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Risques naturels : Vallée des Prêtres, zone inondable négligée

Vallée des Prêtres, sis dans le nord de la capitale, fait face à des accumulations d’eau de grande envergure pendant la saison des pluies, mais le problème s’est amplifié au fil du temps avec le développement immobilier qui implique l’aménagement d’un système de drain sans faille et d’un nouveau pont. Les trois flash floods qui ont ébranlé le quartier le 13 mars 2022, le 15 janvier et 21 avril et 2024 n’ont pas servi de piqûre de rappel pour les autorités qui, malgré le lancement ce mois-ci du projet d’élargissement et de réfection du pont désuet Bernardin de Saint-Pierre, longeant un cours d’eau (Latanier Rivulet), sur la route principale (voir plus loin), ne sont pas parvenus à répondre aux attentes des riverains, qui remuent ciel et terre pour que la mairie procède à l’excavation dudit cours d’eau. Il consiste à extraire de son lit les sédiments (pierres et boues, etc.) accumulés qui peuvent, dans certains cas, représenter un risque pour son écoulement naturel lors des flash floods.

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Des maisons envahies par la boue. Dans la rue, les gens avaient de l’eau jusqu’aux épaules, alors qu’une dizaine de voitures ont été endommagées. Sans la solidarité sans faille des riverains ce jour-là, les choses auraient pu tourner au vinaigre, quand bien même la montée des eaux a créé des dégâts considérables chez plusieurs familles abîmant leurs meubles. Cela s’est passé le 13 mars 2022. Le constat post-inondation faisait peine à voir à Vallée des Prêtres, sérieusement touché par les fortes pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions de Maurice depuis 13h. La même année, on apprend que la Land Drainage Authority (LDA) avait publié une liste des 306 zones inondables classées sur une échelle de 1 à 5, dont 62 à haut risque. Le quartier de Vallée des Prêtres figure sur l’échelle 5.
Une première explication se trouve dans les facteurs suivants : pont désuet, cours d’eau truffés de sédiments, imperméabilisation importante des sols, un mauvais drainage des eaux pluviales, un territoire mal préparé et une population insuffisamment informée et formée. Les drains sont souvent bouchés ou insuffisamment dimensionnés, quand ils ne sont pas tout simplement absents. Les travaux de construction de drains, pourtant annoncés en grande pompe lors des derniers exercices budgétaires, sont reportés aux calendes grecques. Selon le rapport de l’Audit, 17 projets de construction de drains sont au design stage et Vallée-des-Prêtres en fait partie !
À force de faire l’autruche…
À force de faire l’autruche, les politiques découvrent l’étendue des dégâts que peuvent causer des retards dans l’implémentation de systèmes de drainage dignes de ce nom, lorsque le 15 janvier 2024, suite au passage du cyclone Belal. Vallée des Prêtres se retrouve à genoux, sous l’eau. De fâcheux événements qui se sont répétés le 21 avril 2024, après les déluges de pluie qui se sont abattus sur la capitale. C’est du côté des morcellements Agnis et Ramlugun où les dégâts ont été les plus considérables. Des flash floods ont attaqué ces zones soudainement, presque comme un tsunami. Une dizaine de maisons qui y sont situées ont été envahies par les eaux boueuses. Cinq mois plus tard, deux maisons, longeant le cours d’eau truffé de sédiments, sont sous la menace directe d’un éventuel écroulement.
Face à ce problème récurrent et au spectre du changement climatique, augmentant la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, les riverains disent vivre en permanence dans la crainte d’une nouvelle catastrophe. D’où l’urgence, selon eux, de « nettoyer et approfondir le cours d’eau en question (Latanier Rivulet), à partir de l’enlèvement de roches et de sédiments et augmenter la profondeur d’un canal navigable ou d’une rivière, afin d’augmenter la capacité de transport de l’eau et empêcher les inondations en aval. »
Si voir des pelleteuses à l’œuvre dans les cours d’eau à risque rassure généralement la population, l’excavation préventive des sédiments accumulés au fond d’un cours d’eau, est-elle réellement efficace pour prévenir les inondations ? Le député et ingénieur civil Osman Mahomed répond par l’affirmative : « Le Latanier Rivulet de Vallée des Prêtres est une petite rivière dépourvue d’eau, sauf lors des grosses averses. On aurait utilisé le terme dragage au cas contraire. L’objectif derrière l’excavation est généralement d’abaisser le niveau de la rivière, en enlevant les sédiments, afin d’éviter les crues. Mais attention ! Des interventions à répétition peuvent également impacter le fonctionnement naturel de la rivière et provoquer un déséquilibre sédimentaire et déstabiliser les structures existantes autour. »

 

Démolition du pont Bernardin de Saint-Pierre : La déviation (5 km) de la discorde
Le projet d’élargissement et de réfection du pont désuet Bernardin de Saint-Pierre, sur la route principale de Vallée des Prêtres, est enfin sorti du tiroir des dossiers fantômes. « Ça fait des lustres qu’on attend une telle démarche, mais il y a un hic », confie un habitant. Là où le bât blesse, dit-il, demeure le fait que « lorsque la structure sera démolie, les riverains devront faire un détour de 5 km par les régions de Chitrakoot et Caroline, pour se rendre dans la capitale et vice versa. » La Road Development Authority (RDA) et la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU) ont opposé un fin de non-recevoir à la proposition des habitants to « erect a temporary road of approximately 100m aside the bridge to ease our daily life… »
Ce long détour de 5 km, en direction de Port-Louis, via une chaussée longeant une chaîne de montagnes, risque de ne pas être sans conséquence pour les usagers, d’autant que les travaux risquent de durer un peu plus de six mois. « Not all vehicles will be able to take an uphill road of a gradient 1h40 on a daily basis for a period of 6 months. School vans do not want to take this route, by thus they will claim more fees and we, parents will no feel safe for our children since this route is a prone accident area », confie un riverain. Le lancement d’un service de bus shuttle, annoncé par les autorités, n’a pas désamorcé la polémique.
Affaire à suivre…

 

Construction d’un barrage au Ruisseau du Pouce — Osman Mahomed : « Des anomalies préoccupantes »

Osman Mahomed soutient avoir relevé « des anomalies très préoccupantes » après une visite qu’il a effectuée à la suite d’une requête des opérateurs du quartier, sur le site de construction d’un barrage en béton au Ruisseau du Pouce, sur la partie longeant la rue Lavoker. « Je suis intervenu après avoir écouté les doléances par rapport au niveau d’eau en temps de grosses pluies qui sera plus haut que le mur qui est actuellement en construction. Du coup, si des mesures correctives ne sont pas apportées par la NDU et son contracteur, EDCC Ltd, la masse d’eau émanant de la rue Lavoker se déversera sur la rue Poudrière, qui demeure l’une des zones les plus vulnérables aux inondations », dit-il.
Le député et ingénieur civil a adressé une correspondance en ce sens à la PPS Sandra Mayotte pour attirer son attention sur ce qu’il a observé. Sandra Mayotte est intervenue sur une radio privée cette semaine. Elle souligne que « le gouvernement surveille activement les travaux effectués par la NDU, assurant que ceux-ci respectent les normes requises. Les efforts se poursuivent pour garantir la conformité des constructions tout en favorisant le dialogue avec les citoyens concernés. » Réplique d’Osman Mahomed : « Je maintiens mes observations et c’est maintenant aux techniciens de la NDU d’entreprendre les relevés de niveau nécessaires. Il faut éviter que l’argent du contribuable ne soit balancé par les fenêtres. »

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