Les élections du 10 novembre s’annoncent uniques. Un tournant dans notre histoire. Le temps d’une rupture, pour reprendre la formule prisée et mise en avant par l’ancien Premier ministre et aspirant à le redevenir, le leader des Rouges, Navin Ramgoolam. Mais rupture avec quoi, au fait ?
Les citoyens qui se retrouvent davantage dans Rezistans ek Alternativ (ReA) aspirent à une révision en profondeur, d’une part de notre système électoral, qui a fait ses preuves. Un vent nouveau et frais est attendu. Et dans le même souffle sont aussi souhaités que de multiples aspects touchant à notre identité et notre vivre-ensemble soient consolidés.
Ces dernières années, le tissu déjà très ténu de notre société plurielle, de par sa multiculturalité, a subi de brutales agressions et a été, en de multiples occasions, très mis à mal. Au point où à la moindre étincelle, c’est quasiment l’embrasement assuré. Un grand nombre de Mauriciens nourrissent déjà de très grandes appréhensions de voir beaucoup de jeunes céder aux sirènes trompeuses de bonimenteurs en tous genres, quand ce ne sont pas des saints autoproclamés qui prônent un comportement se rapprochant plus des racistes que de leaders religieux instruits et érudits, cherchant à distiller des valeurs comme l’amour universel, la compréhension, la tolérance et le respect d’autrui !
Stabiliser notre roupie, dont la valeur fond comme neige au soleil, est la toute grande priorité, flanquée donc de cet urgent besoin de ramener l’harmonie nationale autour d’une identité bâtie sur notre richesse ancestrale, et qui représentent les plus grands défis qui attendant ceux qui vont s’affronter le 10 novembre. En campagne ces jours-ci, pourtant rares sont ceux qui dérogent aux sempiternels « nou pou sanz ou lavi » sans grand projet attaché !
Dure règle de la real politik, diront certains. Et justement, ne serait-il pas grand temps de donner un sérieux coup de neuf à ces règles sacro-saintes, immuables depuis (trop) de décennies. Pourquoi ne pas tenter le risque, d’ailleurs ? N’y avons-nous pas tout à gagner ? Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Au pire, peut-être qu’une grande majorité (re)découvriront une vraie passion et amitié pour les uns et les autres ?
Rupture implique courage, l’audace de la prise de risques, calculés, et qui se déclinent par rapport à nos vécus, nos partages et nos aspirations, avec pour moteur principal notre destin commun. Nous vivons ensemble sur ce lopin de terre, alors autant vivre bien et dans le respect de tout un chacun. Les leaders politiques sont-ils prêts à jouer franc jeu ?
La posture adoptée par Xavier-Luc Duval, longtemps applaudi et salué comme un leader de l’opposition qui s’est démarqué par son sérieux, quand il a ravalé ses reproches pour s’installer auprès de ceux-là même qu’il démolissait semaine après semaine, n’a pas fini de choquer et faire réfléchir. À quel point nos politiques sont-ils obnubilés par le pouvoir ?
Rompre de tous ces clichés qui font plus de tort qu’autre chose pour construire un avenir nouveau, fondé sur des idéaux, des valeurs et des principes : c’est ce que souhaite une large frange de citoyens. Faire le bon choix, qui sera décisif surtout pour nos enfants, voilà ce qui nous attend.
Une rupture a aussi été causée sur l’échiquier mondial, avec l’élimination de Yahya Sinwar, jusque-là homme fort du Hamas. Les assassinats successifs de plusieurs meneurs de mouvements terroristes islamistes sont l’argument majeur brandi par Benjamin Netanyahou, le shérif autoproclamé qui s’est donné pour mission de débarrasser le globe des terroristes islamistes et fanatiques, et qui, pour ce faire, massacre, tue, mutile et torture enfants, femmes et vieilles personnes. Toutes les excuses sont bonnes pour arriver à ses fins !
Les scènes de liesse populaires dans les rues d’Israël à l’annonce de l’exécution de Yahya Sinwar donnent froid dans le dos. Ce n’est pas parce que certains Occidentaux refusent de voir les crimes contre l’humanité perpétrés depuis plus de 75 ans en Palestine par le régime sioniste, parce qu’ils préfèrent y voir uniquement l’aspect de chasse au terrorisme, qu’il faut pour autant devenir à ce point insensible aux massacres quotidiens d’enfants innocents et sans défense, non ?
Husna Ramjanally