The Diwali night directive

Depuis plus d’une semaine, les épisodes de la série Missié Moustass sont postés sur les réseaux sociaux et font découvrir des ministres, des hauts fonctionnaires, des hommes de loi, des conseillers et des proches du Premier ministre dont la principale activité semble être l’organisation de complots pour piéger les adversaires du régime, en ayant recours à des méthodes relevant plus de la mafia que de la bonne gouvernance. Dans un premier temps, le PM et ses porte-voix ont prétendu qu’il s’agissait de voix et de dialogues générés par l’Intelligence Artificielle, avant d’être obligés d’admettre que la majeure partie des voix diffusées étaient authentiques. Comme leurs propos aussi. Tout en soulignant que les enregistrements étaient illégaux, le gouvernement ne prit aucune mesure pour censurer ou interdire leur diffusion, jusqu’à jeudi dernier, quand des enregistrements de conversations du PM et de son épouse ont été postés sur les réseaux sociaux. La réaction du gouvernement fut, pour dire le moins, démesurée. Aux petites heures de vendredi, le Secrétaire du Cabinet fit parvenir au président de l’Information and Communications Technologies Authority (ICTA) une directive ordonnant aux opérateurs de téléphone de suspendre les réseaux sociaux jusqu’au lendemain des élections. Les réactions très négatives, tant locales qu’internationales, s’étant multipliées, le gouvernement essaya de justifier sa décision : c’est parce que la ligne fixe du PM aurait subi « une cyber attaque de terroristes » que le gouvernement a suspendu les réseaux sociaux. C’est, donc, parce qu’UNE ligne de téléphone aurait été piratée que le gouvernement a fait suspendre TOUS les réseaux sociaux du pays pour une dizaine de jours !
La montée de protestations des très nombreux utilisateurs des réseaux sociaux, ainsi que quelques demandes d’injonctions légales, les réactions du monde des affaires et du tourisme, entre autres, ont obligé la gouvernement à faire machine arrière. D’autant plus que Xavier-Luc Duval, sentant l’ampleur du mécontentement populaire en cette période de campagne électorale, avait exigé de son nouvel allié politique le rétablissement des réseaux sociaux dans les meilleurs délais. Du coup, la cyber attaque terroriste de la ligne fixe du PM fut, semble-t-il, rapidement circonscrite et l’interdiction – qui devait durer 10 jours – levée après quelques heures. Avant, la police procéda à l’interpellation, très médiatisée, de quelques individus soupçonnés d’avoir comploté contre l’État en diffusant les enregistrements de Missié Moustass. La police est parvenue à localiser les comploteurs en un temps record grâce à deux dénonciateurs. Le premier n’est autre que celui qu’on surnomme le marchand de merveilles, ex-ami intime de Navin Ramgoolam qu’il a trahi pour devenir celui de Pravind Jugnauth. L’autre est un individu qui voulait s’enrôler dans le parti politique de Sherry Singh, l’ex-grand ami de Pravind Jugnauth. Il s’était rendu, il y a quelques semaines de cela, au bureau de Sherry Singh où il avait vu des personnes en train de manipuler des instruments électroniques. Vendredi, au petit matin – à la même heure où le Secrétaire du Cabinet envoyait sa directive au président de l’ICTA ? –, il s’est soudainement souvenu de ce qu’il avait et s’est rendu aux Casernes Centrales pour dénoncer Sherry Singh. Tout cela rappelle d’autres arrestations d’opposants ou d’internautes trop critiques vis-à-vis du PM interpellés avant même que les dépositions les justifiant ne soient signés. Ce genre de « stratégies » imaginées par les conseillers du PM finissent toujours par se retourner contre lui. C’est ce qui vient d’arriver avec le Diwali night directive qui avait pour objectif de mettre fin à la diffusion des enregistrements de Missié Moustass. La suspension en a fait un fruit défendu sur lequel les Mauriciens se sont jetés avec voracité, dès que les réseaux sociaux ont été rétablis. Ils ont découvert, entre autres, qu’en ce qui concerne les « zouré mama », Pravind Jugnauth est au même niveau que le Commissaire de Police ou le Directeur Général de la MBC. Par conséquent, on peut affirmer que Pravind Jugnauth et ses stratèges ont été les meilleurs agents de promotion des enregistrements de Missié Moustass !
Pour ne pas faillir à la tradition des leaders du MSM, Pravind Jugnauth a souligné que c’est l’ICTA qui avait pris la décision de suspendre les réseaux sociaux, pas lui. Dans sa reprise du fameux « pas moi ça, li ça », il a rejetté la responsabilité de la suspension et de ses conséquences sur le président de l’ICTA, l’avocat Dick Ng Sui Wah, obligé d’assumer les erreurs – pour ne pas dire les malpropretés – de son leader. Dans l’État MSM, c’est le rôle réservé à ceux qui ont été nommés à la tête des institutions du pays pour violer quotidiennement leurs lois au profit du leader dans le cadre de ses « stratégies ». Comme celle du Diwali night directive qui vient d’éclater comme une baudruche.

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Jean-Claude Antoine

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