Alliance du changement — Navin Ramgoolam : « Il (Pravind Jugnauth) n’a pas réalisé que les Anglais l’ont roulé dans la farine ! »

Deux sujets majeurs de l’actualité étaient à l’agenda de l’Alliance du changement, lors de sa conférence de presse, hier matin : la dissolution du Parlement et les Chagos. La question de la place de Rezistans ek Alternativ (ReA) au sein de cette alliance a aussi été évoquée. Malgré la progression de l’accord entre le parti d’Ashok Subron et les dirigeants de l’alliance, un « macadam », a dit Navin Ramgoolam (leader du PTr), fait toujours obstacle à une issue positive. Alors que l’Alliance du changement a quasiment finalisé la liste de ses candidats, mercredi prochain devrait être décisif sur l’avenir de ReA aux côtés du trio PTr/MMM/ND. Entretemps, suite au rapport du commissaire électoral, les dirigeants de l’Alliance du changement ont demandé un rendez-vous avec le bureau de la commission électorale au plus tôt.

« Enfin ! », s’est exclamé, à plusieurs reprises, Navin Ramgoolam pour exprimer le soulagement ressenti par la population, selon lui, après l’annonce de la dissolution du Parlement par le Premier ministre sortant Pravind Jugnauth, vendredi dernier. « Anfin, nou konn dat delivrans ! Enfin, le règne de la terreur, du népotisme et des scandales prendra fin. Le compte à rebours sonnant la fin de règne de Pravind Jugnauth a commencé », lançait Navin Ramgoolam. Il se dit certain que le choix des Mauriciens, entre « une équipe de mafieux et une équipe prête à donner un nouveau départ au pays », le jour du suffrage, sera clair. Le leader de l’Alliance du changement a fait ressortir que Pravind Jugnauth n’est pas un homme de parole. « Il avait maintenu que l’élection partielle (ndlr : Montagne Blanche/GRSE) aura lieu. Ankor enn fwa li pa fer seki li dir li pou fer », relève Navin Ramgoolam. Il a indiqué que dans le camp du MSM, c’est « le pouvoir de l’argent et de l’abus des institutions » qui sera privilégié. Mais le vrai pouvoir, a-t-il précisé, « est entre les mains » des Mauriciens. Il leur a demandé d’utiliser leur vote « pou dir non sa bann klik mafiozi-la. »

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Campagne propre

Dans un véritable plaidoyer pour dire la nécessité d’un changement de régime, Navin Ramgoolam a affirmé que les Mauriciens méritent mieux qu’un gouvernement MSM. Et c’est dans cette optique que l’Alliance du changement, a-t-il indiqué, présentera l’équipe qui briguera les élections générales le 10 novembre. L’Alliance du changement a formulé le souhait d’une campagne propre sans violence et des élections libres et équitables. Pour cause, Navin Ramgoolam a confié qu’il n’a pas confiance dans les adversaires directs de l’alliance du Changement : « Nou konn metod MSM : money politics, servi terer avek bann taper. » La MBC, a-t-il souligné, a une obligation légale d’assurer une couverture juste et impartiale pendant la campagne. Et d’ajouter que le commissaire de police a également l’obligation, conformément à ses prérogatives, de faire en sorte que l’ordre règne pendant cette période électorale. Exprimant ses craintes sur la campagne « zet labou » que lui réserve Pravind Jugnauth, l’ex-PM estime que ce dernier n’hésitera pas à utiliser l’intelligence artificielle pour imiter sa voix et celle de son partenaire en alliance et leader du MMM, Paul Bérenger. C’est dans la sérénité, a-t-il dit, que l’Alliance du changement veut donner un nouveau souffle au pays et aux Mauriciens. « Nou le merit zot konfians », déclare Navin Ramgoolam. « Pa diviz vot, vot blok », demande-t-il aux électeurs.

Meetings décuplés

Abondant dans le même sens que Navin Ramgoolam sur les points évoqués plus haut, le leader du MMM, Paul Bérenger a précisé que la dissolution du Parlement va « accélérer les activités » politiques de l’alliance PTr/MMM/ND. La fréquence des réunions et meetings sera revue. « Le meeting que nous avions prévu à Saint Pierre se fera plus vite que prévu et nous allons les multiplier dans les quatre coins de l’île », a indiqué Paul Bérenger. Ce dernier – qui a également lancé un appel aux partisans de l’alliance pour donner un coup de main, afin de maintenir le calme pendant la campagne – a demandé au commissaire de police de respecter la Police Act. « Fer atansion fos sondaz ek fake news », a-t-il prévenu en direction de la population.

Accord en catimini

Commentant la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur les Chagos par la Grande Bretagne, le leader de l’Alliance du changement concède : « Li bon ki Angle ek Ameriken inn anfin rekonet nou souverennte lor Chagos. » Cependant, dit-il, Pravind « pe tap lestoma koumadir se ki finn arive se enn gran viktwar. Il cherche comme toujours à reécrire l’histoire. Li pe rod tir dra lor li. Mais il est tellement naïf qu’il n’a pas réalisé que les Anglais l’ont roulé dans la farine ! » Navin Ramgoolam s’explique en se basant, dit-il, sur des lois internationales qu’il n’a jamais vu deux pays signer un accord « politique en catimini et dans l’opacité à la veille des élections générales. » Et d’ajouter : » Pire encore, l’envoyé spécial Jonathan Powell de sir Keir Starmer et le ministre des Affaires étrangères (David) Lammy, ont dit qu’ils ont voulu signer cet accord politique parce que les élections générales sont imminentes. Ou kone ki sa ve dir sa? Venant des Anglais, cela ne me surprend pas. Mais c’est scandaleux ! Cela va à l’encontre de toutes les règles et conventions de la diplomatie internationale. C’est du jamais vu ! C’est impardonable ! » Les Anglais, indique-t-il, « étaient dans une position légale précaire après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice. Ils ont bien vu qu’ils avaient en face d’eux enn baba dan politik, desespéré, et qui veut rester au pouvoir. Ils ont, donc, cédé la souveraineté des îles à Maurice. Et Pravind Jugnauth à son tour leur cède un bail de 99 ans, renouvelable, pour rester sur Diego Garcia. »

Pour Navin Ramgoolam, il ne fait aucun doute que le PM sortant a fait un « sell out » de Diego Garcia et a rendu « légal ce que la Cour internationale de Justice a jugé illégal. » Les grands gagnants dans cette affaire, relève-t-il, sont les Anglais et les Américains. Pravind Jugnauth, selon Navin Ramgoolam « a réduit un combat mené pendant des décennies à néant. » Et il qualifie la démarche de Pravind Jugnauth d’ « un acte de haute trahison. »

Complicité honteuse

Sur ce chapitre, Paul Bérenger, qui parle « d’un moment important », se dit fier que le MMM ait commencé le combat pour la souverainté de Maurice sur les Chagos, y compris Diego Garcia, dès le début des années 1970. Il a souligné que le PTr a aussi joué un grand rôle dans cette même revendication. « Durant la lutte que nous avions menée, nous n’avions jamais oublié les Chagossiens qui ont été doublement victimes dans cette histoire. Angle finn inpoz lindepandans lor zot ledo. Ils ont été des victimes de l’Indépendance de Maurice. Et victimes de l’État d’urgence à Maurice en 1972. » Concernant le récent accord entre Maurice et la Grande-Bretagne, Paul Bérenger insiste sur un fait : « Il s’agit d’un accord verbal avec beaucoup de bla-bla-bla. Cet accord doit déboucher sur un traité. Mais les Anglais veulent imposer la finalité de ce traité avec le gouvernement actuel, alors que le Parlement a été dissout. » Il fait une mise en garde : « Pena drwa sa! Pour des raisons légales et morales, il faut attendre que le prochain gouvernement soit en place pour finaliser un traité. Mais pour nous, il n’y aura pas de compromis sur la souveraineté de Diego Garcia. Pa vinn invant bann trik kouma zot ti fer ar Chypre ! » Ce sera au prochain gouvernement de discuter du Index Annual Payment et de la garantie de grants qui découlent de la reconnaissance de la souverainteté de Maurice sur les Chagos. Dans le même élan, il a dénoncé la « complicité honteuse » entre les Britanniques et les Américains. D’autre part, en réponse à une question de la presse, Paul Bérenger dira « plaider coupable » pour n’avoir pas amendé la loi lorsqu’il était au pouvoir pour que tout traité international soit d’abord présenté au Parlement, avant une signature.

De son côté, Richard Duval des Nouveaux Démocrates a évoqué le vent de changement qui se fait sentir depuis vendredi. Il a rappelé que les cinq années passées sous le règne du MSM n’ont pas été faciles pour faire de la politique. Il est d’avis que l’« engouement général » pour l’alliance PTr/MMM/ND démontre que celle-ci est solide et crédible. Richard Duval a également donné le calendrier des activités pour commémorer l’anniversaire de sir Gaëtan Duval, le 9 octobre. Un dépôt de gerbes est prévu au cimetière de Saint Jean, à 15h, suivi d’un rassemblement à la chapelle d’Eau-Coulée à 16h, avant de converger vers la municipalité de Curepipe.

 

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