Navin Ramgoolam : « Mo pa interese ek lavi mo adverser »

Présentation du programme ce mardi

- Publicité -

L’alliance promet une Interception of Communication Act pour éviter des dérives

L’Alliance du Changement dévoilera son programme électoral ce mardi à l’hôtel Hennessy, à Ébène. Les dirigeants de l’alliance ont donné rendez-vous à la presse à 11 heures pour présenter les mesures qui seront proposées à la population, parmi lesquelles la très attendue Freedom of Information Act, comme l’a assuré Navin Ramgoolam, leader de l’alliance, lors d’une conférence de presse hier matin. L’affaire des révélations compromettantes de « Missie Moustass » figurait également à l’agenda des dirigeants de l’Alliance du Changement.

La longue série de bandes sonores divulguées par « Missie Moustass » sur les réseaux sociaux, qui crée une vague d’indignation dans le pays, a été largement commentée lors de la conférence de presse de l’Alliance du Changement. Navin Ramgoolam, leader du PTr et de l’Alliance du Changement respectivement, a tenu d’emblée à apporter une précision sur une affaire d’écoute téléphonique qui remonte à 1995, année où il était Premier ministre. Il a donné les grandes lignes des circonstances dans lesquelles il a reçu deux documents révélateurs des mains de l’ancien directeur de la National Intelligence Unit. L’un d’eux comprenait une liste de noms « ki finn fer tret ar nou », dit Navin Ramgoolam. Le deuxième document contenait « tou kalite konversasion telefonik ek lavi prive dimounn. » Il a même découvert un dossier qui renfermait ses moindres mouvements. « Mo pa interese ek lavi mo adverser. »

Navin Ramgoolam a également expliqué qu’il avait convoqué l’ancien directeur de Mauritius Telecom, Megh Pillay, et l’ancien commissaire de police, Raj Dayal, pour leur dire qu’il était farouchement contre l’utilisation d’écoute téléphonique et qu’il fallait mettre fin à cette pratique. Il a même exigé le retrait des agents de la NIU qui surveillaient les faits et gestes de sir Anerood Jugnauth. Mais une déclaration de sir Gaëtan Duval, alors leader du PMSD, selon laquelle il n’avait pas aboli cette pratique, l’avait terriblement embarrassé. D’où sa décision de rappeler les protagonistes cités et de leur exiger une lettre écrite pour confirmer qu’il leur avait auparavant interdit la stratégie d’écoute téléphonique. « Mo finn fer aste enn marto mo finn fer kraz sa masinn-la. J’ai exigé des photos de la destruction des appareils », explique Navin Ramgoolam.

Cependant, l’évasion de Rajen Sabapathee (condamné pour des délits de drogue) l’a fait revenir sur sa décision pour des raisons de sécurité. Il a renforcé la loi qui donne la prérogative au juge en chambre de décider s’il faut mettre une personne sur écoute téléphonique. Un Premier ministre, dit-il, n’est pas en mesure d’ordonner cette pratique. Navin Ramgoolam insiste qu’il n’y a jamais eu « invasion de la vie privée des Mauriciens » sous son mandat. « D’ailleurs, j’ai été Premier ministre pendant plus de 14 ans, avez-vous déjà entendu une plainte en ce sens ? Jamais ! J’ai toujours respecté la vie privée des Mauriciens. »

Navin Ramgoolam a fait une promesse : « Nou fer sir nou pas sa lalwa Interception of Communication Act pou ki zame ankor enn Premie minis sey ekout lavi prive enn dimounn. » Se disant choqué que le commissaire de police, Anil Kumar Dip, soit toujours à son poste après les fuites de « Missie Moustass », Navin Ramgoolam attribue cette situation à l’incapacité de Pravind Jugnauth de prendre une décision sur la question.

Navin Ramgoolam a critiqué le choix des candidats ayant obtenu une investiture sous la bannière de l’Alliance Lepep. « Si konpar nou lekip avek lekip gopia ki ena lot kote, ou pou trouv sa gran diferans ki ena la. » Un tiers de nouveaux candidats et 23 députés sortants sont à nouveau en lice pour les suffrages. Navin Ramgoolam reconnaît que la représentation féminine est faible, soit 17 %, mais il a réitéré la promesse faite aux femmes des partis de l’alliance : elles seront plus nombreuses aux élections des collectivités locales et occuperont des postes clés en cas de victoire. Les candidats de l’Alliance Lepep, avance-t-il, ne pourront pas amener le pays à bon port. « C’est une équipe de ramassis, incapable de relever les défis auxquels nous faisons face », déclare Navin Ramgoolam après avoir vanté les qualités de l’équipe de l’Alliance du Changement.

Lui-même candidat dans la circonscription de Pamplemousses/Triolet, Navin Ramgoolam est d’avis que la décision d’imprimer le bulletin de vote en recto-verso en raison du nombre de candidats (ndlr : 146 après désistement) « est un peu agaçante. » Mais, concède-t-il, le contexte oblige. Navin Ramgoolam a aussi attribué la participation importante des candidats indépendants, dont ceux portant les mêmes noms que lui, au MSM. « Li pou gagn boukou azan andan pou diviz vot pou diminie nou lafors », fait-il remarquer. Et d’affirmer qu’il « est l’homme à abattre » dans ces élections, que des vidéos auraient été réquisitionnées à la Central CID à des fins de manipulation. Navin Ramgoolam a prévenu : « Pa krwar mo pe badine, pou ena konsekans ! Sakenn pran zot responsabilite. »

Le MSM, poursuit-il, a « traité la communauté sino-mauricienne avec mépris » en omettant un candidat de cette origine dans sa liste. « Cela n’aurait jamais dû se produire », insiste Navin Ramgoolam. « Ils devront expliquer à la communauté pourquoi les deux Sino-Mauriciens qui ont plus de 30 ans d’expérience à la Banque centrale de Maurice n’ont jamais été promus », avance-t-il. Par ailleurs, ce dernier qui a plaidé pour une couverture juste des élections par la Mauritius Broadcasting Corporation et a fait une mise en garde à la station nationale en ce sens et lui a rappelé : « La MBC n’est pas la propriété de Pravind Jugnauth. » Et au Premier ministre sortant, il a lancé au passage : « Pravind Jugnauth n’est pas un démocrate avant d’affirmer que l’abolition de la redevance télé est une promesse qu’avait annoncée l’Alliance du Changement. Sa ousi li finn kopie », dit-il. Il a attribué le faux profil de l’Alliance du Changement qui circule en ligne au MSM.

L’Alliance du Changement a tenu à féliciter la démarche du Directeur des Poursuites publiques d’instituer une enquête judiciaire sur le décès, en janvier 2023, de Jacquelin Steve Juliette. « Normalement, une enquête judiciaire est le processus à suivre lorsque la mort n’est pas de cause naturelle. Isi zot finn fer krwar ki ti ena natural death alor ki bann tape pe dir lekontrer », a indiqué Navin Ramgoolam.

Pour Paul Bérenger, leader du MMM, « la population, avec raison, est profondément bouleversée et choquée par l’affaire des écoutes téléphoniques. » Et de déplorer le « langage grossier » de certaines personnes incriminées. » Selon lui, Pravind Jugnauth ne sera pas au prochain gouvernement malgré la commission d’enquête qu’il a réclamée. Cette commission d’enquête, dit Paul Bérenger, est une échappatoire. Il est indéniable, poursuit-il, que la défaite se fait sentir dans le camp du MSM.

« Me nou pa deklar fezer, nou pa dir nou finn fini gagne, nou al dormi. Se pa enn fason pou amenn enn eleksion zeneral », dit-il. Le leader du MMM note aussi que le manifeste électoral de l’Alliance Lepep est « une manifestation de panique ! » D’autre part, il a tenu à féliciter la nouvelle présidente de la commission électorale, Me Christine Sauzier, qui a réagi rapidement à la demande de l’Alliance du Changement pour que le nombre d’agent dans les centres de vote passe à deux. « Nous lui avons adressé une lettre en ce sens le 18 octobre et elle nous a donné satisfaction, trois jours plus tard », avance Paul Bérenger. Ce dernier a fait aussi ressortir que Me Sauzier reviendra vers l’alliance s’agissant d’autres requêtes, dont l’utilisation exclusive des camions pour le transport des boîtes vers les centres de dépouillement. Paul Bérenger a fait remarquer que c’est dans cette atmosphère de scandale que Maurice a perdu sa première place en matière de bonne gouvernance dans l’indice Mo Ibrahim.

De son côté, Richard Duval, des Nouveaux Démocrates, s’est aussi attardé sur la saga d’écoute téléphonique. « Nou pe fer fas ar enn Missie Moustass-gate », déplore Richard Duval. Pour ce denier, le contenu des bandes sonores est grave et condamnable. « Quand on entend le patron de police évoquer la mort du détenu Jacquelin Steve Juliette, on ne peut nier qu’il y a là, la fabrication des causes du décès de ce dernier. Eski ou krwar kapav invant enn zafer parey ? » se demande-t-il. Richard Duval a fait ressortir que des députés sortant du PTr, à l’instar de Shakeel Mohamed et de Patrick Assirvaden, ont reconnu leur voix sur les bandes diffusées. « Lot kote pe vinn dir AI », dit-il.

Pour Ashok Subron, de Rezistans, « l’affaire Missie Moutass révèle la mafiosisation de l’Etat MSM » avec des dommages collatéraux sur les institutions centrales du pays. La commission d’enquête qui a été décidée par le conseil des ministres hier est selon lui « un face saving device pour calmer les choses. » Ashok Subron maintient la véracité des bandes sonores. « Le principal coupable sur l’existence des tables d’écoute non autorisées par le judiciaire est Pravind Jugnauth. Il a failli dans la protection au droit à la vie privée des Mauriciens. Et il a trahi le peuple mauricien », déclare Ashok Subron.

Le contenu des bandes sonores démontre, dit-il, « le niveau de pourrissement, non seulement des institutions, mais aussi le pourrissement moral de ceux qui dirigent des institutions de l’État mauricien. » Les doutes ne sont plus permis, dit-il. Il y a une forme de « dérives fascistes », dit-il. Ce dernier a profité de l’occasion pour promettre aux employés qui ne tombent pas sous le Remuneration Orders que l’Alliance du Changement amendera la loi, si elle remporte les élections, pour qu’aucun travailleur ne soit lésé en termes de réajustement salarial.

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -