Transition climatique : Vers une stratégie d’intégration de Maurice aux marchés carbone

L’importance de capitaliser sur les marchés carbone ea été mse en exergue comme une des stratégies retenue pour assurer le financement de cette transition. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée « Évaluation du potentiel des marchés internationaux du carbone et recommandations de mise en œuvre pour Maurice », élaborée par les cabinets Cibola Partners et Evolution Markets et présentée le 10 septembre, à un parterre, réunissant des représentants des pouvoirs publics, du secteur privé et de la société civile.

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L’étude souligne qu’une intégration aux marchés carbone permettrait au pays d’utiliser la réduction ou la séquestration d’émissions comme source d’investissements directs étrangers, tout en créant des impacts positifs pour l’environnement et les communautés locales. Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, est d’avis que « les résultats de cette étude sont utiles pour faciliter nos travaux d’élaboration d’une stratégie nationale ambitieuse. La prochaine conférence mondiale sur le climat (ndlr. COP29), organisée à Bakou du 11 au 24 novembre prochain, devrait déboucher sur l’établissement définitif des règles de l’Article 6 de l’Accord de Paris. Il nous appartient d’exploiter au mieux les opportunités qu’offrent ces règles et plus largement les marchés carbone. »

Le CEO de Business Mauritius a aussi souligné que les recommandations devront alimenter les réflexions et les échanges entre différents acteurs sur ce sujet afin de concrétiser une stratégie nationale vers l’intégration de ces marchés. Une telle stratégie prendrait en compte également le renforcement des capacités institutionnelles à Maurice ainsi que le cadre juridique nécessaire pour faciliter la participation du secteur privé.

L’étude, infique que pour maximiser les revenus issus des crédits carbone, les secteurs prioritaires incluent les énergies renouvelables, l’agriculture durable, la gestion des déchets et le carbone bleu. Au cœur de ce rapport figurent des recommandations clés pour relever les défis et bénéficier des opportunités, dont la mise en œuvre pourrait positionner Maurice comme un acteur dans le domaine du carbone, tout en suivant l’exemple de certains pays africains ayant déjà pris des mesures significatives pour participer aux marchés du carbone conformément à l’Article 6. Par exemple, le Ghana a signé un accord bilatéral avec la Suisse, lancé lors de la COP27, qui se concentre sur le transfert des Internationally Transferred Mitigation Outcomes (ITMOs) dans le cadre d’une initiative de réduction des émissions de carbone.

Pour la msie en œuvre de cette stratégie, Maurice pourra s’appuyer sur ses partenaires traditionnels, dont l’Union européenne et l’Agence Française de Développement (AFD). Lors de la présentation de l’étude, les représentants de ces institutions ont réaffirmé leur engagement à accompagner Maurice dans cette transition.

Florence Van Houtte, Team Leader de la Coopération au sein de la Délégation de l’Union européenne, a avancé que l’UE a été pionnière dans la création de nouveaux modèles de financement de l’action climatique, notamment avec la mise en place du Système d’Échange des Droits d’Émission de Carbone (ETS) en 2005. Ce mécanisme a instauré un prix pour les émissions de carbone, responsabilisant directement le secteur privé tout en encourageant l’innovation.

Florence Van Houtte a ajouté que l’UE collabore déjà avec le gouvernement mauricien à travers de l’assistance technique notamment pour la comptabilisation du carbone forestier à Maurice afin d’avoir une base de référence. Cette démarche est essentielle pour mesurer et suivre les émissions ainsi que les efforts de capture du carbone, en particulier dans le secteur de l’utilisation des terres et des forêts. Elle permettra à Maurice de mieux quantifier son potentiel de séquestration de carbone, tout en facilitant la mise en œuvre de projets conformes aux mécanismes de l’Accord de Paris.

Mathieu Thenaisie, directeur adjoint de l’Agence française de développement (AFD) pour Maurice et les Seychelles, indique que « Maurice est historiquement engagée dans les accords internationaux sur le Climat, directement fondés sur la conscience collective d’une vulnérabilité au changement climatique accrue par le contexte insulaire, qui l’amène naturellement à investiguer, et éventuellement activer, tous les leviers possibles, y compris financiers, pour atteindre ses objectifs climatiques ».

« L’AFD est déterminée à accompagner ses partenaires locaux publics comme privés dans la recherche de solutions, dont la finance carbone peut faire partie. L’étude financée dans le cadre du programme SUNREF est une première étape prenant en compte les défis spécifiques du marché mauricien », dit-il encore.

Le représentant de l’AFD maintient que « la finance carbone n’est pas une fin en soi, mais représente un instrument innovant pour mobiliser les fonds nécessaires à la mise en œuvre des actions d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, ainsi que de la préservation de la biodiversité. Il souligne qu’il reste ainsi de nombreux défis à surmonter pour en faire un mécanisme fonctionnel et vertueux : préciser l’additionnalité des projets, la qualité des crédits, l’intégrité de la demande, la transparence ou encore le partage de la valeur. »

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