretagne de Navin Ramgoolam, qui possèderait une résidence d’une valeur de Rs 200 millions à Londres. Il l’accuse d’avoir déposé Rs 140 millions en banque entre 2012 et 2015. Il a aussi fait mention d’un compte à la Development Bank of Singapore, dont il a révélé le numéro de compte et dans lequel ont été versés des montants conséquents en dollars. Il affirme que les autorités singapouriennes ont confirmé l’existence de ce compte bancaire.
À la fin de son intervention, le Premier ministre a annoncé trois nouvelles mesures qu’un éventuel gouvernement de L’Alliance Lepep compte introduire à savoir des prêts sans intérêt aux PME, la réduction de la TVA à 10% sur une série de produits essentiels et le paiement d’un 14e mois en décembre. Cette dernière décision s’applique aussi bien pour le gouvernement que pour le secteur privé. Il a confirmé que le gouvernement viendra en aide à ceux qui ne seront pas en mesure d’assurer le paiement de ce 14e mois. Il a précisé que cette mesure pourrait être reconduite subséquemment dépendant de la situation économique du pays.
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Alan Ganoo
« Maurice, Dubayy de l’Afrique »
Alan Ganoo devait parler des Fees d’examens pour le SC et le HSC, et que les parents devaient payer sous l’ancien gouvernement de Navin Ramgoolam « si leur enfant n’avait pas un taux de présence de 90% ». Il a aussi déploré que « Shakeel Mohamed inn pass lalwa travay pour kraz travayer », avant de rappeler : « zordi, inn res zis enn semenn pou nou al ekrir nouvo sapit listwar pei. Pou al exprim nou rekonesans anver enn gouvernam kinn fer Moris vinn enn Dubayy de Lafrik e enn Singapour de Losean indien. »
Il lance ainsi un appel à tous pour rester mobilisés et « okip sak pous terin » et « fer nou devwar sakre pou kan kass bwat, Pravind Jugnauth revinn Premie minis sa pei-la. »
Ivan Collendavelloo
« L’opposition est à l’origine des écoutes téléphoniques »
Ivan Collendavelloo s’est adressé particulièrement aux « militants présents » et est revenu sur les circonstances qui, selon lui, en 2014, ont été au cœur de la fracture au sein du MMM et a fait perdre Ramgoolam aux élections législatives générales, soit « la dictature du tandem Bérenger/Ramgoolam », qu’il qualifie de « trahison ».
« Pou konbat diktatir, mo al get SAJ, Pravind Jugnauth e XLD pou nou met nou lafors ansam » et, petit à petit, poursuit-il, « ils ont pu convaincre la population ». Il affirme que l’alliance poursuit son combat avec les mêmes valeurs militantes. Selon lui, à chaque fois qu’il y a une alliance entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, « ce sont les militants qui souffrent ». Raison pour laquelle, dit-il, « les militants doivent se rallier derrière L’Alliance Lepep et voter 3-0 dans toutes les circonscriptions dimanche prochain. »
Il allègue que, « pour Pravind Jugnauth, le pays est sa priorité, alors que pour Navin Ramgoolam, c’est son coffre-fort ». Il accuse aussi l’opposition d’être à l’origine « des tables d’écoutes téléphoniques ». Il affirme que « zot pou ekout tou ou telefonn », avant de lancer un appel pour « ne pa ekout palab », car, selon lui, « zot pe santi zot pe perdi eleksyon e manipil konversasyon ».
Kalpana Koonjoo-Shah
« Pravind Jugnauth est un homme de parole »
Kalpana Koonjoo-Shah, qui présidait le meeting, a longuement parlé des Chagos, des mesures prises par le gouvernement pour gérer la pandémie de Covid-19 et de l’importation des vaccins, ainsi que de la pension de vieillesse , tout en ayant été très critique envers le leader de l’Alliance du Changement en évoquant « les jours Kaya ». Elle a par ailleurs fait l’éloge de sir Anerood Jugnauth qui, « à 88 ans, avait repris sa toge pour aller défendre le dossier Chagos devant les Nations unies, sans avoir peur de grandes puissances comme l’Angleterre et les Etats Unis ».
« Pravind Jugnauth a poursuivi la lutte de son père et a marqué l’histoire le 3 octobre, kan Angle inn dir nou ena souvrente lor bann lil Chagos », dit-elle, ajoutant que « le pays a bénéficié de l’expertise d’Ivan Collendavelloo » Elle que « Bérenger a vendu la lutte chagossienne ». Quant à Navin Ramgoolam, elle lance à son propos : « ki avoka to ete, Navin ?! ».
Elle insiste à l’effet que Pravind Jugnauth est « un homme de parole » et que, durant la pandémie, « il a fait venir des vaccins pour sauver nos vies ». De plus, il a mis en place le Wage Assistance Scheme « pour soutenir les travailleurs » et « a fait parvenir la pension des personnes âgées au pas de leurs portes », dit-elle encore.
Revenant sur Navin Ramgoolam, elle a évoqué de nouveau l’épisode des coffres-forts, mais aussi ceux « tous sali » et de « Roches-Noires ». Elle a aussi rappelé que « Navin Ramgoolam avait contesté l’annonce de l’augmentation de la pension de vieillesse jusqu’au Privy Council », ajoutant qu’il avait « reçu une claque, parce que Pravind Jugnauth a la bénédiction de Dieu ». Elle maintient que « kan li kestyon sekirite nasyonal e pou protez bann zanfan nou pei, Pravind Jugnauth pran desizion ki bizin. »
Steven Obeegadoo
« Nou lafors, se nou bilan »
Fazila Jeewa-Daureeawoo, première à prendre la parole, s’est étendue sur les mesures sociales, dont la pension de vieillesse passant à Rs 20 000, que les personnes âgées auront droit à des médicaments gratuitement et que les femmes disposeront d’un congé de maternité d’une année. De son côté, Steven Obeegadoo a estimé que les projets réalisés ont marqué l’histoire du pays.
« Nou pa bizin fer palab parski nou lafors se nou bilan », avance-t-il en poursuivant que « alors que le pays était à genoux durant la pandémie de Covid et que l’industrie touristique était à l’arrêt, aujourd’hui, le pays accueillera un nombre record de 1,4 million de touristes. »