Les sentiers de la perdition

L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) a été le fleuron du sport local il y a quelques années. Sportivement comme administrativement, cette association était reconnue de tous, à Maurice comme à l’étranger, pour son travail, sa rigueur et sa persévérance.
C’est désormais de l’histoire ancienne avec notamment un comité directeur beaucoup plus déterminé à « faire la police » qu’à s’occuper de la progression technique de sa discipline. Alors qu’une enquête policière est pourtant en cours concernant ses finances et des faits reprochés à son ancien trésorier, nommément Claude Duval.
On se passera d’épiloguer sur cette enquête tant qu’elle ne sera pas bouclée. Ce qui nous intéresse, c’est la façon avec laquelle le président, Paramasiven Sammynaden, et ses membres, y compris le Dr Raj Moonisamy, ont décidé d’administrer cette discipline depuis les révélations faites à l’assemblée générale annuelle de mai 2023.
Certes, la démarche d’avoir mis au grand jour des irrégularités financières mérite d’être saluée. Mais faut-il encore que l’AMA se montre consistante dans ses actions. Ce qui n’est pas le cas puisque la décision du Dr Raj Moonisamy de « faire le ménage » contraste avec le fonctionnement de l’AMA et encore plus en marge des élections du 21 décembre. Alors que pourtant, Paramasiven Sammynaden usait, en début d’année, de grands termes comme « transparence» ou encore « liberté » pour évoquer le fonctionnement nouveau de la commission technique !
Forcément, il y a de quoi demeurer perplexe, notamment après avoir pris connaissance de la démarche de trois représentants de clubs d’alerter World Athletics. Celle de dénoncer la posture de l’AMA d’avoir envoyé directement au Registrar of Associations des amendements à ses règlements, sans passer par l’assemblée générale.
Si tel est le cas, l’AMA aura alors commis une grosse faute professionnelle et ça, Paramasiven Sammynaden et ses proches auront à assumer les conséquences. Sauf que ce dernier a réfuté la démarche des contestataires, hier dans un hebdomadaire, en affirmant que les Rules and Regulations ont bien été approuvés lors d’une assemblée générale tenue en mars 2021.
Sans mettre en doute la déclaration de Paramasiven Sammynaden, nous aurions bien aimé savoir deux choses. D’abord, pourquoi des amendements, dont il affirme avoir été approuvés en mars 2021, ont-ils été envoyés au Registrar of Associations en juillet 2023, soit un peu plus de deux ans après ? Aussi, pourquoi le représentant des athlètes, pourtant précisé par World Athletics, ne figure pas dans les nouveaux règlements ?
Désormais, on attendra de voir ce que décidera la fédération internationale et de savoir si l’AMA sera rappelée à l’ordre ou pas ? La date du 21 décembre sera-t-elle maintenue dans les conditions présentes ? Aussi, fait-on remarquer, ils ne sont que deux comités régionaux à avoir obtenu leurs certificats de reconnaissance auprès du Registrar of Associations. Ce qui est insuffisant, selon la Sports Act 2016, pour réunir un minimum de sept membres susceptibles de former le prochain comité directeur.
Ce qui se passe en marge des élections est loin d’être étonnant en tenant compte de la façon dont fonctionne l’AMA ces derniers mois. À tel point que Paramasiven Sammynaden aurait été, à un moment donné, contesté au sein même de son club, à savoir le Gymkhana AC. Ce n’est pas mieux non plus au niveau de l’association qu’il dirige, même s’il bénéficie toujours du soutien de certains inconditionnels !
En revanche, d’autres membres de son comité déplorent son manque de transparence, un terme avec lequel le président de l’AMA semble avoir beaucoup de mal à s’accommoder. Au cas contraire, il faudra qu’il nous explique pourquoi certains membres lui reprochent ses déplacements aux Jeux d’Afrique au Ghana, puis aux Jeux olympiques en France. A-t-il au moins pris la peine d’en discuter officiellement avec tous ses membres ?
Au risque de le répéter, certains à l’AMA ont vite oublié leur mission première et, forcément, ce sont les athlètes et la performance qui ont souffert. La preuve: la discipline peine cruellement à s’affirmer sur la piste, comme en témoigne la pâle performance aux Jeux africains au Ghana !
Même le timide Noa Bibi est sorti de ses gonds pour critiquer publiquement le manque de soutien de l’AMA dans le cadre de sa préparation menant aux Jeux olympiques de Paris où il a été éliminé au deuxième tour du 100m. Il était alors orphelin de son entraîneur, alors que Paramasiven Sammynaden excellait « admirablement » dans un rôle de « consultant » pour commenter la course de Noa Bibi pour le compte du Comité olympique mauricien !

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