MSAW : Controverse autour de l’allocation des terres aux ONG pour des refuges destinés aux chiens

À la veille des élections générales, la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) a lancé un appel à manifestation d’intérêt (expression of interest) aux Organisations non-gouvernementales (ONG) pour l’attribution des terres en vue de la création de refuges pour chiens. Les frais, travaux et responsabilités seraient à la charge de ces ONG. Les soumissionnaires étaient priés de manifester leur intérêt avant le 15 octobre. Un délai estimé trop court pour certaines ONG qui affirment faire déjà face à des défis financiers croissants et des cas de cruauté animale en constante augmentation.

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NouZanimo fait partie de ces associations quotidiennement sollicitées pour la prise en charge d’animaux blessés, maltraités, malades, abandonnés. Pour la présidente Audrey Hardy, “c’est déjà la croix et la bannière pour nous au sein de notre association. Nous sommes sollicités 24 heures sur 24 et fonctionnons au-delà de nos moyens. Il y a tellement à faire et nous avons peu de soutien. Il n’y a jamais eu autant de cas de cruauté et de négligence dans le pays. C’est de pire en pire !” Mais elle reste optimiste. “Une fois que les terrains ont été alloués, je suis certaine qu’on pourra soumettre des projets au gouvernement et au secteur privé pour pouvoir les réaliser. L’idéal serait que le gouvernement identifie des ONG sérieuses et responsables qui ont une activité importante pour allouer des terrains et refuges, et qu’il devienne partenaire avec ces dernieres en vue de s’attaquer au problème des chiens errants et abandonnés à Maurice. Sans ce partenariat, je vois difficilement comment les ONG pourront s’en sortir et faire un travail efficace.”
Usha Oodit Bawani, directrice du trust Pink Pony, affirme n’avoir été informée de cet appel à manifestation d’intérêt que tout récemment. Elle déplore le manque de communication de la MSAW et estime qu’il s’agit d’un “eyeswash” plus qu’autre chose. “Je ne l’ai appris que samedi et le deadline pour l’application était le lundi 15. Je ne comprends pas pourquoi les autorités concernées ne l’ont pas publié sur les réseaux sociaux, ni même à la radio. Pour moi, ce n’est qu’un eyeswash et rien d’autre. Je pense qu’ils sont nombreux à n’avoir pas pu faire l’application. C’est triste étant donné que beaucoup attendent d’avoir un terrain pour continuer d’œuvrer pour le bien-être animal. En tant que directrice d’un trust, je suis vraiment découragée. En plus, je ne trouve aucune logique dans le fait que le terrain est attribué aux ONG, mais que les coûts et responsabilités sont à leur charge. Pas de financement pour la construction du bâtiment, pas d’allocation mensuelle, rien. Il est déjà très difficile pour nous de fonctionner, nous devons sans cesse chercher des financements auprès des compagnies et le public. Si le gouvernement pouvait nous aider, cela nous soulagerait.”
Reda Chamroo, militant de la cause animale, se sent blasé. “Comment est-ce possible de penser que les ONG sont habilitées à garder les chiens errants à leur frais ? Pour moi, ce n’est qu’un jeu politique. Deux terrains avaient été identifiés dans le budget 2019, mais il n’y a pas eu de suite. Cette proposition réapparaît subitement, à la veille des élections. Tout porte à croire que cette manifestation d’intérêt a été taillée sur mesure pour des ONG proches du pouvoir, au détriment des autres.” L’activiste animaliste connu pour parler sans détour et sans ménagement, mais qui travaille sans relâche à l’amélioration du bien-être animal, ajoute qu’ “Aucune mention n’a été faite à ce sujet dans le budget. Rien n’a été prévu pour résoudre le problème de chiens errants. La situation est désespérante et empire d’année en année. Nous avons actuellement une population d’environ 300,000 chiens à Maurice. La MSAW n’a réalisé que 1,100 stérilisations durant ces trois dernières années. Ce qui signifie que ce problème va croître davantage. Il est urgent que des refuges sois créés comme dans les pays dits civilisés. Mais encore une fois, la MSAW n’a pas de vision, ni la volonté de mettre en place des projets réalisables et concrets.”

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