Il briguera les suffrages seul comme candidat indépendant. Krishna Molaye, qui a été membre exécutif du Parti travailliste, pour ensuite rejoindre le MSM en 2019, n’a pas obtenu de ticket pour les prochaines élections. Mais cela ne pouvait pas l’arrêter en si bon chemin. Suivant le principe du Serve All–Love All, il reste avant tout un homme de terrain au service des autres. Suivant les pas de son défunt père, Nemchand Molaye, fervent Bissoondoyaliste et député élu en 1982 de la circonscription No 11, Krishna Molaye répond aux questions de Le-Mauricien.
Vous serez candidat indépendant aux prochaines élections. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Oui, je vais participer aux prochaines élections en tant que candidat indépendant. Le choix n’a pas été simple, car je devais d’abord consulter bon nombre d’amis, à la fois au MSM et au PTr. Donc, après avoir reçu plusieurs messages de soutien et avoir rencontré l’électorat du No 11, j’ai finalement fait le choix de me présenter seul aux élections.
En vrai, c’est le soutien, la confiance et la bénédiction de toutes les personnes qui m’ont soutenu, surtout ma famille et mes proches, qui m’ont poussé à prendre cette décision. Et puis, comme je l’ai dit à la presse, face au manque de reconnaissance de la part de grands partis, il était préférable pour moi que j’aille seul aux prochaines élections.
Vous avez débuté dans le social, n’est-ce pas ?
Avant de répondre à cette question, j’aimerais ouvrir une parenthèse pour faire un petit brin d’histoire et pour que vos lecteurs puissent connaître davantage l’histoire de ma famille, et surtout celle de mon père, feu Nemchand Molaye. C’était un grand travailleur social, un socialiste engagé aux côtés du Pr Bissoondoyal et politicien en devenir. Il a été élu en 1982 dans la circonscription No 11, et ce, sous la bannière du MMM dans l’alliance MMM/PSM, pour la première fois, et une deuxième fois sous la bannière MSM dans l’alliance MSM/PTr, en 1983. En 1987, il n’a cependant pas été élu.
Habitant Forest-Side, la famille a toujours œuvré dans le social. J’ai naturellement emboîté le pas à mon père, et ce, depuis un très jeune âge. J’ai commencé à l’âge de 15 ans. Je travaillais beaucoup au niveau des sociétés religieuses d’abord, notamment pour le Swastika Mandir de Curepipe, la Geeta Mandir Association de Forest-Side ou encore le Shri Satya Sai Baba Centre de Curepipe. C’est d’ailleurs beaucoup plus avec le groupe Sai Baba que j’ai commencé à apporter mon soutien aux causes et travaux communautaires. C’est de là que j’ai appris à rendre service sans rien attendre en retour, suivant le principe du Serve All—Love All.
Ce n’est qu’en 2010, quelques mois avant les élections, que le Dr Arvin Boolell m’a contacté ma famille et moi pour lui donner un coup de main en politique, d’autant que mon père, dont le village natal était Nouvelle-France, avait déjà un ancrage dans la circonscription. Depuis ce jour-là, en plus de faire du social, j’ai commencé à m’engager davantage en politique. En 2012, j’étais inscrit comme membre exécutif du PTr avec le support d’Arvin Boolell. Je m’occupais aussi de l’aile jeune de la circonscription aux côtés de la présidente de l’aile jeune d’alors, Nita Deepalsing, notamment pour la création du Young Labour au sein du PTr.
Évidemment, je continuais à faire du social, et j’étais toujours actif au niveau du Club Service de Rotary de Rivière-Noire. J’ai aussi travaillé dans la circonscription No 11 en aidant au développement des jeunes dans le secteur sportif. J’ai participé dans de nombreuses activités caritatives, avec l’organisation de formations, d’ateliers de travail, et ai œuvré pour promouvoir la santé physique, la santé mentale, le respect de l’environnement et les valeurs humaines, entre autres.
Vous êtes connu pour être un homme de terrain au No 11. Quelles sont les demandes et attentes actuelles des habitants ?
Les attentes des habitants de la circonscription sont nombreuses certes, mais la chose la plus importante, c’est qu’ils demandent que les candidats qui seront élus soient des gens de proximité d’abord, et de rester à leur écoute. Les habitants demandent aussi de résoudre leur problème d’eau et de drogue dans la région. Si je suis connu pour être un homme de terrain, c’est parce que j’ai toujours été à l’écoute des gens, ce que beaucoup de politiciens n’ont pas su faire. D’ailleurs, nous avons vu comment d’anciens députés ont perdu leurs sièges en n’étant pas au plus près de leurs mandants…
C’est souvent un petit groupe d’agents gravitant autour des ministres et députés qui décident où, quand et quel type de développement il doit y avoir dans un village. Cela crée beaucoup de frustrations, surtout lorsque les habitants ont fait plusieurs requêtes. Ce n’est pas un secret que parfois, ce sont les secrétaires qui prennent des décisions pour le recrutement à la place du ministre !
Les habitants demandent des gens de confiance, qui pourront travailler dans leur intérêt, et pas dans celui d’un député ou d’un parti politique. Les habitants ont besoin d’un député crédible qui inspire confiance et qui, surtout, est intègre, restant fidèle aux valeurs fondamentales. Ils n’ont pas besoin d’entendre des promesses à court terme et qui peuvent mettre en péril l’avenir de nos futures générations.
Et quelles sont vos attentes, vous, en tant que candidat ?
Ah, j’ai tellement de choses à dire. Surtout que j’ai eu l’occasion de partager ma vision de notre république en tant que jeune Mauricien avec des dirigeants de deux grands partis. Mais que ce soit l’un ou l’autre, ils ne s’intéresseront pas à vous, parski ou pa rant dan zot kalkil ou dan formil de zot Inner Circle dan parti-la. Peut-être voient-ils en vous un danger potentiel dans leur équipe ?
Cela étant dit, permettez-moi de partager ma vision avec la population et lui dire comment je peux contribuer à l’édifice d’une nouvelle île Maurice avec un gouvernement qui prendra en considération le pays avant tout. J’espère d’ailleurs que le prochain gouvernement mettra en place plusieurs Steering Committees avec les ressources humaines compétentes, qu’il s’appesantira sur plusieurs dossiers majeurs en suspens. Qu’il veillera à revoir les systèmes archaïques, tout en évaluant les difficultés et problèmes dans chaque ministère et département. Chaque comité devra proposer des solutions et idées dans un délai de 2-3 mois et son implémentation doit commencer dans les deux mois qui suivent, en respectant tous les règlements et cadres légaux de Procurement, etc.
Il faut pouvoir recruter des Mauriciens expérimentés pour aider à améliorer le secteur public. Il faut plus de consultations avec tous les Stakeholders, y compris les syndicats de tous les secteurs. Nous devons aussi favoriser la collaboration entre le secteur privé et le secteur public. Il faut aussi redynamiser notre économie et redonner confiance à la population. Nous devons aussi tout faire pour redonner de la valeur à notre roupie. Il est de notre devoir de renouer la confiance entre le peuple et des politiciens intègres et capables.
La circonscription No 11 a connu plusieurs grandes figures politiques… Que pouvez-vous nous dire de cet électorat ?
Oui, effectivement, depuis l’indépendance nous avons vu défiler des grands, nommément Basant Rai, Bissoondoyal, Gungoosingh, Choolun, mon père Molaye, Arvin Boolell et Pravind Jugnauth. L’électorat du No 11 a évolué de génération en génération. Les frères Bissoondoyal et les Bissoondoyalistes, y compris mon défunt père, ont mené des combats bien difficiles, surtout pour l’accès de tous à l’éducation. Les habitants ont lutté pour l’indépendance du pays et, après cela, nous avons assisté à un Shift de l’électorat bissoondoyaliste vers un électorat travailliste, puis avec le soulèvement syndical, vers le MMM, et, par la suite, il y a eu la création du MSM. Bref, tout cela pour vous dire que lorsqu’il a fallu prendre de grandes décisions pour le pays, nous l’avons fait, et ce, de manière juste et réfléchie.
Quand il a fallu prendre les décisions qu’il fallait, l’électorat a pris les choses en main. Le No 11 nepli enn sirkonskripsion kot met pie banann ou fix deposit. C’est un électorat patient, qui donne l’opportunité aux équipes de travailler, mais quand elles ne travaillent pas, c’est enn koudpie devire , comme ce que les travaillistes ont connu en 2014.
L’électorat du No 11 ne pardonnera pas, surtout si vous avez été malhonnête envers leurs enfants. C’est un électorat qui a mûri et qui fait preuve de grande intelligence. Dans tous les cas, je serai là pour continuer à aider cette grande famille, et qu’importe de qui il s’agit ou quel que soit son appartenance politique et ethnique !
Je saisis cette occasion pour remercier ma famille, mes amis à travers l’île et l’électorat du No 11. J’espère bien sûr gagner la confiance des habitants à travers leurs votes le 10 novembre pour un nouveau souffle…
Propos recueillis par KD
Qui est Krishna Molaye ?
Krishna Molaye est marié et est âgé de 47 ans. IT Consultant de profession, il détient une licence en Computer Science & Software Engineering de l’Informatics Academy of Singapore et de l’University of Cambridge. Il comptabilise 23 ans dans le secteur de l’informatique, ayant occupé plusieurs postes, dont Analyst Programmer, Senior Consultant, Project Leader et Managing Director. Philanthrope et travailleur social, il a œuvré au sein de club service, dont le Rotary Club.