Le Nomination Day à Montagne-Blanche/GRSE (No 10) s’est déroulé au Bel-Air Social Welfare Centre? Ça a démarré lentement, et les premiers candidats sont arrivés à partir de 10h. Deux jeunes du Parti République, nommément Prakash Juddoo (35 ans) et Yaaseen Noorbuccus (29 ans), ont été parmi les premiers à s’enregistrer, souhaitant tous deux que leur circonscription prenne un nouveau tournant. « Il manque cruellement de jeunes dans la politique du pays », a indiqué Prakash Juddoo.
Et de poursuivre : « Nous sommes des enfants de la circonscription. Nous sommes des jeunes dynamiques qui voulons travailler pour le peuple. Nous sensibilisons à travers les outils mis à notre disposition, notamment les réseaux sociaux et les différents exercices de porte-à-porte. Nous sommes très actifs et avides de faire progresser les choses. »
C’est vers 11h que les choses sérieuses allaient prendre forme avec l’arrivée des Orange de L’Alliance Lepep, emmenés par Vikram Hurdoyal. Entre 300 et 400 personnes s’étaient réunies pour soutenir l’ex-ministre de l’Agriculture qui était arrivé en tête de liste en 2019, et avait contribué à la défaite de Navin Ramgoolam. Accompagné de ses deux colistiers, Sameer Chitbahal et Viskesh Sohodeb, il a souhaité que tout se passe dans la discipline et sans anicroche.
L’Alliance du Changement s’est présentée à Bel-Air après 13h, une arrivée que l’on pourrait qualifier de spectaculaire, avec un des partisans aux avant-postes, à cheval, et les trois nouvelles têtes, Reza Saumtally, Chetan Baboolall et Avinash Ramtohul. Ces derniers ont d’ailleurs été portés par une sorte de char, dans un bateau (oui, vous avez bien entendu), en criant à gorge déployée « 3-0 piso ».
Ont suivi les éléments de Linion Reform, emmenés par l’un des nouveaux visages de la sphère politique, Deepak Buskalowa. Sans oublier un personnage folklorique, à savoir Sailesh Kumar Chuckowree (59 ans), dont le parti se nomme Citizens Power avec un chien pour emblème (lui qui a à cœur la cause des chiens errants). Il s’est fait remarquer aussi par son minivan recouvert pour l’occasion de divers autocollants.
La Nuisance Value dans cette circonscription n’est ni plus ni moins que Zahid Nazurally, le député sortant qui a démissionné du ML. Prônant la proximité, l’ex-Deputy Speaker est le trublion de cette joute puisqu’il a décidé de s’aligner en tant qu’indépendant.
La question était d’ailleurs sur toutes les lèvres. Est-ce que Zahid Nazurally allait se présenter au centre d’enregistrement de Bel-Air ? Il s’est présenté vers 13h30, tout de blanc vêtu, et a dit : « mo finn fer mo travay. Je me suis présenté ici à Bel-Air face à vous car j’ai pris l’engagement de travailler pour le pays. Mon engagement est avec le peuple mauricien et les habitants de cette circonscription » avant de se mettre un autocollant sur la bouche en signe de silence. C’est d’ailleurs son Chief Agent, Kaviraj Goorbin, qui a pris le relais, affirmant qu’une réunion se tiendra bientôt au quartier général de l’ancien Deputy Speaker à Mont-Ida.
Les ENJEUX
La révocation de Vikram Hurdoyal pèsera-t-elle ?
La joute électorale dans cette circonscription sera une des plus suivies, avec Vikram Hurdoyal en tant que porte-drapeau du MSM. L’ex-ministre de l’Agriculture était arrivé en tête de liste en 2019, et avait contribué à la défaite de Navin Ramgoolam. Il avait une avance de plus de 5 000 voix sur Navin Ramgoolam. Cet habitant de Trou-d’Eau-Douce avait d’ailleurs brigué les suffrages cinq ans plus tôt, en 2014, dans cette même circonscription en tant que candidat de la plateforme Réveil des Jeunes. Il avait alors obtenu la septième place, avec un score impressionnant de 9 775 voix.
Mais cette fois, Hurdoyal s’y présente dans un contexte particulier, ayant en effet été révoqué par Pravind Jugnauth alors qu’il était encore dans l’avion, le ramenant au pays. Jusqu’ici, ni le Premier ministre, ni le principal intéressé n’ont pu expliquer les raisons réelles de cette révocation… C’est d’ailleurs un des thèmes favoris de la campagne de l’opposition : pourquoi redonner un ticket a quelqu’un qui a été révoqué quelques mois plus tôt ? Autre fait majeur : le candidat qui avait été choisi par le MSM pour le représenter dans la partielle du 9 octobre, Avineshwar Dayal, ne fait plus partie de l’équation. Beaucoup s’interrogent sur cette absence pour le rendez-vous du 10 novembre. Certains affirment que c’est une condition imposée par Hurdoyal, qui a privilégié deux inconnus comme colistiers, au lieu du fils Dayal, qui lui aurait fait de l’ombre…
Il est accompagné de deux nouveaux visages sur la liste de l’Alliance Lepep : Sameer Chitbahal, expert-comptable, et le Dr Vikesh Sohodeb, dentiste réputé. En face, l’Alliance du Changement semble avoir fait table rase du passé en alignant trois nouvelles têtes : Reza Saumtally, Chetan Baboolall et Avinash Ramtohul. Il ne fait aucun doute qu’ils voudront surfer sur les affaires de mœurs colportées sur leur principal adversaire pour lui nuire durant la campagne.
Vikram Hurdoyal, L’Alliance Lepep :
« Je suis très calme et serein »
« Je me sens très bien ! Je suis très calme et serein. J’ai œuvré pour le bien-être de cette circonscription pendant plus d’une décennie. Je pense que le public est conscient que je suis quelqu’un qui a toujours tendu la main à ceux qui étaient dans le besoin. Je remercie tous mes partisans qui sont venus en grand nombre, et, plus important, qui ont agi de manière disciplinée et ordonnée par respect pour ceux qui prennent part aux examens de la PSAC. Laissons maintenant aux urnes la décision finale. »
Avinash Ramtohul, Alliance du Changement
« Enough is enough »
« Il est grand temps de passer à autre chose. Enough is enough. Ce présent gouvernement est en train de tout détruire sur son passage. L’heure est à la reconstruction, et moi et mes colistiers sommes là aujourd’hui (ndlr hier) pour apporter un souffle nouveau sur la circonscription numéro 10. Il est impératif qu’il y ait un grand ménage pour le suivi de nos enfants. Vot blok, 3-0 piso. »
Deepak Buskalowa,
Linion Reform
« Le peuple n’est pas dupe »
« Ce n’est un secret pour personne que ce pays va la dérive. Il est impératif qu’il y ait du changement. Nous incarnons, au sein de Linion Reform, un vent nouveau, avec mes colistiers Rahul Bhasin et Chris Philippe. Nous sommes sur le terrain depuis un an et nous avons demandé aux gens de nous faire confiance. Nous ne sommes pas là pour faire des promesses. Le peuple n’est pas dupe. Ce genre d’arguments de campagne ne marche plus. We must mean business. Nous sommes sérieux et nous avons un programme bien défini sur le long terme. »