Cassam Uteem : « Maurice est en train de reperdre une partie des Chagos ! »

« Lors de la séance plénière de l’assemblée générale des Nations Unies qui a eu lieu le 22 mai 2019, une résolution a été votée. Elle demandait à la Grande-Bretagne de mettre fin à son administration coloniale de l’archipel des Chagos « unconditionnaly » et dans un délai de six mois afin que la République de Maurice puisse compléter la décolonisation de son territoire. Au lieu de mettre en pratique la résolution des Nations-Unies, la Grande-Bretagne a entamé des négociations avec Maurice sur les « conditions » pour retourner l’archipel des Chagos sous la souveraineté mauricienne. On est ainsi passé de l’ « unconditionnaly » de la résolution des Nations-Unies au « conditionnaly » des négociations bilatérales, un peu comme pour l’indépendance. Il faut rappeler que l’indépendance de Maurice a été obtenue contre le détachement de l’archipel des Chagos du territoire mauricien. Les leaders politiques qui étaient allés négocier l’indépendance à Londres ont toujours dit qu’ils avaient été obligés d’accepter la condition de la Grande-Bretagne – le détachement des Chagos du territoire mauricien « le couteau sous la gorge. »
Au cours des récentes négociations entre Londres et Port-Louis, le gouvernement mauricien a « volontairement accepté » de céder ses droits sur Diego Garcia pour 99 ans afin que les États-Unis continuent à l’utiliser comme base militaire. En 1967, les leaders politiques mauriciens ont dû céder l’archipel des Chagos aux Britanniques sous la contrainte. 56 ans plus tard, le gouvernement mauricien en place a accepté « volontairement » de céder ses droits sur Diego Garcia au gouvernement britannique. En acceptant les termes de cet accord, Maurice s’est, de facto, retiré du groupe des pays non-alignés pour se ranger dans le camp des États-Unis et de ses alliés occidentaux, dont Israël. Maurice est en train de reperdre — cette fois-ci avec le plein accord du gouvernement mauricien — une partie des Chagos. Au lieu de retrouver son entière souveraineté sur l’ensemble de l’archipel des Chagos, Maurice est en train d’en offrir une partie importante aux États-Unis à travers la Grande-Bretagne en échange de ce qu’il faut bien qualifier de « blood money » puisque l’on sait à quoi sert la base militaire américaine !
La seule consolation de cet accord, si l’on peut dire, réside dans le fait que les Chagossiens auront le droit de retourner dans leurs îles natales. J’espère que ceux qui le souhaitent pourront le faire le plus tôt possible. »

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