Maurice est à un tournant décisif à l’approche des élections générales, avec des défis économiques, démocratiques et environnementaux pressants. Un enjeu fondamental pour notre démocratie est également en jeu : la liberté de la presse.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a récemment souligné le rôle essentiel du journalisme dans une démocratie, qualifiant les journalistes de « gardiens des valeurs démocratiques. » Il s’est engagé à protéger leur droit à tenir les puissants responsables. Son message est inspirant, surtout à un moment où, à Maurice, la presse subit des pressions politiques et économiques croissantes. La récente suspension des réseaux sociaux en est un exemple flagrant, vite révisée sous la pression populaire, mais révélatrice d’une tendance inquiétante.
Depuis la pandémie de Covid-19, comme à travers le monde l’économie des médias mauriciens est en crise. La baisse des revenus, la chute du marché publicitaire et l’augmentation des coûts mettent en péril le journalisme indépendant. Les médias, essentiels à une information transparente, sont de plus en plus vulnérables face aux pressions du pouvoir qui favorisent certains médias subventionnés, affaiblissant ainsi les voix critiques.
Nos candidats à la députation et au poste de Premier ministre devraient s’engager pour une presse libre et économiquement viable, prenant exemple sur Starmer. Soutenir une presse forte, c’est investir dans la démocratie elle-même. Un soutien financier est envisageable, à condition que des critères transparents et objectifs soient définis, comme en France. Il est également crucial de revoir la politique de distribution de la publicité publique, souvent utilisée pour récompenser ou punir les médias selon leurs positions éditoriales. Ce soutien au niveau des intrants ou extrants loin de compromettre son indépendance, permettrait à la presse d’assurer son rôle de quatrième pouvoir sans subir de pressions financière.
Pourquoi nos futurs dirigeants devraient-ils s’en soucier ? Parce qu’une presse libre est le pilier de notre démocratie. Sans le travail des journalistes, les citoyens risquent de rester dans l’ombre, laissant les puissants agir sans contrôle. Les journalistes exposent la corruption, dénoncent les abus et renforcent la responsabilité gouvernementale.
Starmer propose des mesures concrètes, notamment des lois pour contrer les poursuites stratégiques contre les journalistes et une meilleure régulation des géants numériques. Ces engagements montrent que le Royaume-Uni comprend l’importance du journalisme.
Maurice mérite des dirigeants qui défendront, en actes, la liberté de la presse et la viabilité économique des médias. Nous avons besoin de leaders qui condamneront les tentatives d’intimidation des journalistes, soutiendront des lois pour prévenir le harcèlement judiciaire et garantiront le droit à l’information sans restriction. Les candidats doivent déclarer clairement leur position sur la liberté de la presse et le soutien nécessaire à sa pérennité. Soutiendront-ils des protections pour les journalistes qui couvrent des questions d’intérêt public ? Veilleront-ils à éviter les pressions juridiques, financières et politiques qui menacent la liberté de reportage ?
Notre démocratie mérite un paysage médiatique aussi dynamique que notre société elle-même. Comme l’a dit Starmer, une « presse libre et robuste » est le fondement de la démocratie. Maurice mérite cette force démocratique pour protéger les droits et l’avenir de ses citoyens et faire honneur et respect à ceux qui ont perpétué cette mission depuis plus d’un siècle contre vents et marées ! Plus que jamais « journalism is the life blood of democracy and governments ought to protect it ! »
BD