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NO 19 | Sydney Pierre (Alliance du Changement) :« J’ai eu et j’ai toujours en moi la rage de réussir »

Sydney Pierre briguera les suffrages au No 19 sous la bannière de l’Alliance du Changement aux côtés de deux vieux de la vieille, soit Paul Bérenger et Deven Nagalingum. Professionnel aguerri du tourisme et travailleur social passionné, ce père de famille de quatre enfants, et grand-père de trois petits-enfants, n’a pourtant pas eu la vie facile. Né dans une maison de la CHA, sans eau et sans électricité, c’est l’éducation qui l’aidera à gravir les échelons. Prêt à conquérir les cœurs des électeurs du No 19 et à redonner de l’espoir aux jeunes de la circonscription, il répond aux questions de Le-Mauricien.

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Si l’on vous présente aujourd’hui comme un professionnel accompli du secteur du tourisme, vos débuts n’ont pourtant pas été faciles…

Je suis né à Curepipe et ai grandi à Cité La Brasserie, dans ce qu’on appelait avant une maison CHA. Et comme vous le savez peut-être, ces maisons étaient livrées sans eau et sans électricité. Ma famille et moi sommes donc restés quelques années sans eau courante et, petit, je devais aller en chercher…

Puis notre maison a été détruite deux fois : la première par le cyclone Gervaise – j’avais 4 ans –, et la seconde par le cyclone Claudette. Nous avions une maison en bois et en tôle à l’époque. D’ailleurs, après le passage de Claudette, nous sommes restés dans un centre de refuge pendant une année entière. C’était une période très difficile, car les enfants venaient à l’école pour apprendre, et nous étions réfugiés dans une salle à côté… Bref, je n’ai pas eu une enfance des plus faciles, mais j’aimais étudier.

Pour l’anecdote, pour mes examens du CPE, alors que j’étudiais le soir à la lumière d’une bougie, la maison a pris feu et je suis allé prendre part aux examens le lendemain avec les vêtements de la veille, car toutes nos affaires avaient pris l’eau à l’arrivée des pompiers…

En 1989, dans l’affaire Gaëtan Duval contre sir Anerood Jugnauth, mon père avait été un dommage collatéral, et pendant que j’allais à l’école, j’allais aussi rendre visite à mon père en Remand à Beau-Bassin. Cela étant dit, j’ai bénéficié de l’aide de beaucoup de personnes dans mon entourage, dont Mgr Rex Donat, qui nous aidait, ainsi que mes enseignants, qui me donnaient des leçons particulières gratuitement.

Vous êtes aussi travailleur social, n’est-ce pas ?

J’ai en effet commencé le social à l’âge de 15 ans, et je suis membre du Lions Club depuis 38 ans ! Je suis aussi médaillé d’argent de la Ligue universelle du Bien public, et ai aidé à la création de l’école de la Seconde Chance, entre autres. Sur le plan professionnel, j’ai commencé à 18 ans avant d’occuper plusieurs postes à responsabilité au Lux*, Marriott et, tout récemment, au Janus Continental Group. J’étais aussi président de l’Office du Tourisme.

Pourquoi avoir rejoint la politique  ?

Je pense sincèrement que je suis un rêveur idéaliste qui veut changer le monde! D’ailleurs, j’ai débarqué dans la circonscription du No 19 le 16 octobre, soit quelques jours à peine après ma rencontre avec les leaders de l’Alliance. Mais il faut savoir que j’occupais déjà depuis quelques années les circonscriptions 14 et 18. C’est vous dire qu’avec un papa militant, me tenir aux côtés de Paul Bérenger est pour moi un rêve qui devient réalité. Mais nous accomplissons nous trois, candidats de la circonscription, un travail herculéen, et ce, depuis le début de la campagne, qui aura duré cinq semaines ! De plus, le No 19 est une circonscription piège, car aucun travailliste – hormis James Burty David et Reza Issack, en tant que Best Loser, n’y ont été élus, mais j’adore le challenge.

Comment se passe justement la campagne sur le terrain aux côtés de ces deux politiciens aguerris que sont Paul Bérenger et Deven Nagalingum ?

C’est une belle expérience et je profite de ma campagne au maximum, même si c’est parfois pénible, car nous passons de longues heures tous les jours à faire du porte-à-porte, à répondre aux sollicitations, etc. Mais comme je suis nouveau, je pense tenir un discours qui parle aux habitants de la circonscription et qui les touche. J’ai eu une enfance difficile, et j’ai connu la misère, comme beaucoup. Cela parle à beaucoup de personnes. J’ai aussi fait ma scolarité au collège St Andrews et je connais beaucoup de gens dans la région. Et puis j’aime être avec les gens.

Votre profession, qui est un métier de contact, et votre occupation de travailleur social doivent être un plus pour vous  ?

Oui, dans ces deux cas, je me rapproche facilement des gens. Je peux me mettre avec eux et me perdre dans la foule. J’aime être parmi les gens. Je suis aussi un stratège de profession, et cela ne me fait pas peur. Il faut juste que j’apprenne à gérer mon corps et surtout ma voix et mon intonation. Ce ne sont pas les micros qui vous diront le contraire (rires).

Quel est le retour de l’électorat au No 19  ?

J’ai un très bon Response. Naturellement, j’ai un bon feeling avec les gens, et comme je l’ai dit plus tôt, j’ai toujours eu cette fibre sociale en moi. Je pense aussi qu’ils ne sont peut-être pas habitués à ce type d’approche. Je pense, et j’espère, qu’ils sentent une authenticité dans ce que je dis et dans ce que je fais. Je n’ai pas envie d’être ce genre de politicien qui deviendrait inabordable ou inaccessible; que Dieu me garde de cela !

Et puis, en tant que candidat, je multiplie les rencontres, même s’il m’est impossible de rencontrer ces milliers d’habitants en si peu de temps. Malgré cela, le plus important pour moi, c’est de faire passer le message. J’ai un discours nouveau, et c’est cela ma stratégie pour gagner le cœur des Rose-hilliens. Pour moi, le plus important, c’est de faire passer le message, et je trouve que les gens réagissent bien à cela.

Qu’est-ce qui en ressort sur le terrain ? Que veulent les habitants de la circonscription  ?

Il y a bien sûr le problème de l’eau, qui est d’ailleurs un problème national. Ma circonscription fait miroir de cette situation, si ce n’est que le problème y est bien pire. Il y a aussi le coût de la vie, trop élevé, avec le problème de la pauvreté. Je note aussi le manque d’infrastructures pour les jeunes.

C’est triste, d’autant que la ville a produit les plus grands sportifs du pays. Les routes sont par ailleurs très mal entretenues, mal asphaltées. Il y a aussi un manque d’espaces verts, et l’état des maisons NHDC est à déplorer. Nous avons aussi de gros problèmes de transport. Puis il y a le problème de la sécurité des habitants et de la drogue, qui a fait son chemin dans plusieurs quartiers. Il y a vraiment beaucoup à faire !

Le mot de la fin…

Je reviens sur votre question précédente. La raison pour laquelle je fais de la politique, c’est parce que justement j’avais besoin de rendre à la société ce qu’elle m’a donné. J’aurais pu rester chez moi et vivre ma petite vie tranquille, mais j’ai eu ce besoin de me lancer en politique pour Give Back. J’aimerais aussi adresser un message aux jeunes : la clé, c’est l’éducation et la détermination. J’ai commencé au plus bas, mais je suis arrivé là où j’en suis grâce à l’éducation et la détermination.

Je dis toujours que mon rêve est de devenir Premier ministre du pays. Cela peut faire rigoler, comme cela a fait rigoler plusieurs personnes avant lorsque je disais que je voulais accomplir tout ce que j’ai accompli à ce jour. J’y crois, et je pense que Maurice pourra un jour accueillir un Premier ministre de mon profil. Aux jeunes, je dis : soyez comme la fleur de lys, qui grandit dans la boue, mais qui fleurit dans toute sa beauté. Il faut avoir la rage de vaincre. J’ai eu, et j’ai toujours, en moi la rage de réussir. La seule personne qui peut vous empêcher de réussir, c’est vous-même.

Propos recueillis par KD

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