Âgée de 27 ans, Chitra Gomanee a participé du 18 au 21 septembre 2024 au prestigieux One Young World Summit 2024, à Montréal, Canada. Ce Sommet mondial a rassemblé plus de 2 000 jeunes leaders de plus de 190 pays, offrant une plateforme de dialogue sur certains des problèmes les plus urgents du monde. Étant la seule représentante de Maurice, Chitra Gomanee raconte que sa participation était importante, car elle a pu mettre en lumière le travail et les contributions importantes de la jeunesse mauricienne dans les forums internationaux. Le One Young World Summit est réputé pour ses intervenants de haut niveau, notamment des dirigeants mondiaux, des PDG et des militants, et pour sa mission de donner aux jeunes les moyens de créer des changements positifs dans le monde entier.
Chitra Gomanee, d’abord parlez-nous de votre parcours professionnel ?
J’ai 27 ans et je suis une jeune professionnelle dynamique et un leader communautaire. Je travaille comme Assistant Business Manager chez Absa Bank (Mauritius) Ltd, où je suis employée depuis que j’ai 19 ans. J’ai obtenu mon baccalauréat en comptabilité avec mention honorable. Je détiens aussi une maîtrise en finance, obtenue avec mention en 2021. Durant mon parcours académique, j’ai également
excellé dans l’art oratoire en représentant mon université dans des compétitions majeures telles que le débat de l’ICAC, la compétition Oracle Pitching et le CFA Research Challenge, où j’ai décroché le prix de première finaliste.
Vous avez fait le déplacement au Canada pour participer au One Young World Summit 2024. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cet événement ?
Le One Young World Summit 2024 est une plateforme mondiale où plus de 2 000 jeunes leaders de 190 pays se rassemblent pour aborder certaines des problématiques mondiales les plus pressantes.
Ce n’est pas seulement une conférence, c’est un mouvement qui donne aux jeunes le pouvoir de prendre des mesures concrètes pour créer un avenir meilleur. L’événement est ponctué de discours inspirants, d’ateliers interactifs et de sessions de travail en groupe qui favorisent la collaboration entre les participants. Il offre également une opportunité rare aux jeunes acteurs du changement d’apprendre de leaders mondiaux influents, de penseurs et d’experts de l’industrie.
Cette année, nous avons discuté de questions mondiales clés liées au changement climatique, à la paix et la sécurité, l’éducation et l’entrepreneuriat des jeunes. L’une des particularités de ce sommet est qu’il ne se contente pas de souligner les défis, mais met également en avant des solutions pratiques que nous, en tant que jeunes leaders, pouvons ramener dans nos pays respectifs. Comme l’a dit un intervenant : « Le monde est notre huître, et ce qui commence ici change le monde. » Cet esprit d’optimisme et de collaboration est ce qui distingue cet événement.
Sur quels critères, avez-vous représenté Maurice ? Étiez-vous la seule représentante de votre île sur cette plateforme ?
J’ai été honorée de représenter Maurice au One Young World Summit en tant que déléguée d’Absa Mauritius, qui m’a sélectionnée, en raison de mon engagement dans le service communautaire et de mon rôle d’agent de changement. Le processus de sélection était compétitif, et j’ai été choisie pour mon dévouement à des projets comme Vilaz Soley, des projets communautaires hebdomadaires ainsi que mon travail sur l’alphabétisation des adultes.
Ces projets reflètent mon engagement profond envers l’autonomisation des jeunes et des femmes, ce qui correspond parfaitement aux valeurs de One Young World. Bien que je sois la seule déléguée venue directement de Maurice, il y a d’autres Mauriciens vivant à l’étranger qui ont également participé. Représenter mon île sur cette scène mondiale est à la fois un privilège et une responsabilité, notamment en soulignant comment les jeunes dirigeants de petites nations insulaires comme l’île Maurice influencent les discussions mondiales.
Je porte en moi les rêves et les espoirs des personnes avec lesquelles j’ai travaillé dont les enfants de Vilaz Soley, qui incarnent l’avenir, et les femmes âgées de Saint-Hubert qui m’ont appris que l’apprentissage n’a pas de limite d’âge.
C’est précisément votre engagement envers le service communautaire qui vous a menée vers des plateformes internationales. En quoi cela a changé votre perception de la vie ?
J’ai été sélectionnée comme étant l’unique déléguée jeunesse mauricienne du Global Shapers Community (Port Louis Hub) pour participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos, en 2023. J’ai aussi pris part à l’Assemblée sur le climat en Afrique 2023, au Kenya, ainsi qu’à la huitième conférence africaine sur la jeunesse et le développement au Cap Vert en 2022.
Ces opportunités m’ont permis de partager des idées, de collaborer avec des leaders mondiaux et d’acquérir des connaissances précieuses sur des questions comme le changement climatique, le développement de la jeunesse et l’autonomisation des femmes. Je suis également ceinture marron en karaté kyokushinryu et j’ai été présidente du club Aurora Toastmasters, où j’ai perfectionné mes compétences en leadership et en art oratoire.
En plus de mon rôle en entreprise, je me suis engagée dans des causes sociales, en particulier l’autonomisation des jeunes et des femmes. Mon parcours dans le service communautaire a commencé à 17 ans avec des organisations comme Volunteer Mauritius, le Rotaract Club, Lions Club, Global Shapers Community, ainsi qu’avec mon rôle d’ambassadrice jeunesse à la délégation de l’Union européenne à Maurice où j’ai trouvé ma vocation à servir les autres.
Vous avez à la fois dirigé et participé à de nombreuses initiatives visant à améliorer les vies, notamment à travers l’éducation. Quelle est votre plus grande fierté actuellement ?
L’une de mes plus grandes fiertés est d’avoir cofondé Vilaz Soley, un projet qui dote les enfants et adolescents de compétences créatives en résolution de problèmes par l’apprentissage, par l’activité, en favorisant l’inclusion parmi des milieux divers. Avec les membres de mon club, j’ai également travaillé à l’autonomisation des femmes âgées à travers des cours d’alphabétisation pour adultes, une initiative qui me tient particulièrement à cœur en tant que présidente du Rotaract Club de Rose-Belle pour l’année 2024/2025.
Je reste déterminée à conduire des projets impactants et à laisser le monde, comme je le dis souvent, « meilleur que je ne l’ai trouvé ».
Comment cet événement a-t-il changé votre vie ?Avez-vous ce sentiment de vous être engagée pour une cause noble, ou cela reste une participation ?
Le One Young World Summit est une expérience qui change la vie à bien des égards. Être entourée de personnes partageant les mêmes idées, qui sont tout aussi passionnées par l’idée de rendre le monde meilleur, renforce mon sens du but. Il ne s’agit pas seulement d’assister à des ateliers ou d’écouter des discours inspirants, il s’agit de traduire ce que nous apprenons en actions concrètes. Ce sommet offre une occasion inestimable de dialoguer avec des leaders mondiaux, de réseauter avec des pairs et d’acquérir des idées sur des solutions innovantes que je peux appliquer à mes propres projets à Maurice. Bien que je n’aie pas été sélectionnée pour parler sur la scène principale cette année, ma participation va au-delà de la simple présence.
Les idées et les stratégies que j’ai recueillies ici alimenteront mes efforts de plaidoyer pour des causes qui me tiennent à cœur, comme l’autonomisation des jeunes, l’éducation et la durabilité. Un de mes objectifs principaux est de ramener les leçons de ce sommet à la maison et de les intégrer dans le travail en cours que je fais à travers Vilaz Soley, Rotaract et Absa. Comme nous aimons le dire à One Young World : « Le leadership, ce n’est pas être responsable, c’est prendre soin de ceux dont on a la charge. »
Deux mille jeunes de 190 pays se sont réunis au One Young World Summit 2024. Avez- vous noué des amitiés ? Et surtout parlez-nous des orateurs qui sont intervenus à ce sommet…
Absolument ! L’un des aspects les plus enrichissants du sommet est de rencontrer des personnes de divers horizons et d’entendre parler du travail incroyable qu’elles accomplissent dans leurs pays respectifs. Qu’il s’agisse d’activistes pour le climat ou d’entrepreneurs sociaux, chacun apporte quelque chose d’unique, et c’est à la fois humble et inspirant d’être parmi eux. Les amitiés et les connexions que j’ai nouées ici sont inestimables, et elles me rappellent que nous faisons tous partie d’un mouvement plus large qui œuvre pour un monde meilleur.
Quant aux orateurs, la liste est extraordinaire. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, Jane Goodall, une figure légendaire de la conservation de la faune, qui a parlé de notre responsabilité collective de protéger la planète. Megan Gilgan, de l’Unicef, a délivré un message puissant sur la nécessité d’une éducation de qualité pour tous les enfants, en insistant sur le fait que chaque enfant doit savoir que quelqu’un croit en lui et qu’il appartient à une société. J’ai également eu le privilège d’assister à des sessions avec Chido Mpemba de l’Union africaine, qui a souligné le rôle des jeunes dans la création de solutions entrepreneuriales à la crise climatique. Ces intervenants ne sont pas seulement inspirants, ils nous poussent à réfléchir profondément à notre rôle dans la résolution des défis mondiaux.
Quelle est la personnalité sur cette plateforme qui vous a le plus inspirée ?
Jane Goodall est une personne que j’admire depuis longtemps. Son engagement inlassable pour la conservation et sa capacité à inspirer le changement par l’action et les mots sont extraordinaires. L’entendre parler en personne est un rêve devenu réalité. Elle a bien fait ressortir que : « Malgré notre intelligence, nous sommes en train de détruire notre maison. » Cette déclaration m’a profondément touchée, surtout que je travaille pour un développement durable dans ma communauté à travers des projets écologiques au Rotaract Club de Rose-Belle.
Quels ont été les principaux sujets de discussion au
One Young World Summit 2024 ?
Les débats étaient axés sur les défis mondiaux les plus urgents comme le changement climatique, la consolidation de la paix, l’entrepreneuriat des jeunes et la réforme de l’éducation. J’ai été particulièrement sensible aux sessions axées sur les emplois verts et le développement durable, qui s’alignent sur mes objectifs de créer des initiatives respectueuses de l’environnement à Maurice. À titre d’exemple, j’ai assisté à une séance sur l’énergie renouvelable dans les pays à faible revenu, où l’on a discuté de la manière dont l’agriculture régénératrice et la décarbonisation peuvent créer des emplois durables à long terme. Cela correspond parfaitement à ma vision d’intégrer la conscience environnementale dans les projets que je dirige chez moi.
Propos recueillis par Corinne Maunick